Le drapeau israélien flotte de nouveau sur l’ambassade d’Israël en Egypte, dix jours après avoir été retiré sous les vivats de la foule après la mort de cinq policiers égyptiens lors d’un grave incident à la frontière avec l’Etat hébreu.
Cet acte « prouve que le traité de paix (1979) constitue une pierre angulaire pour les deux pays, et reflète leurs intérêts stratégiques », a déclaré mardi à l’AFP Yigal Palmor, le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères.
« La stabilité régionale toute entière est en jeu et cela confère aux deux pays une très grande responsabilité dans le maintien de la paix », a souligné M. Palmor.
Le diplomate israélien faisait allusion à la grave crise –la première survenue entre les deux pays depuis la chute en février du président Hosni Moubarak– à la suite des attentats perpétrés le 18 août par des commandos armés venus du Sinaï égyptien qui ont tué huit Israéliens au nord d’Eilat, au bord de la mer Rouge.
Cinq policiers égyptiens ont trouvé la mort dans des circonstances encore non éclaircies alors que les forces israéliennes poursuivaient des assaillants présumés.
L’Egypte a ensuite demandé à Israël des « excuses » officielles –et non uniquement des « regrets »– ainsi qu’une enquête sur les circonstances de la mort de ses policiers.
Israël « s’inquiète du fait que la situation est politiquement volatile en Egypte, car la rue est en ébullition et personne n’ose la braver », a pour sa part affirmé à l’AFP un haut responsable israélien sous couvert de l’anonymat.
« En revanche, un bon contact a été établi entre les chefs de l’armée et de la Défense des deux pays », s’est félicité ce responsable.
« Les leçons de la crise ont été tirées: les Egyptiens ont compris que leurs forces dans le Sinaï faisaient parfois problème, et nous avons pris conscience de l’impact négatif des dérapages verbaux sur l’incompétence égyptienne », a-t-il ajouté, en faisant allusion à des déclarations abruptes du ministre israélien de la Défense Ehud Barak qui ont déclenché la colère des Egyptiens.
Avec l’aval d’Israël, des blindés de l’armée égyptienne sont entrés le 13 août dans le nord du Sinaï pour une vaste opération à laquelle ont participé plus de 1.000 soldats et policiers, selon la sécurité égyptienne.
Craignant des attaques du Jihad islamique palestinien à partir du Sinaï, l’armée israélienne a déployé cette semaine des unités supplémentaires le long de la frontière avec l’Egypte et de la bande de Gaza après en avoir averti les autorités du Caire, selon un porte-parole militaire israélien.
La démilitarisation du Sinaï est prévue par le traité de paix israélo-égyptien. Mais M. Barak a rappelé dimanche qu’Israël a dans le passé « autorisé à plusieurs reprises l’envoi de bataillons supplémentaires » égyptiens dans la péninsule.
Auteurs d’attentats meurtriers contre les stations balnéaires égyptiennes de Taba (2004), Charm el-Cheikh (2005) et Dahab (2006), les réseaux radicaux islamistes dans le Sinaï pourraient frapper à nouveau. Il y a tout juste un an, ils avaient revendiqué des tirs de roquettes contre Eilat et le port jordanien d’Aqaba.
Interrogé par l’AFP, le général de réserve Uzi Dayan estime qu' »Israël doit exiger l’application de trois composantes essentielles du traité de paix: la liberté de navigation dans le canal de Suez, le respect des accords gaziers et le maintien de la démilitarisation du Sinaï ». Selon lui, Israël doit toutefois se préparer à long terme « à une menace majeure » à sa frontière avec l’Egypte.
Moins alarmiste, le professeur de sciences politiques Efraïm Inbar considère qu' »il n’y a pas à s’inquiéter pour le traité de paix avec Israël, aussi longtemps qu’il servira l’armée égyptienne qui n’a pas du tout intérêt à bouleverser son approche pro-américaine ».
Washington octroie à l’Egypte une assistance militaire annuelle de près de deux milliards de dollars (1,388 milliard d’euros).
Djahan Yao N.
AfreekElection.com
 |
 |