La Crimée vote à l’ombre des canons des tanks russes.

Alors que le référendum controversé se déroule, ce dimanche 16 mars, le gouvernement intérimaire d’Ukraine a affirmé samedi que ses forces avaient repoussé une opération militaire russe, visant à envahir Strikove, dans la province de Kherson, adjacente à la Péninsule. Cette province a une grande valeur stratégique, du fait qu’elle est la source de l’eau et des centrales électriques alimentant la Crimée, que Kiev pourrait donc menacer d’interrompre. Mais ce n’est valable qu’en théorie, parce qu’alors Moscou pourrait tout aussi bien répliquer en coupant l’afflux de gaz à Kiev.

L’assertion de Kiev concernant un engagement militaire contre les Russes est presque aussi crédible que son compte-rendu sur les 80.000 soldats de troupe russes massés aux frontières de la Crimée et prêts à envahir des zones supplémentaires de l’Est de la Crimée, dès lundi , le jour d’après le référendum. Le Parlement par intérim a, de même, été convoqué à une session d’urgence, lundi à 10 h.

Les sources militaires de Debkafile mentionnent que cette configuration est largement exagérée. Il n’y a aucun signe d’une invasion russe imminente ; pas plus d’un rappel de réserves pour soutenir ou remplacer les unités russes stationnées en permanence dans les zones proches de la frontière ukrainienne. La seule posture inhabituelle de l’armée russe, dans les jours précédant le référendum, a consisté à mener des manœuvres militaires et à maintenir en mouvement les petites unités y prenant part – de façon à créer l’impression que de vastes déplacements de troupe étaient en cours. Des convois de 10 à 15 véhicules blindés ont fait de nombreux allers-retours, qui paraissaient plus massifs qu’ils ne le sont en réalité, lorsqu’on les a filmés.

Ces mouvements sont destinés à accentuer la pression psychologique pour dissuader Kiev et l’Occident de concevoir tout plan qu’ils pourraient envisager pour interrompre le referendum ou interférer dans ses résultats.

La seule action militaire flagrante de Moscou, à la veille du vote, s’est déroulée vendredi 14 mars, lorsqu’une unité de cyberguerre russe a intercepté un drone américain MQ-5B Hunter à 12.000 pieds au-dessus de la péninsule de la Crimée, en faisant usage de technologie radio-électronique, de façon à interrompre ses liaisons avec ses opérateurs américains au sol. Le drone a pu être amené à terre quasiment intact.


Le MQ-5B Hunter américain capturé par les Russes.

Cette capture a constitué un avertissement du Président Vladimir Poutine à Washington, lui intimant de ne pas s’y impliquer. L’opération a souligné le message que le Ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov a transmis au Secrétaire d’Etat américain John Kerry, lorsqu’ils se sont rencontrés à Londres, vendredi, et qui était : « Nous devons respecter la volonté du peuple de Crimée, au cours du référendum à venir » – signifiant que cette volonté est de rejoindre la Russie.

Kerry a répété le message d’Obama, que les Etats-Unis considéreraient ce référendum comme illégal et n’accepteraient pas ses résultats.

Après s’être entretenus durant six longues heures, les deux Ministres se sont avérés incapables de combler le fossé qui les sépare. Ils n’ont pu que se mettre d’accord pour reprendre leur dialogue lundi, alors que le vote sera passé, que les intentions de Poutine seront connues, concernant la Crimée et quand les institutions européennes auront voté des sanctions très limitées pour punir la Russie de son ingérence.

Après quoi, les deux grandes puissances pourraient prendre de nouvelles mesures pour tenter de trouver un compromis pour l’Ukraine. Pendant ce temps, aucun des deux ne fait de quartier. Samedi soir, les USA ont posé sur la table du Conseil de Sécurité des Nations-Unies une nouvelle résolution, déclarant ce référendum invalide et exhortant les pays membres à ne pas en reconnaître les résultats. Comme prévu, la Russie a mis son veto et la Chine s’est abstenue. L’Ambassadrice américaine à l’ONU, Samantha Power a déclaré, sans doute pour se consoler, que ce vote mettait en lumière l’isolement de la Russie.

Dimanche, les habitants de Crimée se préparaient à voter, sans obstacle discernable pour les dissuader de le faire. Nos sources militaires n’ont constaté aucun indice de préparation militaire inhabituelle, chez les voisins européens de l’Ukraine, dans les bases américaines du continent, ni même au sein de l’armée ukrainienne. Personne n’est certain, en Occident, de la proportion de ses commandants qui obéiront au gouvernement intérimaire, au moment crucial et s’ils transmettront ses ordres à leurs soldats.

Partiellement à cause de cette incertitude qui pèse, le Président Barack Obama a rejeté les demandes du Premier Ministre ukrainien Arseniy P. Yatsenyui, au cours de sa visite à la Maison Blanche, mercredi 12 mars, lorsqu’il a requis des armes américaines et une aide financière au profit de ses forces armées. Il souhaitait aussi un accès à la couverture des mouvements de l’armée russes par les services de renseignements américains. L’aventure du drone Hunter a pu refroidir ces velléités…

Tout ce que le Président américain était prêt à offrir, c’étaient des boîtes en fer de rations pour les troupes ukrainiennes. S’ils n’obtiennent rien de plus, au moins ne mourront-ils pas de faim…

Mais l’une ou l’autre de ces forces actuellement en suspension peut craquer et se lancer dans une action imprévue, au cours du référendum ou juste après sa clôture…

DEBKAfile Reportage spécial 15 mars 2014, 10:41 PM (IST)

debka.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski

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