Un 25e suicide a endeuillé jeudi France Télécom, malgré les annonces de la direction, l’implication du gouvernement et les avertissements des syndicats face à cette série noire.

Un ingénieur de 48 ans s’est pendu jeudi chez lui à Lannion (Côtes-d’Armor). Marié et père de famille, il était en arrêt-maladie depuis un mois sur les conseils du médecin du travail.

Le PDG de France Télécom Didier Lombard s’est rendu en fin de soirée sur le site de recherche et développement de Lannion qui avait déjà connu un suicide fin août.

« Plus que jamais, il faut que nous accélérions l’ensemble des mesures que nous prenons pour sortir de cette spirale infernale. Il faut absolument arrêter cette vague de suicides qui est en train de frapper l’entreprise », a-t-il dit.

« C’est une terrible nouvelle, que je redoutais », a pour sa part déclaré le nouveau numéro deux Stéphane Richard. Il a évoqué « une lettre » où le salarié faisait « état d’une déception » au sujet d' »un poste sur lequel il était candidat, et où il n’a pas été retenu ».

« Il était très déçu », a confirmé à l’AFP Yves Bordron, un de ses proches.

L’ingénieur qui travaillait à Lannion depuis 13 ans a craqué au 1er trimestre 2008 quand la direction a annoncé 300 suppressions de postes, dont 100 à Lannion, selon cet élu SUD du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

Il s’agit du 25e suicide depuis qu’en février 2008 les syndicats de France Télécom ont commencé à tenir un décompte.

Mardi, à Marseille un autre salarié, lui aussi en arrêt-maladie, a tenté de se pendre à son domicile mais a été sauvé de justesse.

En déplacement à Marseille, M. Richard a promis que tous les chantiers de négociation en cours sur le stress au travail aboutiraient avant la fin de l’année.

Cette négociation a été annoncée en septembre par la direction pour enrayer la vague de suicides, tout comme la nomination de M. Richard, en remplacement de Louis-Pierre Wenes, accusé par les syndicats de « management par le stress ».

Dans un entretien au Figaro à paraître vendredi, Nicolas Sarkozy a estimé que « des salariés heureux au travail sont un élément de la compétitivité d’une entreprise ».

« On a trop privilégié dans certaines entreprises l’avis des analystes financiers et ainsi on a oublié la qualité des relations sociales », a-t-il dit.

Le ministre du Travail, Xavier Darcos a invité « les partenaires sociaux de France Télécom à intensifier les échanges entrepris dans le cadre de la négociation ».

Mais ces négociations piétinent, même si pour les syndicats, ce nouveau suicide « montre qu’il y a urgence à agir ».

De plus, la CFE-CGC-Unsa a décidé mercredi de quitter les discussions, exigeant un « véritable projet industriel collectif ».

Si Sud-PTT pose aussi la question de sa participation, la CGT, FO et la CFDT comptent rester.

FO veut « des mesures concrètes », la CFDT demande un changement du management. Pour Patrick Ackermann (Sud-PTT), de nombreux salariés « disent que rien ne change » et que « le Time to move continue » – en référence au programme obligeant les cadres de France Télécom à bouger tous les trois ans.

La direction a annoncé la suspension des mutations forcées jusqu’à la fin de l’année et la mise en place l’an prochain d’un « nouveau système de mobilité ».

Une nouvelle journée d’action est prévue le 20 octobre, pour la prochaine séance de négociation sur le stress.


Le PDG Didier Lombard a annoncé son intention de revenir rapidement à Lannion pour passer une journée complète sur le site et échanger avec les salariés, alors que la rencontre prévue jeudi soir s’est limité à un bref échange.

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