AP/ADEL HANA
Le président palestinien et chef du Fatah, Mahmoud Abbas, lors d’une conférence de presse à Gaza, le 12 septembre 2006. Les Etats-Unis et Israël verront dans cette réélection une justification au soutien qu’ils lui ont apporté, même si la tonalité du programme politique adopté à Bethléem, et les propos qui furent tenus à l’occasion de ce congrès dénotent une ambiguïté délibérée entre le principe du dialogue et une rhétorique sans concession avec Israël. Celle-ci ne devrait cependant pas être contradictoire avec le plan de paix pour le Proche-Orient que le président Barack Obama doit présenter dans les prochaines semaines.

Le Fatah souligne « son attachement à l’option d’une paix juste, mais réitère le droit du peuple palestinien à la résistance sous toutes ses formes contre l’occupation, conformément à la loi internationale ». Cette phrase illustre le souci du parti fondé par Yasser Arafat en 1959 de ménager toutes les options, de la désobéissance civile à la lutte armée, mais elle est atténuée par la référence à la « loi internationale ».

La plate-forme politique du mouvement rappelle les « constantes du peuple palestinien, à savoir la libération de la terre et de Jérusalem, le démantèlement de la colonisation et le retour des réfugiés », qui sont les lignes rouges que, du point de vue du Fatah, un plan de paix américain ne saurait ignorer. L’une des résolutions adoptées lors du congrès est cependant plus drastique, qui souligne que le Fatah « s’engage à faire des sacrifices (autrement dit des martyrs) jusqu’à ce que Jérusalem retourne aux Palestiniens vide de colons et d’implantations (juives) ».

M. Abbas a sur ce point accusé le gouvernement israélien de se livrer à une « purification ethnique » à Jérusalem-Est – dont les Palestiniens veulent faire la capitale d’un futur Etat indépendant -, une référence aux récentes expulsions de familles palestiniennes dans cette partie de la ville, condamnées par la communauté internationale.

Ce durcissement dans le ton a pris la forme d’un refus de reprendre les négociations tant que le gouvernement de Tel-Aviv n’aura pas relâché les prisonniers détenus dans les geôles israéliennes, et dans la décision de faire des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa la branche armée officielle du Fatah, une décision qui ne peut que déclencher la colère des Israéliens.

Le gouvernement israélien a cependant tout fait pour faciliter la tenue de ce congrès, autorisant les délégués du Fatah exilés dans les pays arabes voisins à se rendre à Bethléem, alors que le Hamas s’est évertué à le torpiller en empêchant la sortie des délégués vivant à Gaza.

Réélu, M. Abbas renforce son leadership à la tête de l’Autorité palestinienne. Il demeure l’homme des négociations avec Israël. Le ministre israélien de la défense, Ehoud Barak, l’a confirmé lundi : tout en déplorant la tonalité anti-israélienne des propos tenus à Bethléem, il a invité le chef du Fatah à reprendre le chemin d’un règlement global de paix.
Laurent Zecchini

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