La crise en Ukraine est aussi grave que l’invasion de la Tchécoslovaquie, en 1968. Poutine considère Obama avec dédain, en Ukraine comme en Syrie-Iran. On doit s’attendre à des retombées régionales sur le Moyen-Orient, chaque conflit servant à régler des comptes pour un autre, ailleurs. Les Juifs d’Ukraine, une fois de plus, une fois de trop, jouent le rôle du canari dans la mine…

La situation, qui se joue, actuellement, aurait été plus improbable, si l’OTAN avait reconnu les demandes d’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine en 2008. La Russie, en position de plus grande incertitude, à l’époque, n’aurait, sans doute pas osé déployer ses troupes, sans y regarder à deux fois. C’est, alors, la Chancelière allemande Angela Merkel qui s’y était opposée. Elle avait déclaré, en mars 2008, que des pays impliqués dans des conflits, ne pouvaient pas faire partie de l’OTAN. Pour en être, il faut n’avoir de problèmes avec personne, être « neutre »!

En août suivant, la Géorgie jouait son va-tout, espérant vaguement provoquer le soutien de l’Europe et des Etats-Unis, puis devait se soumettre, faute d’appui…

Autrement dit, les actuelles récriminations disant que Poutine est « sous le regard du monde » sont parfaitement hypocrites et risquent surtout d’arracher un sourire vainqueur à celui-ci.

Néanmoins, il semble, cette fois, que ce soit Berlin qui joue le rôle principal dans la médiation du groupe de contact européen, vis-à-vis des Russes.

Une fois encore, les Juifs d’Ukraine sont sur la corde raide, sans savoir de quoi leur avenir sera fait, en « canaris dans la mine de sel » ukrainienne… Il arrive que les Juifs encaissent des coups des deux côtés. Autant les Nationalistes pro-occidentaux que les séparatistes pro-russes les observent avec méfiance. On entend, à nouveau, parler de « conspiration juive », alors que certains ont joué un rôle exemplaire pour la sécurité des manifestants, autant que dans les amorces de dialogue avec les autorités et les parties prenantes.

Israël, à proprement parler, hormis l’inquiétude pour la sécurité de la communauté juive, n’a pas d’intérêt stratégique en jeu dans ce conflit de voisinage. L’Etat juif garde des relations cordiales avec Poutine, qui sont aussi utiles à calmer le jeu, dans les deux dossiers syrien et iranien. Dans l’un, Poutine pourrait opter pour la vente d’armes qui « changent la donne » stratégique à la Syrie, qui ne tarderait pas à les offrir au Hezbollah. Dans l’autre, un mano-en-la mano entre Washington et Moscou reste la seule chance de faire fléchir quelque peu, au moins momentanément, les Ayatollahs.

Idem, sur le dossier palestinien, où Abbas, déjà cramponné à son refus de toute solution, peut s’appuyer sur le renfort inespéré de l’intransigeance russe pour faire entrer un nouveau « partenaire » dans le jeu de quilles d’un « processus de paix » américain déjà fort branlant.

Jérusalem n’a rien de pertinent à proposer pour résoudre cette crise, hormis d’inciter les Juifs qui le souhaitent à l’Aliyah, à mesure que la situation se détériore. Au moment du soulèvement en Géorgie, en 2008, Tbillissi comptait sur ses bonnes relations et ses achats d’armes à Jérusalem pour que les Israéliens jouent de leurs bonnes relations auprès de Moscou en leur faveur. A Kiev, ce n’est pas le cas.

