Il y a quelques semaines à peine, le 24 août dernier, le Premier ministre a publié deux circulaires visant à améliorer la prise en compte de l’égalité entre les femmes et les hommes dans l’action publique. . Il y est réaffirmé l’exigence d’équilibre des nominations aux emplois dirigeants de l’Etat.

Cette question, régulièrement évoquée par les candidats aux diverses élections nationales, au même titre que le cumul des fonctions , devient un enjeu majeur dans le monde du travail.

Mais ce sujet interpelle aussi désormais les grandes institutions et même les associations.

Le Parlement européen a récemment estimé qu’il y avait trop de cadres masculins à la tête de la BCE ( Banque Centrale européenne ) avec le risque d’un Conseil des gouverneurs 100 % masculin , à l’horizon 2018.

Dans la mesure où ce problème préoccupe les leaders politiques français et même européens , certains y voient une perte de crédibilité à une modernisation rendue inéluctable par l’ouverture des mentalités.

En somme, cette volonté affirmée de parité , n’est rien d’autre que la concrétisation d’un mouvement d’émancipation progressif des femmes visant à dépasser le rôle traditionnel dévolu à ces dernières en leur qualité d’épouses et de mères pour leur accorder une fonction valorisante au sein des administrations et des entreprises.

Forts de cette constatation, nous sommes en droit de nous interroger pour savoir si une telle démarche s’est développée dans nos associations communautaires juives , sous la forme de la parité ou tout simplement de complémentarité.

Si la femme occupe une place privilégiée dans le cadre de la famille , elle peut tout aussi bien exercer des fonctions gratifiantes dans d’autres secteurs , professionnels ou associatifs.

En fait, le système des cooptations ,légales ou de facto, a longtemps freiné l’entrée des femmes dans les instances communautaires et je me souviens du tollé soulevé, lorsque j’ai initié l’ intégration des femmes dans les listes électorales du Consistoire de Paris.

C’était il y a une quinzaine d’années et cet événement avait pris des allures révolutionnaires , ou à tout le moins historiques.

Certes, il n’était pas question de transgresser certaines règles millénaires, mais de tirer parti des qualités inhérentes à la condition féminine ( ce fameux sixième sens !!) et à leurs indéniables compétences dans le domaine de l’éducation, de la culture, de la communication.

Mais aussi de bénéficier de leurs qualités professionnelles en matière de droit, de finances, de pédagogie, de communication , etc..

Je ne vois pas pour quelle obscure raison on se priverait de semblables valeurs , enrichissant le débat communautaire, sans porter atteinte, de quelque manière que ce soit, à certains conformismes religieux.

Mais, qu’en est-il en ce début d’année 5773, au niveau de nos grandes institutions ?

2 femmes sur 9 siègent au Bureau Exécutif du FSJU : Régine KONCKIER et Laurence BOROT, soit 22 %. Une femme sur 11 fait partie du B.E. du CRIF : Nathalie COHEN-BEIZERMANN, soit 9 %.

2 femmes sur 15 font partie du conseil de la Fondation CASIP-COJASOR : Béatrice ROSENBERG et Nicole GUEDJ, soit 13 %.

Quant au Consistoire Central qui vient d’élire son Bureau, il ne compte aucune femme , en dépit des engagements électoraux.

J’ai fait entendre mon point de vue – sans succès , malheureusement ! – en soulignant que le fait d’inclure des femmes dans le Bureau du Consistoire Central aurait constitué un signal fort et symbolique.

Ces pourcentages dans nos associations restent assez faibles , en valeur absolue et notamment , en les rapprochant des statistiques des élus , pour ne prendre que quelques exemples :

• 35,8 % des conseillers municipaux au scrutin de mars 2008 sont des femmes

• 48,3 % des conseillers régionaux au 31 décembre 2010 sont des femmes

• 14,2 % des maires au 31 décembre 2010 sont des femmes .

Ces chiffres sont significatifs de l’effort qui reste à accomplir .

On s’accorde généralement à dire que le thème de la parité renvoie à un choix de société : Ou bien on admet que les femmes ont autant de qualités que les hommes , leur permettant d’occuper des postes de responsabilité et de gestion, ou bien on sous-évalue leurs potentiels et on leur ferme les voies d’accès à des fonctions de direction.

Même si la gestion des affaires communautaires comporte des restrictions religieuses, il ne saurait être question aujourd’hui de brandir des faux prétextes pour les écarter d’un processus d’émancipation qui a fait ses preuves.

Nombreuses sont les femmes qui dépassent largement les hommes par leur intelligence, leur sensibilité, leur bon sens, leur perspicacité et leur finesse, autant de vertus que les matriarches Sarah, Léa, Rachel et Rebecca ont incarné et dont les femmes actuelles sont largement pourvues.

Moïse Cohen
Président d’Honneur du Consistoire de Paris

TAGS : Parité France Communauté Juive Consistoire FSJU Casip Cojasor

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Molef

A Yacotito chalom ,
Vos commentaires et réponses sont un vrai régal pour les amateurs de la bonne pensée , de la langue française et de l’orthographe irréprochable , merci .
Ephraïm – Jérusalem .

yacotito

Je suis d’accord avec l’auteur sur l’intérêt que nous avons tous à avoir des femmes dans les instances dirigeantes.
Je n’irai pas jusqu’à dire que, je cite « Nombreuses sont les femmes qui dépassent largement les hommes par leur intelligence, leur sensibilité, leur bon sens, leur perspicacité et leur finesse ». Je dirai volontiers que l’intelligence ne dépend pas du sexe, que les femmes ont souvent néanmoins une vision différente de la notre, vision qui peut apporter un éclairage enrichissant. il ne faut pas tomber dans l’excès inverse, dans la discrimination positive.

Une raison qui fait qu’il y a plus d’hommes que de femmes dans les postes de responsabilité est simplement que le hommes se déchargent souvent sur elles des travaux de maison, de l’éducation des gosses et surtout qu’elles portent nos enfants. C’est aussi le poids du passé, car depuis la nuit des temps le travail hors de nos demeures dépendait de la force physique. Ce n’est plus vrai de nos jours.
Les femmes qui ont du tirer leur épingle du jeu dans un monde dirigé par des hommes, ont du développer des compétences spécifiques de communication, de négociation, voire de manipulation. ce sont ces particularités dont elles peuvent nous faire profiter et qui souvent complètent les nôtres. Pourquoi s’en priver ?

Lorsqu’un problème se pose, ce qui compte c’est qu’il soit résolu à l’avantage de notre groupe, denotre peuple, et surtout pas qui trouve la solution. Le contraire relèverait d’un machisme ou d’un hembrisme navrant.

Nota: hembrisme: Une femme qui se croit se croire supérieure à l’homme car féminine sera une hembra.
(hembra veut dire femelle en espagnol, comme le mot macho en espagnol signifie mâle.
Je n’ai pas de mérite, cela vient du dictionnaire.