Quelles retombées de la crise ukrainienne sur les négociations nucléaires avec l’Iran ?

WASHINGTON (JTA) —Les puissances mondiales menant un nouveau cycle de négociations sur le nucléaire iranien, qui débutera la semaine prochaine, sont divisées sur un autre sujet d’importance géostratégique : la crise en Ukraine.

Bushehr, de fabrication russe, le 21 août 2010. (Iran International Photo Agency via Getty Images)

Les tensions s’accroissent, entre la Russie et l’Occident, à cause de la prise de contrôle militaire russe sur la Péninsule de Crimée. Les Etats-Unis et les pays européens menacent d’imposer des sanctions.

Les experts en politique étrangère, cependant, disent qu’il y a peu de probabilité que la crise en Ukraine provoque une fracture dans l’alliance internationale, qui préside aux négociations avec l’Iran. Les enjeux visant à empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire sont, tout simplement, trop élevés pour que la Russie instrumentalise ce problème comme un levier pour faire céder l’Occident (en Ukraine), affirment-ils.

“La Russie a une politique rationnelle, je ne pense pas qu’ils aimeraient voir aboutir un nouvel empire nucléaire islamique dans leur flanc Sud”, affirme Eldad Pardo, expert de l’Iran à l’Institut de Recherche Harry S. Truman pour les progrès de la Paix, de l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Le nouveau cycle de pourparlers entre l’Iran et les six principales puissances mondiales débutera le 17 mars à Vienne.

Pour le Président russe Vladimir Poutine, le point essentiel à prendre en considération, dans ces négociations, serait la menace d’un Islam fondamentaliste que la Russie perçoit se dessiner le long de ses frontières du Sud, déclare Michaël Adler, un universitaire travaillant sur l’Iran, au Centre International Woodrow Wilson de Washington.

“La Russie s’inquiète de l’influence en expansion du fondamentalisme islamique dans la région, et l’Iran peut être un vecteur de ce mouvement général », dit-il. « L’idée que ce vecteur puisse devenir nucléaire est totalement inacceptable ». Adler suggère que la Russie peut devenir plus agressif sur le point de la réduction des sanctions sévères que les Etats-Unis appliquent à l’Iran pour des motifs économiques »>Article original, mais qu’elle ne va probablement pas abandonner son engagement envers les sanctions du Conseil de Sécurité de l’ONU.

“La Russie n’est pas très contente, à propos des sanctions bilatérales, mais n’a pas reculé, en ce qui concerne les sanctions multilatérales. La Russie veut créer des problèmes aux Etats-Unis »>Article original, mais sur chaque point, dès qu’il est question des sanctions de l’ONU, la Russie resserre les rangs ».

Alireza Nader, un analyste iranien de la Rand Corp., pense, en revanche, que la Russie est bien capable de se servir du problème iranien et des négociations sur le nucléaire, comme un moyen de pression et un levier pour tirer son épingle du jeu dans la crise ukrainienne. Par exemple, suggère t-il, elle pourrait mettre fin à son engagement de ne pas vendre de systèmes anti-aériens sophistiqués (S-300, Iskander, etc.) à ce pays, ou pourrait faciliter le commerce bilatéral le long de sa frontière avec l’Iran. Mais il souligne néanmoins qu’à terme, la Russie a un intérêt particulier à ce qu’on empêche l’Iran d’obtenir la bombe.

“La Russie ne veut pas de ce genre de prolifération nucléaire dans son voisinage”, pense Nader. « Il s’agit d’un problème de sécurité nationale, pour eux comme pour d’autres ».

La crise en Ukraine a aussi déclenché des questions pour savoir si la Russie mènera des représailles contre l’Occident en se servant de son influence en Syrie (éventuellement contre Israël).