Cela a pris 90 minutes d’intense dialogue de sourds entre le Président américain Barack Obama et le Président russe, pour que celui-ci saisisse que Vladimir Poutine reste inébranlable sur le cours des évènements qu’il a fixé pour l’Ukraine et qu’il n’a aucune intention de retirer les troupes qu’il a positionnées dans la Péninsule de Crimée. En fait, derrière le verbiage diplomatique, Poutine est, clairement, passé à l’offensive. Il a laissé comprendre qu’à moins que les Etats-Unis et l’Europe ne débarrasse Kiev des « gangs fascistes » (sic.) qui ont pris le pouvoir, Moscou ferait avancer ses forces sur d’autres parties du territoire de l’Ukraine, pour faire respecter ses intérêts et « protéger les citoyens et compatriotes russes qui y vivent », aussi longtemps que le régime par intérim demeurera en place à Kiev ».

Avant d’envoyer ses troupes, Poutine n’a pas perdu une minute à délibérer de la crise au « Conseil de Sécurité de l’ONU ». Au même moment, le Pentagone annonçait une réduction drastique de la taille de son armée, pour causes de manque de budget.

Pas un seul coup de feu n’a, pour le moment, été tiré, durant la prise de contrôle, comme à la parade, de la Crimée par l’armée russe. Cela pourrait changer très rapidement et se détériorer en affrontement direct, entre des éléments russes ou pro-russes et anti-russes, sur le sol ukrainien.

Poutine n’est pas impressionné par l’accusation d’Obama qu’il agit “en violation claire de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine ». Pas plus ne s’est-il laissé dissuader par la menace du Président américain « d’isolement politique et diplomatique international » – ou même d’un boycott du Sommet d’été du G8 à Sochi.


Une synagogue inaugurée à Kiev, en 2012, aujourd’hui profanée par un swastika.

Après tout, il s’est déjà, retrouvé seul à l’ouverture et à la clôture des Jeux Olympiques d’hiver – auxquelles n’assistait aucun dirigeant occidental. Après une telle expérience, il n’est pas effrayé à l’idée de se trouver seul en Ukraine, indifférent aux efforts des Etats-Unis et de l’Union Européenne pour le forcer à abandonner ce qu’il perçoit comme une menace stratégique immédiate, dans l’arrière-cour de la Russie.

Aussi l’Occident serait, selon lui, bien plus avisé et productif, en faisant fermement pression sur le regroupement de manifestants hétéroclites qui a pris le pouvoir à Kiev et en leur demandant de faire marche-arrière, ou sinon, de chercher un arrangement avec Moscou. La stratégie de la corde raide ne semble les mener nulle part.

Les fondements d’un arrangement existent déjà. Ils ont été contresignés et scellés le 21 février, à la veille du coup politique pro-occidental de Kiev, lors d’un accord avec Viktor Yakunovitch, avec la médiation des ministres des affaires étrangères allemand, français et polonais, en vue d’un gouvernement d’unité nationale, des élections anticipées et une nouvelle constitution, réduisant les pouvoirs et l’autorité du Président.

Cet accord a été approuvé par Moscou, autant que par Washington. Cependant, alors que le temps passe et que l’escalade se poursuit, cet accord s’évanouit, en même temps que les chances d’une résolution non-violente du conflit en Ukraine.

Par conséquent, la tactique américano-européenne, consistant à faire monter la pression sur Moscou n’est pas simplement un exercice en pure futilité, elle s’avère être une gaffe stratégique majeure , découlant d’une position de faiblesse, qui, actuellement, menace de conduire à la violence et au bain de sang.

Le Chef du Conseil de Sécurité du gouvernement par intérim a annoncé dimanche 2 mars une mobilisation générale du million de réservistes ukrainiens, après avoir placé l’armée en état de préparation au combat. Cette mesure était virtuellement inutile, sur le plan purement pratique, alors qu’elle fournissait à Poutine de nouveaux prétextes pour poursuivre son expansion militaire. Il sait que la chaîne de commandement et d’administration à Kiev est rompue, aussi comment pourrait-elle nourrir, équiper, armer et mettre des transports à la disposition de centaines de milliers d’hommes de troupe ? Et y a-t-il quiconque qui sache avec précision combien demeureront fidèles au nouveau régime ? Tardivement, le gouvernement par intérim a donc appelé à l’Occident à l’aide, pour surseoir à ses propres besoins.

