Abigail Radoszkowicz (JERUSALEM POST – EDITION INTERNATIONALE (16 Février 2001))

Pour l’honneur d’Allah By Abigail Radoszkowicz

JERUSALEM POST – EDITION INTERNATIONALE (16 Février 2001)

Traduction française par Menahem Macina pour CJE

Voir version anglaise originale traduction française par Menahem Macina pour CJE

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14 février 2001 – Abigail Radoszkowicz a rencontré le cheik Abdul Hadi Palazzi, un universitaire musulman italien iconoclaste, qui croit que le droit juif sur la terre d’Israël est inscrit dans le Coran. « Et ensuite Nous avons dit aux Enfants d’Israël: ‘Habitez en sécurité dans la Terre Promise. Et quand le dernier avertissement se produira, nous vous rassemblerons en une foule composite’ « .

Vous ne parvenez pas à vous souvenir de ce verset précis de l’Ecriture, que ce soit dans l’Ancien ou dans le Nouveau Testament? C’est parce qu’il est tiré du Coran (17:104, Le Voyage Nocturne).

Il est rare qu’en plein conflit arabo-israélien, on entende des passages coraniques qui pourraient être interprétés comme fournissant une justification islamique à l’établissement d’un Etat juif en Israël. Aussi, le message d’un Imam (ecclésiastique musulman) en visite à Jérusalem, la semaine dernière – selon lequel le maintien de la souveraineté juive actuelle sur le Mont du Temple ne pose aucun problème théologique tant que les droits religieux des musulmans sont sauvegardés, et que le Sionisme est la réalisation d’une prophétie coranique – a-t-il stupéfié beaucoup de ceux qui l’ont entendu.

Le cheik et professeur Abdul Hadi Palazzi, secrétaire général de l’Association Musulmane Italienne et vice-Président de l’Association de l’Amitié Islam-Israël, « la Racine et le Sarment » – qui encourage l’étude et la pratique des enseignements juifs universels – le croit fermement. Si fermement, d’ailleurs, qu’il est arrivé la semaine dernière, alors que l’ « intifada d’al-Aksa » fait toujours rage, comme principal intervenant à la Conférence sur Jérusalem, organisée par l’association, qui se tenait dans les locaux du Conseil de la Ville de Jérusalem.

Dans son discours, Palazzi a plaidé en faveur du maintien de la souveraineté d’Israël sur Jérusalem, en faisant remarquer que la sainteté de Jérusalem dans l’Islam provenait de deux sources: C’est la ville des prophètes bibliques pré-islamiques et également révérés par l’Islam (les rois David et Salomon), et c’est l’emplacement du Dôme du Rocher d’où Mohammed est monté au ciel (Le Voyage Nocturne). Durant sa visite, Palazzi a été reçu également par le Président Moshe Katsav et une délégation comprenant le député druze du Likud, Ayoob Kara; le Cheik Abdul Aziz Bukhari, habitant de Jérusalem-Est, qui dirige l’Ordre Soufi de Nakshbandi ainsi que la Communauté musulmane d’Ouzbékistan en Israël; et Zuhair Hamdan, habitant de Sur Baher qui prétend avoir collecté 10.000 signatures de ses concitoyens arabes de Jérusalem, pour une pétition exigeant un référendum avant que leurs secteurs soient transférés à l’Autorité Palestinienne.

A l’occasion de l’élection de Katsav, Palazzi avait adressé à ce dernier une lettre de félicitations, dans laquelle il suggérait que si Israël gardait sa foi et ses commandements religieux, il triompherait dans sa lutte historique pour la survie. Questionné sur le point de savoir si, en devenant plus observant, Israël sera mieux agréé de ses voisins musulmans, Palazzi répond : « s’il y a un attachement sincère aux valeurs religieuses, particulièrement dans le cas du Judaïsme et de l’Islam, avec leurs liens uniques, alors la paix devient davantage qu’un rapport entre deux cultures. Une base religieuse de compréhension est plus efficace et stable qu’une base d’opportunisme politique, parce qu’elle exige de se comporter en être humain envers un autre être humain devant Dieu. »

Palazzi, âgé de 40 ans, a été élevé en Italie par une mère musulmane dont le grand-père avait émigré d’Alep Syrie »>Article original et d’un père italien converti à l’Islam. Il a un doctorat en sciences islamiques, décerné par le grand Mufti d’Arabie Saoudite; il a étudié à l’université d’Al-Azhar au Caire, et occupe actuellement la fonction d’Imam de la Communauté Islamique italienne. Depuis 1991, il dirige l’Institut Culturel de la communauté, qui favorise l’éducation islamique en Italie, combat le fondamentalisme et le fanatisme islamiques, et préconise le dialogue interreligieux.

Pour Palazzi, le pluralisme commence à la maison. Il est marié à une catholique, et ils élèvent en musulman leur fils Omar, deux ans. Palazzi enseigne également à l’Institut de Recherche Anthropologique de Rome, après avoir été antérieurement maître de Conférence en histoire religieuse à l’Université de Velletri, à Rome.

