Mohamed Merah a bien été en contact étroit avec un haut responsable d’Al-Qaïda au Pakistan en 2011. Ce que révèle un témoignage recueilli par les juges français.DES CITÉS TOULOUSAINES au sommet de la hiérarchie d’Al-Qaïda. Après deux ans d’investigations, les juges antiterroristes de Paris chargés du dossier Merah viennent de recueillir le premier témoignage établissant des liens étroits entre le tueur à scooter et l’un des proches lieutenants d’Oussama Ben Laden.

Auditionné en décembre dernier dans le cadre d’une autre enquête, un Kazakh condamné pour terrorisme a assuré avoir discuté de l’apprenti jihadiste avec Moez Garsallaoui.


Garsallaoui

Ce Belgo-Tunisien, considéré comme le responsable Europe de la nébuleuse, lui a révélé la présence de Merah dans son camp d’entraînement au Pakistan, et même dévoilé l’existence d’un étrange pacte entre les deux hommes.

Celui à qui l’on doit ces confidences s’appelle Urynbasar Munatov. Ce Kazakh âgé de 26 ans s’est entraîné de mars 2011 à juin 2012 à Miranshah, un camp d’Al-Qaïda perdu dans la zone tribale pakistanaise du Waziristan.

Il est alors l’un des colocataires de Moez Garsallaoui, le patron de ces lieux dédiés à la formation des candidats européens au jihad.

Urynbasar est arrêté au Pakistan à l’automne 2012 avant d’être condamné à vingt ans de prison dans son pays d’origine. Le 4 décembre dernier, il est extrait de sa cellule par les autorités locales dans le cadre d’une demande d’entraide judiciaire formulée par le parquet de Paris.

Les magistrats pensent que le terroriste a pu croiser un apprenti jihadiste français sur lequel ils enquêtent. Le résultat de l’interrogatoire va dépasser leurs espérances.

Vers la fin de l’audition, le témoin se voit présenter une série de photos par les policiers kazakhs, parmi lesquels la « cible » des enquêteurs français.

A tout hasard, les magistrats ont aussi pensé à glisser un cliché de Mohamed Merah.

Au cas où. « La photo numéro 18, je l’ai vue chez Mouaz Garsalaoui (sic), c’est lui-même qui me l’a montré, déroule Urynbasar devant le portrait du Toulousain.

Mouaz m’a dit qu’il s’appellait Muhammed Mira (sic), son deuxième prénom était Yussuf, il vivait aussi sur le territoire du Waziristan. Pendant un temps, il a vécu avec Mouaz à Miranshah. »

Le terroriste explique avoir discuté du tueur à scooter avec le lieutenant de Ben Laden peu de temps après les tueries de Toulouse et Montauban.

« D’après les dires de Mouaz, il avait une entente avec Yussuf : si Yussuf entreprenait des actions, Mouaz les prendrait à son compte, c’est-à-dire comme ayant été organisées et exécutées selon ses directives. »

Ce témoignage est jugé d’autant plus crédible qu’il corrobore de nombreux indices laissant penser que Merah avait bel et bien fréquenté ce camp pendant une douzaine de jours en septembre 2011, comme il s’en était vanté lui-même lors de l’assaut contre son appartement.

Quant aux contacts avec Garsallaoui, ils n’étaient jusqu’ici qu’une vague supposition, tant il apparaissait difficile pour un si jeune homme maîtrisant mal l’arabe d’approcher un lieutenant de Ben Laden.

Les fadettes et les courriels de Merah n’avaient d’ailleurs pas permis de trouver trace d’échange entre les deux hommes.

Sans changer la face de l’enquête, ces révélations relancent la piste d’un soutien logistique au plus haut niveau de la mouvance jihadiste dans les tueries qui avaient fait sept victimes en mars 2012.

Mais impossible d’interroger Garsallaoui pour en savoir plus : désigné comme un objectif prioritaire par Interpol et la CIA, le cadre d’Al-Qaïda aurait été tué par un tir de drone lors d’un raid américain au-dessus du Waziristan en octobre 2012.

Une information néanmoins jamais formellement confirmée.

Le Parisien Article original

Un peu plus d’infos sur Garsallaoui:

Ce chef jihadiste que la Suisse a laissé filer

Fin de parcours pour Garsallaoui, ex-réfugié en Suisse tué par un drone

Le Tunisien, qui résidait dans le canton de Fribourg, était devenu cadre d’Al-Qaida au Waziristan. Un drone américain a mis fin à ses jours

C’est la fin d’un parcours unique dans les annales du terrorisme suisse. Moez Garsallaoui, islamiste tunisien qui a vécu plusieurs années dans le canton de Fribourg, a été tué par une frappe de drone américain au Waziristan, zone rebelle du Pakistan.

