Le comportement des médias et leur responsabilité dans l’accroissement des actes antisémites en France doit être posé.

A priori, on pourrait penser, en lisant ici et là les réactions d’organisations juives sur le rôle des médias dans la recrudescence de l’antisémitisme et de la haine d’Israël, qu’il ne s’agit que de malentendu ou d’ignorance.


Attentat rue des Rosiers 1982

De même il parait incroyable qu’ils n’aient pas fait le moindre lien entre ce qu’ils écrivent et les nombreuses et parfois violentes agressions physiques et verbales dont les juifs de France sont quotidiennement victimes.

Pourtant rien de tout cela ne semble avoir apporté la moindre inflexion à leur plume, et ils continuent de distiller avec habileté, la même malveillance obsessionnelle envers l’État juif.

La France «héberge» ses juifs

Quelques jours après l’arrestation des membres d’un réseau djihadiste français, ayant perpétré et préparant d’autres attentats anti-juif, nos médias rappelaient d’une seule voix, à longueur de dépêches que deux palestiniens avaient été tués par l’armée israélienne.

Ils s’étaient bien gardés, la veille et l’avant-veille, de rapporter que 55 roquettes avaient été tirées sur les villes du sud d’Israël.


Cinq caméras brisées

Pour n’être pas en reste, France-5 ne trouvait pas mieux que de programmer, le 9 octobre, le film «Cinq caméras brisées» réalisé avec la participation de France Télévisions, qu’Agnès Bar-Zvi dit être «un reportage financé par la propagande anti-israélienne qui estime que la Palestine appartient en son entier aux palestiniens et que les juifs devraient retourner en Pologne et en Allemagne».

Cerise sur le gâteau, notre agence de presse nationale, l’AFP jugeait le même mois que «la France héberge entre 350.000 et 500.000 juifs, selon les estimations»… peut-être en transit temporaire avant autre chose…. ?

Les journalistes savent donc très exactement les conséquences de ce qu’ils écrivent.

Ils le font en toute conscience.

Retranchés derrière le concept aujourd’hui galvaudé de liberté de presse, ils poussent des cris de vierge effarouchée quand on met en doute leur comportement.

Plus, c’est parce qu’ils savent ce qu’ils écrivent, qu’ils en mesurent les conséquences, à l’exception de quelques idiots utiles -si il en a parmi les journalistes- que les médias persévèrent.

Si je vous lis bien…

Il y a près de 13 ans, l’auteur de ces lignes, exaspéré par ce que rapportaient déjà les médias sur le conflit israélo-palestinien, avait écrit à différents journaux, dont le quotidien chrétien «La Croix», devenu depuis la fin des années soixante promoteur de thèses anti-israéliennes atteignant parfois des sommets de mauvaise foi et de parti-pris.

«Votre volonté de ne donner, avec subtilité, qu’une vision unilatérale des choses parait avoir été et être encore un choix délibéré.

Vous-êtes vous demandé un jour comment, il y a un peu moins de 60 ans, des milliers de gens intelligents, sensibles, lettrés, avaient pu être conduits pas à pas, article après article, mot après mot, éditorial après éditorial, à accepter sinon à participer à l’innommable ?.

N’avez vous pas conscience d’avoir œuvré à la formation de générations d’antisionistes, d’anti-israéliens, et d’anti-juifs ?

N’avez vous pas imaginé quelles en pourraient être les conséquences ?»

Touché à vif, car surtout alors, ce qui n’est plus tout à fait le cas aujourd’hui pour de nombreux médias, l’allusion à un possible antisémitisme était rejeté avec violence, son directeur Bruno Frappat répondait avec vivacité et outrance : «écrire que La Croix est constamment sur une ligne éditoriale hostile aux dirigeants israéliens fait preuve d’une méconnaissance qui me paraît consternante.

J’éprouve à la lecture de votre lettre un glissement progressif de l’actualité proche-orientale à une rétrospective sur la Shoah.

Si je vous lis bien, nous sommes, je suis, au service d’un nouvel Hitler.

Nous sommes, je suis, responsable de ce qui s’est passé jadis et de ce qui pourrait se passer demain ?

Le caractère excessif, voire injurieux, de ce passage m’incite à lever la plume et à vous saluer fraternellement.»

Il avait effectivement bien lu et je lui répondis :

«Vous avez parfaitement compris mon texte écrit, je me permets de vous le rappeler, avant que ne se déchaînent les violences antisémites dans notre pays et dont Michel Kubler écrivait quelques jours après dans son éditorial de La Croix « Danger antisémite en France », Nous sommes tous responsables de la vigilance qui doit, partout et à tout moment, empêcher que ne renaisse la bête immonde.