Quand on lui demande comment lui sont venues ses conceptions, Palazzi estime qu’en plus de son éducation universitaire traditionnelle sunnite, sa situation de minorité dans sa patrie doit l’avoir également influencé. De fait, bien des choses, dans le caractère de Palazzi, ressemblent à l’expérience de l’acquis culturel mélangé du Juif de Diaspora. Son comportement chaleureux et positif est caractéristique des maîtres soufis – le Soufisme est une dimension et une discipline mystique de l’Islam, rejetée par certains musulmans comme trop ésotérique par rapport à des enseignements plus orthodoxes ­ mais, dans son cas, tout cela se conjugue à un goût italien pour la belle vie.

Palazzi cite des passages du Coran qui prouvent que la terre d’Israël a été donnée aux Juifs, et que les Juifs seront ramenés en Israël avant la fin des temps, comme par exemple : « Rappelez-vous les paroles de Moïse à son Peuple les Enfants d’Israël »>Article original… Entrez, mon Peuple, dans la Terre Sainte que Dieu vous a destinée. Ne vous détournez pas au point de tout perdre. »

Il n’est pas étonnant que Palazzi soit critiqué par une partie de ses coreligionnaires en raison de son interprétation messianique de tels passages. Une musulman libéral qui vit à Jérusalem et préfère ne pas s’identifier, reproche à Palazzi d’aller trop loin en s’écartant du consensus musulman courant.

Mais Palazzi réplique à cela que son point de vue reflète plus étroitement l’Islam traditionnel que l’Islamisme politisé d’aujourd’hui. Tout en reconnaissant que le consensus est un concept important dans l’Islam, il explique que « consensus » signifie que « les érudits islamiques majeurs de par le monde n’ont aucune objection face à une position spécifique – ce consensus »>Article original ne constitue pas un référendum de la pensée populaire ». C’est pourquoi, dit-il, il n’a pas été l’objet de menaces de la mort. Rien de ce qu’il affirme n’est hérétique, et nul ne peut controverser ses vues – ni sur le plan de la théologie, ni sur celui de la tradition. Bien qu’il soit, comme il dit, hors du consensus courant, il n’est pas totalement à l’écart des cercles religieux.

En fait, Palazzi n’est pas la seule voix islamique à s’exprimer ouvertement en faveur d’Israël. Il est rejoint, ici et à l’étranger, par beaucoup de maîtres Soufis. Le Cheik Soufi Mehmet Selim, en Turquie, a même dit qu’Israël mérite l’admiration pour sa défense fidèle des droits de l’homme. Mais alors que le Soufisme peut être considéré comme marginal, ce n’est pas le cas du monde musulman non arabe, dont, entre autres, la Malaisie et l’Indonésie, ainsi que la Turquie elle-même. Et Palazzi de signaler que, dans ces pays, ses vues ne sont pas considérées comme entièrement anormales. Le Président indonésien Abdurrahman Wahid, qui est aussi un éminent savant musulman, s’est déclaré en faveur d’une amélioration des liens de son pays avec Israël.

Palazzi admet aussi la remarque selon laquelle les gouvernements comme ceux d’Egypte et de Turquie favorisent la tradition soufie de spiritualité et de mystique apolitiques afin de contrecarrer l’islamisme. L’inverse est également vrai, dit-il; les pays ayant une forte tradition soufie, comme la Turquie, ont été les moins réceptifs à ce que l’on appelle « l’Islam fondamentaliste », ou « l’Islamisme. »

Palazzi se dit encouragé par les conceptions de l’Islam traditionnel (par opposition à ce qu’on appelle aujourd’hui « l’Islam fondamentaliste » ou « islamiste ») provenant des républiques musulmanes de l’ancienne Union Soviétique. En effet, le credo de la nouvelle université islamique de Tashkent, tel que le décrit dans ses grandes lignes Islam Karimov, Président de l’Uzbekistan, a tout sauf une tonalité islamiste:  » Le but de l’université est »>Article original de cultiver l’étude de notre religion dans une perspective large et humanitaire, en tenant compte des développements des sciences naturelles et de la civilisation du monde. Nous avons l’intention d’apporter une noble contribution au développement de la morale et de l’éthique, et de renforcer la paix et la stabilité dans notre pays et dans le monde entier, par des sentiments qui stimulent l’amour et le respect mutuels entre les peuples ».

Il y a une génération, même certains secteurs du monde arabe musulman étaient plus disposés qu’ils ne le sont aujourd’hui à faire preuve de souplesse dans leurs rapport avec Israël. Quand le défunt Président égyptien Anwar Sadate a réalisé son voyage de paix à Jérusalem, en novembre 1977, il était accompagné du cheik Sha’rawi, l’ancien mufti révéré d’Egypte qui avait démissionné de sa fonction publique pour se consacrer à l’étude du Soufisme.

Par cet acte, Sha’rawi, autorité islamique universellement reconnue, a contredit l’affirmation selon laquelle la paix avec Israël était impossible d’un point de vue islamique. En priant avec Sadate à la mosquée d’al-Aksa, il est allé à l’encontre des appels de dirigeants musulmans à s’abstenir de s’y rendre tant qu’elle sera sous autorité juive. L’influence de Sha’rawi était si forte qu’elle a même obligé le mufti d’Arabie Saoudite à déclarer qu’un traité de paix avec Israël est permis tant qu’il sert les intérêts musulmans.

