Le troisième débat Obama-Romney était censé départager les candidats grâce aux problèmes internationaux. Il a confirmé en fait le consensus existant entre démocrates et républicains sur la plupart des conflits en cours.
Rien de transcendant n’a été dit sur le problème israélo-palestinien qui puisse permettre aux électeurs américains de se faire une religion.

L’élection américaine ne se joue pas forcément sur le vote des juifs américains mais le problème d’Israël reste un élément qui influence le choix d’un président.

D’ailleurs les professions de foi contiennent des chapitres entiers sur les relations israélo-américaines.

Romney superstar en Israël


Romney à Jérusalem

Mitt Romney considère qu’Israël est le plus proche allié au Moyen-Orient et «un phare de la démocratie et de la liberté de la région». Il s’inquiète de la détérioration des relations avec la Turquie et l’Égypte et des dangers que font courir le Hamas à Gaza, le Hezbollah au Liban, la Syrie avec son instabilité et surtout l’Iran nucléaire. Il critique de manière appuyée la stratégie de Barack Obama qui, avec son administration, «ont mal perçu la dynamique de la région et ont diminué l’autorité américaine des États-Unis au lieu de favoriser la stabilité et la sécurité.»

Le président Obama était convaincu que le conflit israélo-palestinien était le problème central de la région. L’éruption des printemps arabes, adoubés par les islamistes, a prouvé le contraire. Romney l’accuse de ne pas avoir compris que la «clé de la négociation d’une paix durable passe par un Israël sécurisé». Obama a axé sa politique sur la création de façon unilatérale des conditions pour la reprise des pourparlers de paix qui ont, selon Romney, poussé les palestiniens à temporiser en attendant que «des concessions israéliennes leur arrivent sur un plateau d’argent».

img7524″ class= »restreintimgsize » />

Mitt Romney s’est engagé à travailler en étroite collaboration avec Israël «pour maintenir son avantage stratégique». Il va tenter de convaincre les turcs de renouer avec Israël et les égyptiens de consolider des relations qui ont permis la paix depuis des décennies en leur faisant comprendre que «leurs intérêts ne seront pas servis par l’isolement d’Israël».

Différence d’approches

Les deux candidats diffèrent sur la méthodologie.

Mitt Romney veut réengager l’action des États-Unis aux côtés d’une Europe démocratique et prospère pour faire émerger un «État palestinien vivant côte à côte en paix et en sécurité avec l’État juif.»

Il est convaincu que seul le dialogue direct fera avancer les solutions au conflit et il «s’opposera à toute mesure qui irait à l’encontre des négociations directes entre Israël et les palestiniens.»


Mahmoud Abbas à l’ONU

Il a confirmé qu’il n’acceptera jamais de trancher les questions en suspens par des tentatives unilatérales et qu’il réduira l’aide financière aux palestiniens s’ils persistaient à réclamer auprès des Nations Unies la reconnaissance de leur État. Sa position à l’égard du Hamas est nettement plus intransigeante que celle d’Obama.

Il s’opposera à tout gouvernement d’union nationale incluant le Hamas, «un groupe terroriste voué à la destruction d’Israël». Il veut que les États-Unis soient un ami des bons et des mauvais jours d’Israël et qu’ils travaillent «à résister à la campagne mondiale de délégitimation d’Israël car l’existence d’Israël en tant qu’État juif n’est pas un débat».

En revanche lors du débat, aucun des deux candidats n’a pris de position ferme sur le transfert de l’ambassade des États-Unis à Jérusalem.

Le sujet n’a même pas été abordé pour éviter de choquer les pays arabes et pour laisser entrouverte toute possibilité de négociations de paix.

Sur ce point, certains ont été déçus du candidat Romney car, en juillet à Jérusalem, il s’était prononcé pour ce transfert.


Ambassade des Etats-Unis à Tel-Aviv

Benjamin Netanyahou s’est engagé, pour la première fois dans l’histoire des premiers ministres d’Israël, aux côtés de la candidature de Mitt Romney, avec le risque de représailles en cas de réélection du président.

Le programme politique des candidats a peu joué dans sa décision qui semble justifiée par une incompatibilité d’humeur avec Barack Obama.

Le courant n’est jamais passé entre les deux hommes au point que Netanyahou avait infligé en mai 2011 un camouflet, dans le bureau ovale et face aux télévisions, en rejetant la proposition d’Obama de baser les frontières d’un futur État palestinien sur les lignes de 1967.

D’ailleurs le chef de l’opposition Shaoul Mofaz avait raillé Netanyahou en posant la question candide :

«Expliquez-nous: quel régime est-il le plus important de renverser, celui de Washington ou de Téhéran?»


Dans le bureau ovale

Stratégies opposées

Barack Obama et Benjamin Netanyahou se sont opposés sur la stratégie à employer vis-à-vis de l’Iran.

Le président américain veut laisser place à la diplomatie et aux sanctions internationales tandis que le premier ministre fait planer la menace d’une attaque contre les usines nucléaires iraniennes : «La question qui me guide, ce ne sont pas les élections aux États-Unis, mais les centrifugeuses en Iran».

Il a été désavoué au sein du gouvernement par Ehud Barak qui pense que le linge sale avec les américains doit être lavé dans des «forums à huis-clos» et non étalé sur la place publique.

Cette prise de position confirmait la rupture entre les deux dirigeants et justifie que le micro-parti Hatsmaout n’a pas été invité à intégrer la liste unique aux élections de janvier, laissant planer un doute sur l’avenir politique du ministre de la défense.


Sheldon Adelson

Il n’est pas certain que les juifs américains, votant traditionnellement pour les démocrates suivront le premier ministre israélien qui a agi pour faire remonter la côte de Mitt Romney, chaleureusement reçu à Jérusalem en juillet.

Mais une consanguinité politique, plus que les thèses politiques, explique l’attitude de Netanyahou.

En effet, le milliardaire juif américain Sheldon Adelson, propriétaire du quotidien Israël Hayom qui roule pour Netanyahou, est aussi l’un des bailleurs de fonds de la campagne de Mitt Romney.

Il est fort probable qu’en cas de victoire, Barack Obama, dans une vengeance froide, exigera de très importantes concessions israéliennes sur le problème palestinien.

C’est là qu’intervient la décision de fusion des listes Likoud-Beiteinou, justifiée pour organiser la défense du nouveau gouvernement face aux pressions inévitables d’un Obama auréolé par sa seconde victoire.

Jacques Benillouche Article original

copyright © Temps et Contretemps

TAGS: Romney Obama Présidentielle USA 2012 Politique Moyen-Orient

Sheldon Addelson Israel Hayom Israedl

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires