Un jeudi soir le Baal Shem Tov indique à quelques uns des ses proches hassidim qu’il va partir pour Shabbat. Ses hassidim sachant qu’à chaque voyage il y a des choses extraordinaires à découvrir n’hésitent pas une seconde à suivre leur maître, sans savoir quelle sera la destination. Après avoir voyagé de longues heures, le carrosse qui les transporte s’arrête devant une cabane délabrée, qui se situe juste derrière une magnifique demeure, un palais presque, à l’orée d’une forêt.

Le Baal Shem Tov descend du carrosse et marche en direction de la porte de la cabane. Soudain la porte s’ouvre et un homme habillé comme un pauvre bûcheron, peu soigné, le regard sévère s’adresse de manière agressive au Baal Shem Tov, « Que voulez-vous ici ? ». Le Baal Shem Tov lui répond qu’il souhaite passez Chabbat chez lui. L’homme aux façons rustres lui répond « Comment ? Mais absolument pas ! Je vous connais trop bien vous les religieux, Shabbat vous prenez un temps interminable pour la prière, puis il y’a encore le kiddush, des bénédictions et des discussions autour d’un sujet de la Thora ! Je vais vous dire, moi le Shabbat après une dure semaine de travail, j’en profite à ma façon. Mes prières durent quelques minutes, mon repas est avalé rapidement et je me dépêche d’aller dormir. Je n’ai pas le temps de passer un Shabbat avec des gens comme vous ! ». Le Baal Shem Tov se fait suppliant. L’homme réfléchit, hésite puis dit « D’accord, vous pouvez restez, mais à condition que vous fassiez à ma façon ». Les hassidim ébahis regardent le Baal Shem Tov. Celui-ci accepte les termes. L’homme fait rentrer le groupe dans son humble demeure, dont l’état en dit long : l’endroit est sale, rien n’est rangé, la poussière est partout, les meubles sont cassés… Les hassidim voudraient s’enfuirent, mais le Baal Shem Tov leur fait signe de rester.

Le Chabbat se déroule selon le plan annoncé, quelques prières très courtes marmonnées, un repas très simple servi à toute vitesse. Le Baal Shem Tov se sent malheureux. Jamais dans sa vie il n’a passé un Chabbat aussi misérable. Il est vrai que chez lui, les prières durent des heures. Le repas agrémenté de champs profonds et de paroles de Thora éblouissantes est d’une richesse extraordinaire. Il n’y a pas de stress, que le bonheur et la sainteté du Chabbat. Mais ici….

Une fois Chabbat fini et après avoir fait la cérémonie de Havdalah, le propriétaire s’en va rapidement, sans dire un mot. Les hassidim n’ont qu’une envie : retourner à la maison. Soudain la porte du palace à côté de la cabane s’ouvre. En sort une femme très digne et resplendissante, d’une beauté spirituelle hors du commun.

Elle s’adresse au Baal Shem Tov « Rabbi, nous voudrions vous inviter pour le repas de Melave Malka (repas que l’on prend après la fin de Chabbat) » en l’enjoignant de rentrer dans la magnifique demeure. A l’intérieur tout est splendide et respire la sainteté. Une table est dressée dans l’énorme salon, de nombreuses bougies brûlent éclairant la pièce et des mets succulents sont posés sur la table.

La femme dit au Baal Shem Tov : « Mais me reconnaissez vous ?». Et le Baal Shem Tov soudain se souvient de Feigele la petite orpheline « Mais oui, tu es Feigele, la petite fille qui a grandi chez nous ! ». Celle-ci confirme. « En effet Rabbi j’ai grandi chez vous et je vous en suis éternellement reconnaissant. Tout allait très bien, mais il y’a eu juste un incident dont il faut que je vous parle. Un jour j’ai eu des poux dans les cheveux. Votre épouse devait me peigner énergiquement pour faire partir les poux. Et moi j’ai crié, crié, c’était douloureux. Et vous, vous avez écoutez mes cris mais vous n’avez pas réagi. ».

A ce moment la porte du splendide salon s’ouvre. Un homme rentre, élégant. Vêtu de beaux habits, soigné, avec une démarche noble. Le Baal Shem Tov et ses hassidim sont bouche-bée. Il s’agit bien de l’homme qui les a hébergés Shabbat ! Mais quel contraste ! Ils ne comprennent plus rien.

Feigele regarde le Baal Shem Tov et lui dit doucement « Rabbi je dois vous présenter mon mari . Sachez qu’il s’agit d’un homme très saint, d’un grand tsadik. Il est même le chef du fameux mais très secret groupe des 36 tsadikim, par le mérite desquels le monde subsiste. J’ai le privilège d’être sa femme. Je vais vous expliquer… Quand j’ai épousé mon mari, celui-ci m’a un jour confié que vous, le Baal Shem Tov, avez un mérite extraordinaire. Pourtant il y avait dans le Ciel une grande accusation contre vous. Comment une personne d’une telle envergure a pu rester impassible devant les cris d’une petite orpheline ? Il est vrai que les manières de votre épouse étaient tout à fait justifiées, mais quelqu’un aussi grand que le Baal Shem Tov se devait de faire quelque chose…En conséquence il a été décrété que le Baal Shem Tov serait privé du Monde futur !

Pour ma part j’étais dévastée. Comment ? Le saint homme qui m’a recueilli et élevé dans sa maison comme sa fille ? J’ai demandé à mon mari de faire quelque chose. Celui après de longues prières a obtenu du Ciel une punition alternative. Sachant que pour vous le Chabbat est un jour de délices et d’élévation spirituelle tellement extraordinaire, il a été décidé que le Baal Shem Tov passerait une fois un Shabbat terrible. C’est pour cela que mon mari s’est dévoué pour vous faire passer un Chabbat tellement difficile, tout ceci afin que vous obteniez un pardon complet. Mon mari m’a confirmé juste après ce Shabbat que dans le Ciel on a tourné la page et que tout est maintenant en ordre….

Venez donc maintenant partager ce repas avec nous comme il se doit et je suis sûr que mon mari voudra avoir avec vous des conversations passionnantes sur des sujets de la Thora…

Réflexion : On peut seulement comprendre ce que c’est de manquer Shabbat quand on l’a déjà vraiment fait. Shabbat : l’essayer c’est l’adopter…

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