Mais tout a changé avec la mort de Sha’rawi, et l’assassinat de Sadate. L’organisation terroriste du Hamas, qui fait obédience à l’autorité religieuse du mufti d’Arabie saoudite, a tiré profit de l’échappatoire que contenait sa décision tant que (ce traité de paix) sert les intérêts musulmans »>Article original, et proclame maintenant que le développement de relations pacifiques avec Israël ne sert plus les intérêts musulmans.

Selon Palazzi, les chefs religieux politisés d’aujourdhui, particulièrement les prédicateurs charismatiques populaires, sont généralement loin d’être des savants. Souvent ils n’ont aucune certification, ni au sens traditionnel des relations »>Article original maître-disciple, ni en ce sens qu’ils n’ont jamais fréquenté des établissements d’études islamiques. Palazzi évoque une interview d’Ahmed Yassin par le journal al-Quds, au cours de laquelle ce dirigeant charismatique du Hamas révéla qu’il n’avait jamais étudié au delà de l’école primaire, et que son titre de « cheik » était uniquement honorifique, en raison de son âge et de sa position.

Palazzi se réfère également au refus de Ikramah Sabri, le Mufti de Jérusalem appointé par l’Autorité Palestinienne, d’admettre qu’un temple juif ait jamais existé sur le Mont du Temple. Ce qui, ajoute-t-il dit, constitue un cinglant affront à la tradition islamique.

L’Imam Qurtubi, l’homologue islamique du commentateur juif Rashi, cite un ancien commentateur – l’Imam Tabari – qui se référait à la réponse du Prophète Mohammed à la question d’un disciple concernant les ruines du célèbre Temple juif. Qurtubi a mis par écrit les paroles de Tabari sur la destruction du Temple, lesquelles correspondent point par point aux récits bibliques de la destruction du Temple par les Babyloniens, de sa reconstruction, et de sa destruction finale par les Romains.

Palazzi estime que Sabri a été un laquais de l’OLP avant sa nomination au poste qu’il occupe actuellement mufti de Jérusalem). De fait, Sabri s’était plaint auprès du directeur de la mosquée de Rome, à propos de Palazzi et des vues peu communes qu’il avait exprimées en tant que représentant musulman à une conférence de 1996 sur Jérusalem, qui s’était tenue dans cette ville. Palazzi avait demandé au directeur de la mosquée de communiquer à Sabri son adresse et son numéro de fax, pour permettre à ce dernier de s’adresser directement à lui – mais Palazzi attend toujours des nouvelles Sabri. Palazzi précise que c’est la secte des Wahabites, qui règnent en Arabie Saoudite, qui est responsable de la politisation de l’Islam qui prévaut au Proche-Orient et dans une grande partie du monde islamique. Il qualifie les Wahabites, autrefois une tribu de Bédouin nomades, de « lettrés primitifs ». Il en veut pour preuve l’exemple de deux princes saoudiens qui accompagnèrent des astronautes dans une mission de la NASA, il y a dix ans, afin de témoigner officiellement, devant un tribunal religieux islamique »>Article original, de ce que véritablement la terre n’est pas plate. Et il affirme que le Wahabites ont fait d’énormes efforts pour transformer la religion de l’Islam en une idéologie politique totalitaire.

Les Wahabites eux-mêmes ont été flétris comme hérétiques par des centaines de fatwas, avant les Anglais ne leur confèrent la suprématie et les aident à prendre le contrôle de La Mecque et de Médine. Investis de la puissance matérielle par leur richesse pétrolière, et de la puissance spirituelle par le contrôle qu’ils exercent sur les lieux saints majeurs de l’Islam, l’Arabie Saoudite – et les Frères Musulmans qu’elle appuie – exercent une influence énorme sur le monde musulman.

En Europe, accuse Palazzi, les musulmans locaux sont confrontés à un « colonialisme religieux ». Alors que, selon l’estimation de Palazzi, seules environ 200 communautés musulmanes, sur un total d’un demi-million, s’identifient avec les Frères Musulmans, ces derniers dirigent plus de 90 pour cent des mosquées italiennes. Palazzi affirme également que les ambassadeurs saoudiens font pression sur les gouvernements européens locaux pour qu’ils considèrent les clercs Frères Musulmans comme les représentants officiels des musulmans locaux. Toutefois, les ambassadeurs de pays comme le Maroc et l’Egypte font contrepoids en montrant que les Frères Musulmans extrémistes sont interdits dans leur pays.

Palazzi attire également l’attention sur le fait qu’aux USA, l’influence des Islamistes est encore plus forte grâce aux puissants liens financiers (c’est-à-dire le pétrole) et politiques des Saoudiens. Le comble de l’ironie, fait-il remarquer, est que la seule organisation autorisée à former les aumôniers militaires musulmans »>Article original aux USA est religieusement rattachée au Hamas – bien que les USA aient proscrit ce dernier qu’ils qualifient d’organisation terroriste.

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