© 2009 AFP (Ali Rafiei)
La presse conservatrice iranienne a fustigé dimanche le rôle des pays étrangers dans le mouvement de contestation post-électoral, au lendemain de la comparution à Téhéran d’une Française et de deux employés des ambassades de France et de Grande-Bretagne.La presse conservatrice iranienne a fustigé dimanche le rôle des pays étrangers dans le mouvement de contestation post-électoral, au lendemain de la comparution à Téhéran d’une Française et de deux employés des ambassades de France et de Grande-Bretagne.

« Dans l’acte d’accusation, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont été désignés comme les soutiens (de la tentative de) renversement en douceur » du pouvoir islamique, affirme le quotidien conservateur modéré Tehran-e-emrouz, en référence aux manifestations contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin.

La presse publie largement des photos de la Française Clotilde Reiss, qui a comparu samedi pour la première fois depuis son arrestation le 1er juillet, au côté d’une dizaine de personnes jugées pour leur rôle dans les plus graves émeutes qu’ait connu la République islamique.
Une employée locale de l’ambassade de France, Nazak Afshar (2eG)d evant le tribunal révolutionnaire iranien à Téhéran, le 9 août 2009

Les journaux reprennent dimanche les déclarations devant le Tribunal révolutionnaire de Téhéran de la jeune lectrice de français à l’université d’Ispahan, qui a déclaré avoir rédigé un rapport sur des manifestations pour un institut dépendant de l’ambassade de France, et demandé pardon, selon l’agence Irna.

Elle est accusée d’avoir « rassemblé des informations (sur les manifestations) et encouragé les émeutiers », selon Irna.

« L’ambassade britannique, siège du commandement du coup d’Etat » contre le régime islamique, titre en une le quotidien gouvernemental Iran.

« Les diplomates britanniques ont participé à des rassemblements et des affrontements », accuse encore le journal, qui publie en Une un cliché de l’Iranien Hossein Rassam, qui était le principal analyste politique de l’ambassade de Grande-Bretagne.

La photo le montre en train de se défendre samedi devant le Tribunal révolutionnaire de Téhéran, qui l’a inculpé d’espionnage.

Lors du procès, il a dit avoir mis en contact des diplomates britanniques et des responsables de l’opposition, notamment des membres du bureau de campagne de Mir Hossein Moussavi, candidat devenu depuis sa défaite la figure de proue de la contestation.
Un employé local de l’ambassade britannique en Iran, Hossein Rassam, le 9 août 2009 devant un tribunal à Téhéran

« Les diplomates britanniques étaient en contact permanent avec le bureau de campagne de Moussavi », affirme pour sa part le quotidien ultraconservateur Kayhan, des accusations partagées par les deux journaux conservateurs Vatan Emrouz et Javan. Ce dernier évoque une tentative de « révolution de velour » que des pays occidentaux auraient soutenue.

« Londres (était) le siège du commandement des troubles à Téhéran, avec la participation de Washington et Tel Aviv », écrit-on dans Kayhan. Neuf employés locaux de l’ambassade britannique ont été brièvement arrêtés après l’élection.

Tehran-e-emrouz reprend aussi en Une les accusations lors du procès contre Facebook et Twitter, accusés d’avoir « facilité » les contacts entre les manifestants. Le journal ajoute que les chaînes de télévision américaine CNN et britannique BBC ont été également accusés d’avoir joué un « rôle clé dans la poursuite des troubles ».

Le journal rapporte en outre, en citant l’accusation, que « deux employés locaux de l’ambassade allemande ont lancé une pétition pour demander la venue du secrétaire général de l’ONU à Téhéran » pour soutenir l’opposition.

Une centaine de personnes ont comparu depuis le 1er août pour leur rôle dans les émeutes, lors d’audiences que la presse étrangère n’a pas le droit de couvrir, et qui ont été critiquées par les capitales occidentales.
Le tribunal révolutionnaire de Téhéran, le 8 août 2009, lors du procès des manifestants du mois de juin

Sur le banc des accusés, figurait également samedi Nazak Afshar, une Iranienne travaillant pour l’ambassade de France.

La présidence suédoise de l’Union européenne a estimé que le procès de samedi était un acte contre l’ensemble de l’UE qui sera « traité en conséquence ».

Une trentaine de personnes ont péri dans les émeutes, selon un bilan officiel.

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