Les Américains redoutent un Iran nucléarisé ca­pable de prendre en otage Israël et le Moyen-Orient.
Comme s’il n’avait pas assez de casse-têtes à résoudre, voilà que la question du nucléaire iranien revient hanter les journées du président Obama. Après avoir tenté de stopper la course à l’atome militaire du régime des ayatol­lahs par un renforcement des sanctions internationales, le président américain doit admettre son impuissance. Si l’on en croit le nouveau rapport de l’AIEA, il n’a réussi à arrêter les Iraniens ni par la négociation, ni par des mesures visant à les étrangler économiquement. Du coup, les dirigeants israéliens relancent les rumeurs de frappes militaires visant à stopper le programme nucléaire «avant qu’il ne soit trop tard», laissant Obama coincé entre deux options cauchemardesques. «Nous nous retrouvons face à deux choix bien peu appétissants: une action militaire risquée et potentiellement catastrophique ou apprendre à vivre avec une bombe iranienne qui pourrait redessiner l’équilibre des pouvoirs au Moyen-Orient de manière dramatique», résume l’expert Aaron Miller dans Foreign Policy.

Ultimes sanctions

Officiellement à Washington, «toutes les options sont sur la table». Les Américains redoutent un Iran nucléarisé ca­pable de prendre en otage Israël et le Moyen-Orient. Mais, notent les experts, la dernière chose dont l’Administration Obama a besoin aujourd’hui est d’un scénario dans lequel Israël irait frapper les sites présumés des installations nucléaires iraniennes. Les Iraniens pourraient bloquer le détroit d’Ormuz, démultipliant le prix du pétrole et portant un coup très dur à l’économie américaine. Téhéran pourrait aussi utiliser ses «longs bras» pour déstabiliser l’Irak au moment où les boys quittent le pays ou lancer une troisième intifada via le Hamas. «Une frappe légitimerait l’Iran au Moyen-Orient», avertit Miller, qui estime qu’elle ne résoudrait rien, car «ce serait comme couper de l’herbe, prête à repousser».

«Dans le court terme, une agression de ce type affaiblirait drastiquement l’opposition démocratique iranienne qui serait forcée de se rallier au régime face à l’agression extérieure», ajoute Mohsen Sazegara, un ancien dirigeant iranien exilé à Washington. Un tel scénario serait d’autant plus dommageable que les «sanctions font leur travail en Iran, où le régime est très fragilisé par une économie en profonde récession, des luttes intestines et une population qui, à 92%, ne veut plus de ce pouvoir», précise-t-il. C’est la raison pour laquelle «les Américains vont tout faire pour mettre en place de nouvelles sanctions à l’ONU, avec les Français et les Britanniques», poursuit Sazegara. «Cela pourrait marcher, car, vu le climat guerrier et les rumeurs de frappes, tout le monde a intérêt à accroître la pression sur l’Iran», dit-il.

Que se passera-t-il si ces ultimes sanctions échouent? L’Amérique pourrait-elle convaincre son allié israélien d’attendre encore? Jeudi, Aaron Miller, ancien négociateur des Administrations républicaine et démocrate, confiait son pessimisme. Il expliquait qu’un président américain «pourrait stopper aujourd’hui» son allié israélien en mettant en avant son nouveau plan de sanctions contre la banque centrale iranienne ou le complexe pétrolier. «Mais dans huit mois ou un an, je n’imagine pas qu’un président américain puisse dire non au premier ministre israélien qui viendra lui expliquer qu’il est temps de frapper. Cela serait un oui inquiet, mais un oui tout de même… Nous pouvons envisager de vivre avec la bombe iranienne, pas les Israéliens.»

Laure Mandeville

Le Figaro.fr

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