A cette heure, les négociations de coulisse entreprises par l’Allemagne font écho à plusieurs exigences russes :

1. Le gouvernement de Kiev, qui que ce soit qui le dirige, doit signer un engagement contraignant à s’abstenir de tout lien avec l’OTAN.

2. Ni les Etats-Unis, ni l’OTAN, ni aucune autre puissance ne déploiera de stations radars de type X-Band ou BX-1 sur le territoire de l’Ukraine, sur terre, mer ou dans son espace aérien. Car cela garantirait la présence d’autres éléments secrets d’un bouclier anti-missiles et anti-missiles balistiques, plaçant la Russie dans sa ligne de mire.

3. Des restrictions devront être imposées au type d’armes autorisées au sein de l’armée ukrainienne.

4. Des organes d’une armée locale seront instaurés pour protéger les régions russophones de l’Ukraine.

Poutine a insisté, au cours de sa discussion avec Merkel, pour dire que jusqu’à ce que ces quatre conditions soient dûment remplies, les forces russes resteraient là où elles se trouvent en Crimée et que si cela s’avérait nécessaire, elles avanceraient sur d’autres parties de l’Ukraine.

Cette confrontation grossièrement inégale se déroule sous le regard critique, à 2000 kms de là, à l’Est de la Méditerranée et à 3500 kms de là, dans le Golfe Persique, des dirigeants d’Israël, d’Arabie Saoudite, d’Egypte, d’Iran, de la Syrie et du Hezbollah au Liban.

On pourrait dire qu’ils partagent quatre conclusions significatives :

1. On a vu le Président Obama procéder à une seconde reculade envers les alliés des Etats-Unis, pour la seconde fois en moins de huit mois . Ils se souviennent fort bien de son virage à 180°, en août dernier, quant à « l’intervention militaire » américaine, en vue du renversement du Président Syrien Assad, du fait de son utilisation d’armes chimiques. Ils ont aussi vu Washington se laisser intimider par l’usage de la force militaire de la Russie et, donc, qu’il n’est pas un partenaire fiable dans la sauvegarde de leur sécurité nationale.

2. Les gouvernements moyen-orientaux, qui ont commencé d’opter pour un alignement sur Vladimir Poutine – Damas, Téhéran, le Hezbollah et, jusqu’à un certain point, l’Egypte, se retrouvent dans le camp du plus fort de l’équation régionale. Le camp pro-américain continue de fléchir.

3. La faiblesse des Américains sur le front global a renforcé le bloc irano-syrien et ses liens avec le Hezbollah.

4. La posture solide de Poutine derrière l’Iran est un obstacle insurmontable , en vue d’un accord négocié et acceptable avec l’Iran – tout comme la tentative internationale pour une résolution politique du conflit syrien a lamentablement échoué, le mois dernier.

Avec la crise ukrainienne qui menace de s’étendre encore plus, la rencontre prévue par le Premier Ministre Binyamin Netanyahu, ce lundi, avec le Président Barack Obama, à la Maison Blanche ne va, probablement, être rien d’autre qu’un échange de platitudes diplomatiques polies.

Quel rôle « d’arbitre » affirmé peut bien jouer Obama, entre Israéliens et Palestiniens, alors qu’il se contente de faire le gros dos et les gros yeux, en attendant que l’orage ou la bourrasque ne passe, au-dessus des épaules des Ukrainiens, dans l’Est immédiat des Polonais, des Hongrois, des Slovaques et des Roumains, abandonnés en lisière de l’antre de l’Ours?

Par Marc Brzustowski. Sources : DEBKAfile Analyse exclusive 2 mars 2014, 2:22 PM (IST)

debka.com Article original

HERB KEINON jpost.com Article original

Peter Martino gatestoneinstitute.org Article original

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
G.belaisch

sarko avait quand même réussi à arrêter Poutine en georgie. qui d’autre pourra le faire en ukraine ?