Trafic d’armes, corruption, financement du terrorisme et blanchiment d’argent. La Tunisie n’en est pas épargnée…et ne l’a jamais été. Mais avec la révolution du 14 janvier 2011, le pays est devenu un véritable filon pour l’argent sale à cause de la fragilité de sa situation sécuritaire conférant une certaine impunité.

Un sujet certes hermétique mais dont les cas ont explosé après la révolution. 249 déclarations de suspicion sont parvenues à la commission tunisienne des analyses financières relevant de la Banque Centrale, cette année, dont les premiers responsables sont des personnalités politiquement exposées. La Tunisie, nouvelle niche pour le blanchiment d’argent, elle n’en est, en tout cas, pas bien loin…

Mille dossiers de corruption on été déposés depuis la révolution.

Cette année, 249 déclarations de suspicion sont parvenues à la commission tunisienne des analyses financières, cellule de renseignements financiers présidée par le gouverneur de la Banque Centrale et comprenant des membres représentant les départements de la douane et de la police, et des magistrats. Parmi ces déclarations, 119 ont fait l’objet d’une transmission au procureur de la république et 58 ont donné lieu à un gel des avoirs des personnes impliquées.

Selon les explications de Habiba Ben Salem, représentante de la commission, intervenue en marge d’un séminaire sur la lutte contre le blanchiment d’argent en Tunisie, la loi tunisienne anti-blanchiment implique que toute détection d’une opération inhabituelle doit faire l’objet d’une déclaration de soupçon auprès de la commission, de la part de l’établissement bancaire, de la compagnie d’assurance ou de l’établissement financier non bancaire auprès duquel elle est réalisée.

La commission se chargera de l’appréciation du bien fondé et, le cas échéant, du transfert du dossier au procureur de la république pour déclencher les investigations utiles et soumettre le cas au tribunal compétent.

Les récents événements du Printemps Arabe ont boosté le blanchiment d’argent dans les pays qui l’ont vécu, dont notamment, la Tunisie. En effet, les transactions douteuses vont crescendo, en fonction des événements. La Tunisie se retrouve désormais parmi les pays les plus touchés par ce genre de pratiques auprès d’Etats tels que la Suisse ou la Belgique, où elle apparaît, respectivement, en deuxième et en cinquième place des pays d’où l’argent sale est transféré.

Le blanchiment d’argent, élément des techniques de la criminalité financière, consiste à dissimuler la provenance d’argent acquis de manière illégale. Mais qui dit blanchiment, dit automatiquement trafic d’armes et de drogues, prostitution, contrebande, corruption, et bien sûr, financement du terrorisme.

D’importantes opérations sont planifiées par des groupes internationaux et régionaux terroristes, liés à Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et de grandes sommes d’argent devraient leur parvenir via la Tunisie. Nasr Ben Soltana, président du Centre tunisien des études de la sécurité globale, affirme même que « l’introduction d’armes, de drogues et d’argent par les frontières vers la Tunisie sert à financer les opérations terroristes et à soutenir les groupes terroristes dont l’activité s’est intensifiée après la révolution».

La Tunisie est-elle en passe de devenir une niche pour le blanchiment d’argent étranger ? Il y a des risques en effet pour que cela puisse être le cas.

Le ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Abderrahmane Ladgham, ne nie pas, de son côté, que de l’argent sale a servi au financement d’associations, voire de partis politiques, aux sources obscures et douteuses. En effet, certains organismes dépensent des sommes d’argent faramineuses lors de leurs campagnes, meetings et réunions de tout genre. Certaines associations, très controversées, ont des sources de financement encore inconnues, telles que les Ligues de protection de la révolution, pour ne citer que celles-ci.

Mais le blanchiment d’argent est une opération très complexe. Alors que les banques disposent de filtres anti-blanchiment vérifiant la provenance et l’identité de la personne qui se cache derrière toute entrée de devises, les opérations de blanchiment interne ou ne passant pas par le réseau bancaire échappent à tout contrôle.

La situation économique et financière, sérieusement compromise en Tunisie actuellement, peut se retrouver davantage entachée auprès des investisseurs étrangers face à la prolifération de telles pratiques. Par ailleurs, avec l’inflation galopante, l’entrée de devises étrangères, non comptabilisées à la Banque Centrale, ou alors les opérations de création de monnaie interne, non déclarées, peuvent énormément contribuer à augmenter cette inflation. Une opération qui peut également impacter la liquidité bancaire ou même engendrer la chute des prix des actions, lorsqu’il est transféré vers la bourse et retiré subitement.

Depuis des mois, on a assisté à des saisies d’armes, des quantités de drogues ainsi que de milliers d’euros dans nombreuses villes tunisiennes, dont certaines sont frontalières avec la Libye, ce qui explique l’origine des fonds. Mais il n’existe pas de réelle lutte contre le blanchiment d’argent sans combat contre ses sources de financement et les crimes qui y sont liés.