Le démantèlement des capacités en matière d’armes chimiques de la Syrie, qui fait partie d’un accord négocié par la Russie, pour éviter une frappe américaine en Syrie, l’an dernier, s’est ralenti , alors que les négociations entre le régime Assad et ses opposants sont sur le point de s’effondrer. Les responsables de l’Administration Obama ont reconnu leur dépit, à propos de ce qu’ils perçoivent comme un niveau largement insuffisant de pression que la Russie exerce sur le gouvernement syrien, bien que ce laxisme russe ou plutôt cette collaboration ouverte date de bien avant la crise ukrainienne et qu’on n’observe pas de changement particulier depuis.

“C’est une zone où je pense que la Russie a un intérêt propre à démontrer que quoi qu’il arrive, il n’agit pas pour faire une faveur aux Etats-Unis », a déclaré l’Adjoint au Secrétaire d’Etat William Burns, le 6 mars, lors d’une audition de la Commission des affaires étrangères du Sénat, en faisant référence au démantèlement des armes chimiques syriennes.

Les Sénateurs ont questionné Burns pour savoir si la Russie se servirait de la Syrie comme d’un moyen de pression dans son jeu de cartes ukrainiennes. « L’Ukraine est le gorille qui pèse lourd en ce moment et personne ne peut l’ignorer, pas plus que nous ne pouvons ignorer que la Russie est le dénominateur commun entre ces deux pays », a dit le Sénateur Robert Menendez (Démocrate, N-J), président de la commission à Burns, en mentionnant aussi bien la Syrie que l’Ukraine.

Le véritable danger sur le long terme, que représente la crise ukrainienne, c’est qu’elle pourrait éroder la position des Etats-Unis en tant que puissance mondiale prédominante, selon Pardo, et c’est ainsi qu’elle pourrait avoir, à termes, des répercussions au Moyen-Orient.

“Au Moyen-Orient, l’image d’Obama n’est plus du tout celle d’un allié fiable sur qui compter”, dit-il. « En Egypte, avec le renversement de Moubarak, en Syrie, et en 2009, où l’Amérique s’est bien abstenue de soutenir les libéraux en Iran NDLR : ce qui a permis l’avènement d’une marionnette comme Rouhani, passant pour le modéré qu’il n’est pas »>Article original. Lorsque vous vivez avec une telle image, vous souffrez d’un déficit de crédibilité, quant au niveau de votre fiabilité ».

Abraham Diskin, professeur émérite de sciences politiques de l’Université Hébraïque, pense que Poutine devrait, actuellement, être le parti faible (sur la défensive), dans le conflit qui l’oppose à l’Administration Obama, mais qu’en fait, il apparaît plus triomphant que jamais.

“Poutine est, définitivement, un individu qui est, de loin, le plus faible des deux, si vous regardez les ressources de la Fédération de Russie et ses capacités militaires », explique Diskin. « Il devrait avoir peur de faire ce qu’il est en train de faire, mais ce n’est pas du tout le cas, parce qu’il sait qu’il combat des tigres de papier ».

Pendant ce temps, du fait de ces pourparlers nucléaires sur le point de reprendre, le Premier Ministre israélien, Binyamin Netanyahu continue de défendre la position disant que des sanctions plus fermes contre l’Iran sont absolument nécessaires, si on veut avancer sur ce dossier. La semaine dernière, Israël a capturé un navire bourré de missiles M-302 Article original, en provenance d’Iran, vers la Bande de Gaza, démontrant à quel point on ne peut faire aucune confiance à l’Iran.

Par Ron Kampeas 11 mars 2014 1:08pm

Source : jta.org Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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Richard

si vous acheter une tablette pc, n’achetez pas android…excusez moi pour les erreurs de frappe.

Richard

Je prefere nettement cette article, qu’un precedent. Maintenant, que la Russie comme les usa et l’Europe arrete de jouer a « je te tiens, tu me tiens par la barbichette » parce qu’ils ne rentent pas compte qu’a ce jeu la, leur barbe pousse…..