Si pour tout ce qui touche au conflit israélo-arabe vous n’avez aucun état d’âme aussi léger soit-il sur les orientations de votre journal, s’il n’existe dans votre esprit aucun doute sur la façon dont vous rapportez les faits et donnez vos commentaires qui ont fait et font le jugement de vos lecteurs, alors je désespère de votre conception de l’objectivité et, je n’ai rien à ajouter. »

Enfin pleurer librement

Je sais aujourd’hui qu’il savait comme les autres, parfaitement, ce qu’il écrivait et ses dénégations n’étaient qu’arguments de circonstances.

Il avait, comme les autres, choisi son camp, choisi ses pauvres, choisi ses victimes, reléguant tous les autres dans la catégorie des ennemis à pourfendre.

Tout cela a conduit à ce à quoi on assiste aujourd’hui.

Il y a dans cette presse un choix constant où l’antisionisme n’est la plupart du temps qu’un faux nez de l’antisémitisme, et cela dure depuis trop longtemps.

Les extraits d’échanges avec Frappat montrent qu’il ne sert à rien d’expliquer, d’interroger, de démontrer ; ces gens ne changeront ni d’avis, ni de ligne de conduite.

Et pourtant, ils sont d’une sensibilité extrême : ils pleurent sans répit sur les juifs morts.

Mais pour eux, les juifs vivants ont le tort de n’être pas morts et il semble bien qu’ils n’aient qu’une seule hâte, celle de les envoyer «ad patres» aussi vite que possible, afin qu’ils puissent, enfin, les pleurer librement.

Lucides mais vigilants

Notre pays est aujourd’hui dans une phase de rupture.

Il se disloque et disparaît derrière des idées sans garde-fous ni morale.

Submergé par une immigration ancienne qu’il n’a jamais voulu contrôler, par une nouvelle diversité étouffante, il est faible face à ces défis et affiche une complaisance politique et sociale envers ceux à l’égard desquels il éprouve un sentiment irrationnel de culpabilité coloniale.

Face à cette situation délétère, les juifs doivent rester proches et solidaires, ce qui n’est à ce jour pas le cas et ne l’a jamais vraiment été, malgré tous les stéréotypes qui voudraient le faire croire.

Cette solidarité n’est sûrement pas à rechercher du coté de Rony Braumann, de Stéphane Hessel ou d’Olivia Zemour, mais auprès d’autres juifs qui refusent de livrer le sanctuaire.

Ils doivent, au sein de la République, se montrer lucides mais vigilants, conscients qu’en dernière extrémité «nolens volens» pour certains, il existera toujours un minuscule État, celui qui fait l’objet de tant de haine, pouvant les accueillir et les protéger.

C’est aussi pour cela que cet État refuge doit se maintenir fort, face à la meute accrue de ses ennemis ou de ceux qui, par intérêt ou lâcheté, le livreraient à la meute, comme les juifs le furent aux nazis.

Il ne peut compter que sur lui car personne ne le défendra s’il faisait face à un réel danger existentiel.

Fabien Ghez/ Temps et Contretemps Article original

copyright © Temps et Contretemps

TAGS: Antisémitisme Médias France Antisionisme Alteracisme AFP

La Croix Palestinisme Juifs Fabien Ghez Agence France-Palestine

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
yacotito

L’attitude de la presse me fait penser et vous m’en excuserez à « la professionnelle qui défend son souteneur pour ne pas dire exploiteur ». Les journalistes seraient-ils atteints du syndrome de Stockholm ou sont ils payés pour véhiculer de l’information biaisée ?

Faut dire à leur décharge que les principales agences de presse qui recueillent l’information sur le terrain sont infiltrées par les arabes:
– l’AFP a pour principal actionnaire un libanais anti-israelien
– Trevor Asserson – un juriste britannique spécialiste du contentieux – conclut : “Les reportages d’actualité de la BBC, concernant Israël, font preuve de distorsions par omission, en ne rapportant que des faits partiels »
– le Professeur Henry Silverman, de l’Université Roosevelt, à Chicago a enquêté à partir de 50 dépêches orientées de Reuters, sur des sujets touchant au Moyen-Orient. Ses conclusions, concernant cette agence de presse « objective » sont accablantes. Il conclut que la couverture du conflit, par Reuters au Moyen-Orient « est systématiquement infectée de propagande et qu’elle influence les lecteurs pour qu’ils se rangent du côté des Palestiniens et des Etats arabes contre les Israéliens ».

Les journalistes Français ne font alors que répéter les informations biaisées et partisanes d’agence de presse de terrain infiltrées par les ennemis d’Israel.

La question qui se pose est donc : sont ils dénués d’esprit critique, craignent-ils pour leur place ou sont ils simplement antisémites pour répéter des mensonges ?