Des officiers supérieurs israéliens ont exprimé des appréhensions, ce mercredi 29 mai, face à l’élargissement de l’intervention militaire dans la guerre civile en Syrie, de la Russie, de l’Iran, du Hezbollah et, tout récemment, aussi de l’Irak. Ils ont fait de la guerre civile en Syrie la plaque tournante d’une lutte contre l’Occident et une échelle qu’escaladent l’Iran et le Hezbollah, son supplétif, pour s’élever au rang de première puissance régionale au Moyen-Orient.

La Russie, l’Iran et le Hezbollah sont en train de gagner cette compétition, contre un Occident dirigé par les Etats-Unis, qui ne montre aucune résistance, et un Israël hésitant.

Un officier supérieur de Tsahal a reconnu, mercredi 29 mai, que le gouvernement et les chefs militaires d’Israël sont décontenancés, quant à la façon de procéder.

Ils ont encore à revenir du mauvais calcul calamiteux, disant que les jours de Bachar al Assad étaient, soit- disant, comptés, auquel ils se sont obstinément accrochés, durant presque dix-huit mois.

Même aujourd’hui, certains porte-parole font référence à une “Syrie désintégrée”, perdant ainsi de vue que les changements stratégiques et militaires majeurs qui submergent le pays se réalisent, entièrement, au détriment d’Israël, autant qu’ils érodent ses options contre l’Iran nucléaire.

A un moment où les Etats-Unis et Israël devraient employer leurs moyens militaires les plus lourds, afin de ralentir la course de l’Iran vers l’obtention de la bombe nucléaire, Téhéran, avec l’appui de Moscou, a transporté ses atouts militaires aussi près que possible des frontières d’Israël, en Syrie et au Liban et ouvertement menacé de les utiliser.


Exercice militaire russo-syrien

A la grande différence de la Syrie et de l’Iran, Israël ne peut pas compter sur une intervention militaire contre un agresseur quelconque, de la part de grandes puissances qui le soutiendraient.

Selon les sources de Debkafile à Washington, aucune partie de l’Administration Obama, y compris ses bras armés et des renseignements, n’est en faveur d’une action en Syrie.

Même les preuves directes de l’utilisation d’armes chimiques, déjà à l’œuvre en Syrie, sont vaines.

A Addis-Abeba, le Secrétaire d’Etat américain John Kerry a répété le mantra de l’Administration à tue-tête, mercredi, en niant l’existence de « preuves concrètes » de l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.

Le Secrétaire et son cortège de l’OTAN sont restés sourds au témoignage éclatant, apporté, dans Le Monde de mercredi, par deux reporters, qui ont risqué leurs têtes, en passant deux mois, confinés dans le secteur de Jobar, à Damas.

Ils ont découvert que la Russie ou l’Iran ont développé une arme chimique qui n’explose pas.

La diffusion de ces gaz empoisonnés provoque un bruit identique au décapsulage d’une canette de soda et n’a « ni odeur, ni fumée, pas même un sifflement pour indiquer la propagation d’un gaz toxique ».

Alors, que se passe t-il ensuite ?

Les reporters du Monde ont fourni une description graphique de première main.

“Les hommes toussent violemment. Leurs yeux brûlent, leurs pupilles se contractent, leur vision devient floue.

Peu de temps après, ils éprouvent des difficultés à respirer, parfois jusqu’à l’extrême ; ils commencent à vomir ou à perdre conscience. Les combattants les plus affectés ont besoin d’être évacués avant de suffoquer ».

Mercredi matin, le front intérieur israélien a répété les conditions d’une attaque sur la banlieue de Jérusalem, par un missile chargé de gaz chimique.

Le Premier Ministre Binyamin Netanyahou, qui observait, a déclaré que l’exercice est conçu pour protéger les civils israéliens “ contre les menaces qui s’accumulent autour de nous”.

Le front intérieur d’Israël est le mieux protégé au monde, mais aussi le plus menacé, a-t-il ajouté :

« Nous devons nous assurer que la défense est en place avant toute attaque ».

Mardi, le Ministre de la Défense Moshé Ya’alon a exprimé sa certitude que le Président syrien n’emploierait pas d’armes chimiques contre Israël ni ne traitera les Israéliens de la même façon qu’il traite son propre peuple.

Il n’y a aucune indication que quiconque dans la région ait l’intention de nous défier, dans des temps rapprochés, avec des armes non-conventionnelles, a affirmé le Ministre de la Défense.

Les sources militaires de Debkafile trouvent le commentaire de Ya’alon bien illusoire.

Elles ne voient pas pourquoi Assad traiterait les Israéliens différemment que son propre peuple –particulièrement depuis que Tsahal l’a exposé comme étant sans réelle capacité dissuasive.

Après tout, aucune des trois frappes aériennes d’Israël, en janvier et mai, n’a stoppé l’afflux de combattants du Hezbollah en Syrie.

Et, pendant tout ce temps, les dirigeants syriens et du Hezbollah ont déclaré fort et clair qu’un front de guerre contre Israël est déjà opérationnel, à partir du Golan syrien et du Liban.

La question demeure de savoir qui, en Israël, écoute ces avertissements. Et qu’est-ce qui est fait pour s’assurer qu’Assad sera empêché d’utiliser des armes chimiques contre l’armée israélienne et des cibles civiles au moment qui lui conviendra.

La série d’évènements de ces dernières 48 heures est, de ce point de vue, troublante – c’est le moins qu’on puisse dire.

Lundi, on a rapporté que le Sénateur américain John Mc Cain s’était rendu en visite en Syrie. En quoi consistait cette « mission » ?

Debkafile révèle que : le Sénateur est entré en Syrie via la Turquie par le corridor de Kilis, qui est la principale route d’approvisionnement pour les rebelles syriens d’Alep, l’une des rares encore sous leur contrôle.

Mc Cain a pénétré de quelques 300 m en Syrie, a fait prendre une photo et est reparti.

Une publication américaine a rapporté mercredi que le Président Barack Obama avait ordonné au Pentagone d’élaborer des plans en vue d’établir des zones d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie, contre les avions de la chasse syrienne.

Là-dessus, le Pentagone a, immédiatement, diffusé un démenti :

« Il n’existe pas de nouveaux plans opérationnels américains », a déclaré le porte-parole.

La réplique de Moscou était déjà prête à être mise en place, bien avant même que le reportage ne soit publié :

L’adjoint au Ministre des Affaires étrangères déclarait que les missiles anti-aériens S-300, que la Russie livrait au régime Assad, étaient un “facteur stabilisant” qui pourrait dissuader “des têtes brûlées » d’entrer dans le conflit.

Dans les catégories de pensée par lesquelles Moscou classait les interventionnistes étrangers : les Etats-Unis, Israël et leurs dirigeants étaient des « têtes brûlées », alors que Moscou qui alimente le conflit »>Article original était le « stabilisateur » calme, posé et rationnel.

A ce titre, les sources des renseignements militaires de Debkafile révèlent qu’un énorme avion-cargo russe a atterri à l’aéroport de Latakieh, mercredi, avec 60 tonnes « d’aide humanitaire pour la Syrie ».

La nature réelle du contenu de cette cargaison n’a pas été divulguée, mais la dernière chose que cela pourrait être, serait du matériel « humanitaire », étant donnée l’aide militaire massive que Moscou est en train de fournir à l’armée d’Assad.

Moscou a aussi frappé à la tête la décision timorée des ministres des affaires étrangères de l’Union Européenne, mardi, de lever l‘embargo sur les armes à destination des rebelles syriens, qu’ils ont précautionneusement conjugué à la décision de ne pas leur envoyer d’armes.

En somme, les Etats-Unis ne font rien pour aider les rebelles, l’Europe n’envoie pas d’armes, les patrons des rebelles, dans le Golfe Persique se sont inclinés, sous la pression de Washington et ont drastiquement réduit leur aide en armes, alors qu’Israël déclare qu’il ne veut pas prendre part à la guerre civile syrienne – même après avoir pris en compte les risques calamiteux du fait qu’une puissance mondiale (la Russie), qui lutte contre Israël aux côtés de ses ennemis de toujours, leur apporte les moyens de prendre l’avantage.

Alors, qui alimente les flammes du conflit syrien, par de généreuses livraisons de matériel militaire lourd ?

Qui, sinon la Russie, l’autoproclamé « facteur stabilisant » ?

Le Commandant Suprême de l’Armée Syrienne Libre, le Général Salem Idris a fait une démonstration désespérée de bravade, mercredi, en menaçant de frapper les places fortes du Hezbollah au Liban, si Hassan Nasrallah ne retire pas ses brigades de Syrie dans les 24 heures.

Le Hezbollah sait parfaitement bien que le Général Salem est à cours d’armes, tout comme il sait pertinemment que les Etats-Unis, l’Europe ou Israël n’interféreront pas contre l’afflux des forces de combat qu’il déverse en Syrie.

Au pire, quelques roquettes s’abattront sur les centres du Hezbollah à Beyrouth et dans la Vallée de la Beqa’a.

Tôt mardi matin, les rebelles ont tenté de mener une embuscade contre les forces du Hezbollah, près de la ville d’Arsal, à l’Est (du Liban).

Leur opération a mal tourné, en tuant par erreur trois soldats libanais, qui contrôlaient un barrage de l’armée.

L’officier supérieur israélien interviewé par Debkafile a mis en mots toutes ces appréhensions, en disant :

“Une catastrophe militaire et stratégique, pour l’Occident et Israël, est en train de prendre son rythme de croisière, en Syrie, et personne, à Washington ou Jérusalem, ne bouge le petit doigt.

Les têtes pensantes du gouvernement et de l’armée n’auraient jamais imaginé que la guerre en Syrie puisse prendre cette tournure.

Mais nous ferions mieux de nous réveiller, pour cette onzième heure –avant qu’il ne soit trop tard ».

TAGS : Géopolitique Syrie Assad Armes Chimiques Israël USA

Obama Hezbollah Liban Iran Russie

DEBKAfile Article original Reportage Spécial 29 mai 2013, 1:23 PM (IDT)
Adaptation : Marc Brzustowski/ Lessakele Blog Article original

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Armand Maruani

Que faut il à l’Amérique pour intervenir , un nouveau Pearl Harbor ? Israël ne sera pas aussi patient , il y va de son existence .