Pour éviter que la Tunisie ne devienne une niche pour les blanchisseurs d’argent, Nabil Abdellatif, président de l’Ordre des experts comptables, recommande la mise en place d’un observatoire spécifique dont la mission sera de suivre, contrôler et détecter ce genre de crimes.

Par ailleurs, des projets de loi sont actuellement en cours d’élaboration dans le but de protéger les dénonciateurs de la corruption, l’actualisation de la liste des crimes relatifs à la corruption, la criminalisation du gain illégal, et la réforme de la structure du contrôle. En attendant, l’économie accuse un coup dur et la solution semble être également politique, compte tenu des nombreux actes de corruptions qui prévalent dans le milieu politique.

Synda TAJINE

02/12/2013 19:59

businessnews.com.tn Article original

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Genève, le 4 décembre 2013

A L’ATTENTION DE MESSIEURS ET MADAME

Ӂ LE DIRECTEUR GENERAL DE LA BANQUE MONDIALE

Ӂ LA DIRECTRICE GENERALE DU FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL

Ӂ LE DIRECTEUR GENERAL DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT

ӁLE PRESIDENT DE L’UNION EUROPEENNE

ӁLE PRESIDENT DE LA CONFEDERATION SUISSE

Ӂ LE PRESIDENT DE L’ETAT DES EMIRATS ARABES UNIS

OBJET : CORRUPTION ET ABSENCE DE TRANSPARENCE DANS LA GESTION DES AFFAIRES PUBLIQUES EN TUNISIE.

Notre association Ilef est active dans la défense du consommateur et le contrôle de la gestion du denier public.

Notre association n’a pas cessé depuis des mois de dénoncer les dépassements et les dérives constatés dans la gestion des affaires publiques.

Le gouvernement de Troïka dominé par le parti islamiste Ennahda a procédé dès le début de son « intronisation » à des nominations dans l’administration afin de dominer les rouages de l’état. Les nominations purement partisanes ont contribué à la fragilisation de l’administration et sa soumission au pouvoir politique.

Avec une administration sous contrôle, le gouvernement d’Ennahda n’a pas trouvé de difficultés pour accorder des marchés publiques aux siens et à ses amis. En effet, des marchés d’importation de certaines denrées alimentaires (lait, pommes de terre, moutons) ont été accordés à des proches des responsables d’Ennahda.

Une aide financière de la Chine a été détournée par Rafik Abdessalem, ministre des Affaires Etrangères et gendre de Rached Ghannouchi, pour le compte du parti islamiste.

Le gouvernement a procédé (à titre de dédommagement de ses militants islamistes harcelés sous Ben Ali) à l’embauche de milliers de personnes dans le secteur public sans prendre en considération les besoins des entreprises ce qui a causé une charge insupportable, menaçant le bon fonctionnement.

La volonté manifeste du gouvernement de céder certaines compagnies publiques à ses amis quataris et turcs s’est illustrée par le refus d’aider ces entreprises qui constituaient les fleurons de l’économie tunisienne.

La Tunisie est devenue depuis 2 ans une des grandes places du blanchiment de l’argent et on ne cesse de remarquer l’émergence un commerce parallèle allant des produits alimentaires de base au trafic d’armes, de drogues et même d’êtres humains.

Sous Ben Ali, des hommes d’affaires se sont enrichi illégalement en s’alliant aux familles proches du président déchu. Le gouvernement Ennahda qui était censé soumettre les hommes d’affaire corrompus à la justice a mis en place un système de chantage « blanchissant » ceux qui se mettent à son service et menaçant les autres de poursuites judiciaires. Le groupe Mabrouk, appartenant au gendre de Ben Ali, a pu échapper à toutes poursuites, moyennant un accord avec Ennahda.

Le pouvoir juridique gangrené par des nominations partisanes et un chantage incessant contre les juges rebelles n’a pas pu faire face à la généralisation de la corruption et la réinstallation d’un système mafieux.

Le gouvernement a alloué un budget plus important au ministère des Affaires Religieuses qu’à la recherche par exemple, démontrant son incapacité à gérer un état laïque et l’absence d’une vision stratégique pour l’avenir du pays.

Madame, Messieurs, nous nous inquiétons pour notre pays car la gestion douteuse des affaires publiques et la corruption rampante menacent la stabilité de la Tunisie, surtout dans le climat régional instable.

Madame, Messieurs, avant d’accorder des prêts, des dons ou de restituer des fonds, nous vous invitons à exercer des pressions sur ce gouvernement afin qu’il mette fin à ses agissements et entamer un processus pour assainir le milieu de la gestion des affaires publiques et traduire les fautifs devant la justice.

Nous vous remercions d’avance pour votre aide et vous prions, Madame, Messieurs, d’agréer nos salutations les meilleures.

Pour L’Observatoire National ILEF Pour la Protection du Consommateur et du Contribuable,

Son Président,

Maître AbdelJelil Dhary

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