Une voiture piégée a explosé mercredi sur un marché bondé de Peshawar, tuant 92 personnes, quelques heures après l’arrivée au Pakistan de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton venue « renforcer » les relations de Washington avec Islamabad.
« Nous avons reçu les corps de 92 personnes tuées dans l’explosion, qui a aussi fait 217 blessés », a déclaré le docteur Zafar Iqbal, du principal hôpital de Peshawar, Lady Reading.
« Dix-neuf femmes et onze enfants figurent parmi les tués. Tous les morts sont des civils », a-t-il ajouté, alors que l’hôpital a lancé un appel aux volontaires pour donner leur sang pour les victimes.
Mais ce bilan pourrait encore s’aggraver, ont prévenu des secouristes et des responsables, de nombreuses victimes restant prisonnières des décombres.
L’explosion a creusé un énorme cratère, faisant s’effondrer plusieurs immeubles et de nombreuses échoppes du bazar bondé de Meena, le plus fréquenté de la grande ville du nord-ouest du Pakistan.
Des magasins brûlent après l’attentat dévastateur à la voiture piégée à Peshawar le 28 octobre 2009.
Cinq heures après l’explosion, les pompiers luttaient toujours pour éteindre des incendies, tandis que des secouristes aidés par de nombreux volontaires utilisaient des grues pour soulever d’immenses plaques de béton et de briques et chercher des victimes, provoquant un nuage permanent de poussière.
A Islamabad, Hillary Clinton a aussitôt condamné les « attentats cruels et brutaux », tout en soulignant que « le Pakistan n’est pas seul face au terrorisme ».
« Le Pakistan est au milieu d’une lutte contre des groupes extrémistes brutaux et obstinés (…). C’est aussi notre lutte. Nous félicitons l’armée pakistanaise pour le combat courageux qu’elle livre et nous nous engageons à nous tenir à son côté, au coude à coude », a assuré Mme Clinton.
« Nous vous apporterons l’aide dont vous avez besoin », a-t-elle promis.
Son homologue pakistanais a réaffirmé la détermination de son pays à combattre le terrorisme.
« Ceux qui commettent de tels crimes haineux veulent abattre notre détermination. Nous ne cèderons pas, nous vous combattrons. Nous vous combattrons parce que nous voulons apporter paix et stabilité au Pakistan », a déclaré Shah Mehmood Qureshi.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a également condamné l’attentat, le qualifiant d' »épouvantable ».
Carte du Pakistan situant la ville de Peshawar, frappée par un attentat meurtrier
Hillary Clinton commence ainsi sous de sanglants auspices une visite de trois jours au Pakistan, affichant l’espoir de « renforcer » les relations de Washington avec cet allié crucial contre l’extrémisme islamiste.
L’attentat de mercredi n’a pas encore été revendiqué mais il s’inscrit dans une vague d’attaques pour la plupart revendiquées par les talibans pakistanais qui a fait 240 morts pour le seul mois d’octobre. Il survient alors que Washington veut développer ses liens avec le Pakistan, au-delà de la coopération militaire.
Mme Clinton a aussi exprimé son espoir de « tourner la page » des « malentendus et des erreurs de communication » entre les deux pays.
Le Pakistan, dont les zones tribales servent de refuge aux talibans afghans alliés d’al-Qaïda, est essentiel dans la stratégie de l’administration Obama pour tenter de protéger les Etats-Unis de l’extrémisme islamiste.
L’armée pakistanaise est d’ailleurs engagée dans une vaste offensive contre les combattants islamistes dans le district tribal du Waziristan du Sud.
La secrétaire d’Etat, dont c’est le premier déplacement au Pakistan depuis son entrée en fonction, va multiplier les entretiens avec les principaux responsables à Islamabad, autour de l’aide américaine aux programmes civils du pays et de la coopération militaire.
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton et son homologue pakistanais Shah Mehmood Qureshi lors d’une conférence de presse à Islamabad le 28 octobre 2009.
Hillary Clinton a déjà annoncé une contribution de 125 millions de dollars des Etats-Unis à un programme visant à améliorer la fourniture d’électricité, dans un pays où les coupures sont quotidiennes.
Le programme de la secrétaire d’Etat comprend aussi de nombreux rendez-vous publics, en vue de tenter d’améliorer la mauvaise image des Etats-Unis auprès de l’opinion pakistanaise.