Une analyse à lire absolument pour comprendre les raisons des échecs de toutes les négociations de paix depuis l’origine du conflit. La violence verbale: l’ignorance de l’incitation à la haine
25/08/2010

Dore Gold

Dans son ouvrage sur le processus de paix au Proche- Orient, Denis Ross tire une bonne leçon des échecs antérieurs et estime que des négociations ne pourront jamais réussir à aboutir tant qu’autour de la table règne un climat différent que sur le terrain.

Richard Holbrooke, diplomate chevronné au Département d’Etat américain a réussi à faire signer sous l’administration Clinton l’accord Dayton qui a mis fin à la guerre en Bosnie. Ancien ambassadeur en Allemagne et à l’ONU, il a été considéré en 2008 comme le principal candidat au poste de Secrétaire d’Etat si Hillary Clinton avait remporté les élections à la présidence américaine.

Dans son livre, Holbrooke s’interroge sur l’origine du déclenchement de la guerre en Bosnie et réfute la théorie qui prévaut dans les milieux intellectuels, selon laquelle la guerre dans les Balkans était le résultat d’une  » haine viscérale » entre Serbes, Croates et Musulmans, et a prétendu que l’hostilité qui a nourri le conflit n’a été alimentée que délibérément.

Holbrooke a affirmé que le régime serbe a suivi une politique d’incitation délibérée, amplifiée par la télévision de Belgrade qui a diffusé cette haine telle une « épidémie ». Il veut dire que l’incitation n’était pas le symptôme de la guerre aux Balkans mais la raison de son déclenchement.

Quant au conflit israélo-palestinien, la question de l’incitation n’a pas été prise au sérieux. Officiellement, les accords d’Oslo contiennent de nombreux paragraphes relatifs à l’incitation, en particulier les accords intérimaires de 1995. Les parties sont en quelque sorte engagées à éviter toute incitation et propagande hostile visant à promouvoir « une compréhension mutuelle et une tolérance réciproque». La première phase de la feuille de route publiée en 2003 appelle à « toutes les institutions palestiniennes de cesser l’incitation contre Israël » mais en réalité, de nombreux paragraphes n’ont pas été respectés. Les gouvernements israéliens ont préféré mettre l’accent sur des éléments politiquement explosifs, tel que la sécurité et l’avenir des frontières.

Certains ont estimé qu’une plainte israélienne sur l’incitation présentera Israël comme chercheur d’excuses pour pouvoir échapper au processus de paix et d’éviter de faire des concessions.

Les hauts- fonctionnaires au Conseil de la présidence n’ont d’ailleurs jamais fait partie d’une commission traitant de l’incitation à la haine.

Dans son ouvrage « La paix manquée » Denis Ross analyse sur 800 pages, les raisons de l’échec des accords d’Oslo. Ross critique le désintéressement américain sur le sujet de l’incitation à la haine: « l’incitation systématique des Palestiniens dans les médias et dans l’éducation a alimenté la haine et a intensifié l’utilisation de la violence. L’incitation a provoqué chez les Israéliens un sentiment que l’objectif réel des Palestiniens n’était pas la paix ».

Ross décrit très ouvertement les raisons pour lesquelles les Etats-Unis n’ont pas traité la question. Washington a toujours estimé que cette question pourrait retarder le processus politique en cours. Elle ne voulait jamais se confronter à Arafat et a commis une erreur en acceptant les raisons de sa faiblesse.

Cependant, Ross met en garde et affirme que les pourparlers n’auraient aucun succès si autour de la table des négociations l’ambiance est différente de celle qui règne sur le terrain. Ross exige que chaque future initiative soit fondée sur un code de conduite qui interdit des opérations contredisant le processus de réconciliation entre les deux parties.

Le cas le plus extrême qui était à l’ordre du jour international ces dernières années concerne l’incitation au génocide. Il constitue un crime de guerre selon l’article 3 de la Convention du génocide de 1948.

Le Tribunal de l’ONU sur le Rwanda a condamné en décembre 2003, trois dirigeants de la tribu Hutu pour incitation au génocide. Ils ont été condamnés à plusieurs décennies de prison. Ce verdict prouve que le système juridique international prend très au sérieux le sujet.

Cet angle est aussi significatif en ce qui concerne une partie des déclarations palestiniennes. Lorsqu’un membre du parlement de Gaza qui fait partie du Hamas, Younes Al Asthal, a appelé en 2008 à « brûler » les Juifs, il n’y a aucune raison qu’Israël ne fasse pas appel à cette Convention, à l’heure même où le Droit international agit contre lui au sujet du blocus de Gaza.

Il faut souligner qu’en arabe le mot « marhaka » signifie également holocauste, c’est-à-dire un « appel justifié au génocide. »

L’incitation ne doit pas nécessairement être directe et claire tels les appels au génocide au Rwanda ou celles des déclarations des porte-parole du Hamas, pour pouvoir répondre à la définition de l’incitation.

« Les Juifs ennemis de Dieu »

Il existe des cas précis d’incitation à la violence générale dont l’origine est l’Autorité palestinienne et ils sont beaucoup plus graves. Pour exemple, l’organisation « Regard sur les médias palestiniens » a affirmé que la télévision officielle de l’Autorité palestinienne a diffusé le 9 et le 15 juillet, un reportage dans lequel un enfant palestinien déclare que » la sixième commission du Fatah était si importante en raison du fait qu’elle a provoqué une prise de conscience…le jour où nous serions des combattants et mènerons une lutte de résistance ( makawa) contre Israël ».

L’un des éléments les plus puissants pour promouvoir la violence est de présenter son adversaire comme démon. Dans la même veine, le dirigeant religieux le plus haut placé de l’Autorité palestinienne définit les Juifs comme les « ennemis de Dieu ».

Il est impossible de promouvoir sérieusement la paix lorsque des institutions palestiniennes officielles et leurs médias incitent à la guerre.

En 2009, le gouvernement israélien a enfin décidé de prendre ce sujet très au sérieux et a nommé des fonctionnaires pour surveiller scrupuleusement toutes les déclarations des dirigeants palestiniens.

Dans une conférence de presse commune, avec le Premier ministre Benyamin Netanyahu , le président Obama a exprimé son inquiétude au sujet de l’incitation : « je pense qu’il est très important que les Palestiniens ne chercheront pas des excuses pour inciter à la haine ».

Israël est actuellement en position de force pour pouvoir exiger au cours des nouvelles négociations une tolérance zéro sur toutes les sortes d’incitation à la haine et cela concerne toutes les branches de l’Autorité palestinienne. Il ne s’agit pas d’un sujet marginal et nous devons ouvrir grand nos yeux sur la question.

Source : Le CAPE de Jerusalem

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Jeannot

Si je tape « ISRAEL » sur Google, la 1ère entrée est wikipédia, la 2ème est le site « JaimePasIsrael »!!!

Gros problème de haine!

Le (ou les) mec n’aime pas ce pays.
Peut-être y a-t-il été?…
Peut-être y a-t-il été mal reçu?…
Personnellement j’en serais désolé. Je trouve que c’est un pays qui est de plus en plus accueillant.
Mais bon! Chacun sa chance!

Il a quand même mis les moyens pour faire un site, sacrement bien fait, et dans les premiers choix de Mr Google!
Que d’efforts louables!
Je ne me vois pas en faire autant pour dire que je n’aime pas tel ou tel pays.
Mais je dois avouer que je ne déteste pas à ce point la race humaine…
Jeannot