Un éloge funèbre attribué à l’un de ses lieutenants, Abou Layth al-Waziri, a été publié le 15 octobre sur un site proche d’Al-Qaida, Shumukh-al-Islam («L’Honneur de l’islam»).

L’information émane du GCTAT, un centre genevois d’étude sur le terrorisme. Elle a aussi été annoncée par l’agence de presse AFP, qui reprenait le site américain spécialisé dans l’étude des mouvements djihadistes SITE.

Selon les premiers renseignements recueillis sur place par le GCTAT, la frappe a eu lieu dans la région de Miranshah, bastion djihadiste du Waziristan. Conformément aux usages de la mouvance, le corps de Moez Garsallaoui et ceux des autres victimes auraient très rapidement été emportés et mis en lieu sûr par des militants.

Né en 1968 en Tunisie, Moez Garsallaoui s’était établi en Suisse en 1997 comme réfugié. Il avait travaillé sur des chantiers, puis comme spécialiste informatique.

Marié en 2003 à la pasionaria djihadiste belge Malika el-Aroud, veuve d’un des assassins du commandant Massoud, il était devenu propagandiste d’Al-Qaida sur Internet.


Malika el-Aroud, alias « la veuve noire du Jihad », sic

Les sites qu’il animait «comprenaient, dans la partie forum de discussion, des messages de revendication de prises d’otages, d’attentats et des menaces semblables», rédigées «pour l’essentiel par des organisations proches de la mouvance Al-Qaida», notait le Tribunal fédéral en 2008, en confirmant la condamnation du couple à 24 mois de prison dont 6 ferme.

Mais fin 2007, Moez Garsallaoui s’était enfui au Pakistan, où il est devenu un cadre important des réseaux Al-Qaida. Dans une interview réalisée par e-mail en 2009 par un journaliste néerlandais, Moez Garsallaoui expliquait qu’il «combattait les forces de l’OTAN aux côtés de ses »>Article original frères les talibans». Le GCTAT le décrit comme un coordinateur, apte à faire le lien entre différents réseaux djihadistes.

Il aurait aussi pris les rênes d’un petit groupe, «l’Armée du Califat», qui revendiquait des liens étroits avec le tueur de Toulouse, Mohamed Merah, que Moez Garsallaoui aurait accueilli dans les zones tribales pakistanaises.

Cette information est cependant prise avec prudence par un enquêteur européen qui a suivi son parcours. «Il n’y a rien dans les procédures à ce sujet, note-t-il. Moez n’est pas forcément un personnage de premier plan, mais il a conquis une crédibilité» au sein des réseaux pakistanais proches d’Al-Qaida.

Depuis plusieurs mois, Moez Garsallaoui était dans le collimateur des forces américaines, qui le considéraient comme l’un des 100 cadres d’Al-Qaida à abattre en priorité.

L’an dernier, une dizaine de militants qu’il fréquentait ont été tués par des frappes de drones, selon les calculs du GCTAT.

Il avait aussi échappé de peu à la mort en mars 2010: une maison d’hôtes où se réunissaient des cadres d’Al-Qaida avait été pulvérisée par un missile, alors que lui-même était sorti pour s’enquérir du procès de sa femme Malika dans un café internet.

En Suisse, Moez Garsallaoui laisse deux frères. Le premier, vivant à Bienne, a été condamné en 2009 à 56 heures de travaux d’intérêt général pour avoir possédé des vidéos d’Al-Qaida. Le second avait reçu, en 2008, la visite d’un agent du Service d’analyse et de prévention, alors chargé de la lutte antiterroriste, qui voulait lui demander des nouvelles de Moez Garsallaoui.

Ce geste, considéré comme imprudent, avait mis en alerte tout son réseau. «C’est typique de l’incompétence crasse d’un système qui travaille en amateur», estime un ancien des services de renseignement suisses.

«Il est incompréhensible que Moez n’ait pas été placé en détention préventive par la Suisse en 2005», ajoute un autre ancien, ce qui l’aurait empêché d’aller servir Al-Qaida au Waziristan.

Dans son interview de 2009, Moez Garsallaoui expliquait que, bien qu’ayant vécu en Suisse, il ne voudrait «jamais retourner dans ce pays, ni ailleurs en Europe. J’espère que je n’y serai jamais contraint.» Ce vœu, au moins, a été exaucé.

Le Temps.ch Article original

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires