Comment conquérir le pouvoir et comment le conserver ? Ces deux grandes questions sont au cœur de l’œuvre de Nicolas Machiavel et notamment de son ouvrage le plus connu : Le Prince.

Tout porte à croire que depuis son accession au Consistoire Central après celui de Paris et vice-versa (il s’agit d’un jeu de chaises musicales) le prince Georges s’est approprié le Prince, comme livre de chevet.

Pour Machiavel, ce n’est pas tant d’être doté de qualités que de savoir les modeler en fonction des circonstances de lieu et de temps. Vicieuses ou vertueuses, les qualités doivent servir la finalité de la conservation du pouvoir. Son entourage, composé d’hommes et de femmes, tous dévoués à leur prince compte peu. Ce dernier les instrumentalise au gré de ses objectifs-caprices. Plus encore, il fait fi de la règle de droit. Un exemple parmi d’autres : accepter que la commission travaux soit composée et présidée par un seul homme administrateur du Consistoire et de surcroît architecte de profession devrait interpeller les fidèles du prince. Chut ! Paraphrasant Primo Lévi, nul n’est autorisé à poser des questions. Même, une toute petite question comme celle d’un enfant qui dirait « n’y aurait-il pas là quelques conflits d’intérêts ?»

La parole, il accorde avec parcimonie. Seul, il est autorisé à prêcher en haut des estrades et des tribunes. Convaincu de la force de son verbe. Au point qu’il n’écrit jamais. Vous ne verrez devant lui ni feuille immaculée, ni stylo. C’est simple, Il n’écrit jamais. Un conseil, ne lui adressait aucune missive. Il ne répondra pas. Il se sentira persécuté, agressé. Il considèrera que c’est un délit de « lèse-prince ». Moi, prince de la rue Saint Georges m’abaisser à m’expliquer devant «les croquants» est une injure à ma personne princière. D’ailleurs, Il est proclamé dans toute la principauté par ses servants que le prince n’a de compte à rendre ni à Dieu et encore moins aux «vilains» Machiavel n’a-t-il pas affranchi le prince de toutes contraintes à l’endroit du bas peuple.

Pourtant, ici et là, son entourage le décrit comme un véritable démocrate, suscitant le débat, la libre parole et l’écoute active. Poudre aux yeux, artifices, à l’instar de tous les princes, il est un remarquable illusionniste. De temps à autre, il y a quelques membres de sa cour qui se rebiffent. Mais vite, rappelés à rentrer dans le rang en faisant acte de repentance et recevant quelques hochets pour leur allégeance.

Le prince, qui n’est pas économe de promesses, les sème à tous vents, en se disant au fond de lui-même avec cynisme et mépris que «Les promesses n’engagent que ceux ou celles qui les reçoivent»

Point d’états d’âmes. Il justifiera son déni de parole en adoptant la posture de la victime-qui lui sied à merveille-depuis qu’il joue ce rôle. «Moi, prince! «Devant les hommes et devant Dieu, je ne m’engage à l’égard de quiconque! «Eloignez-vous de mon chemin, « manants» de la «banlieue! Je ne fréquente «que les seigneurs de la rue Saint Georges. Seul, le prince a vocation «d’ennoblir les hommes de religion»

Machiavel estime que le prince ne doit pas craindre d’être craint. «Mieux vaut être craint que d’être aimé». Notre prince de la rue Saint Georges veut les deux: être aimé et craint. Il sait feindre la gentillesse et la compassion pour mieux apprivoiser ses proies, les enveloppant de ses bras, les mirant d’un œil de velours et les caressant d’une main de fer recouverte d’un gant de velours Dès lors, qui se risquerait à discuter ses choix, ou être en concurrence avec lui?» Ne suis-je pas le prince? Avec, pour leitmotiv : «Je veux tout, tout de suite, et l’autre est un gêneur». Il est clair que notre prince joue avec les limites

Ainsi, fut-t-il inauguré lors du bicentenaire du consistoire, avec princes consorts, trompettes, flonflons, tambours et discours à la gloire du prince de la rue Saint Georges, un bâtiment rénové et embelli, alors que la commission de sécurité n’était pas passée et n’avait pas donné l’autorisation d’ouvrir au public de façon solennelle.

Somme toute, notre prince ne serait qu’un gros bébé qui aime téter sans limite.

André BENAYOUN

L’auteur de ce feuilleton précise que toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé ne serait que pure coïncidence.

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Armand Maruani

suite

Ne transformons pas des querelles de clochers en divisions , nos ennemis s en chargent .

Armand Maruani

Monsieur BENAYOUN , pensiez vous au Pape , qui demeure le seul Monarque absolu ayant existe depuis saint Pierre ? Chez Nous ce genre de personnage n existe pas .