Racket au guet: le droit de réponse du Rav Y.I. Pevzner, ou pourquoi n’est pas Jérôme Cahuzac qui veut.Suite à la parution d’un article du blog Avenir du Judaïsme Article original mettant en cause, entre autres, le Rav Y.I. Pevzner, dans une sordide affaire de chantage au guet, le Rav Pevzner en question a fait circuler un droit de réponse Article original. Au vu des contradictions internes et de certaines anomalies qui y sont présupposées, il semble raisonnable de se demander si ce démenti n’est pas un fake destiné à enfoncer encore plus profondément les rabbins mis en cause.


Mais pourquoi, diantre, personne ne dit que 90.000€, c’est le prix de l’alliance chez un tout petit petit bijoutier?

Mais que ce démenti provienne ou non de sa plume, il nous a semblé instructif, en bon ami des mots et amateur de l’argumentation, d’en proposer une analyse sémiologique. La plume faisant parfois des lapsus, laissant échapper cette vérité qu’elle veut contrôler, l’exercice de l’explication de texte semblait taillé pour ce démenti. Juste pour le plaisir de l’exercice de décryptage et sans se prononcer sur la réalité des faits. Les mots, rien que les mots. Mais les mots qui mènent parfois à trahir la réalité mieux que n’importe quel « fait » ou « preuve ».

Vous connaissez sans doute cette blague célèbre : Un homme emprunte à son ami son rasoir. Il le lui rend cassé. Ce dernier lui demande alors pourquoi il lui a cassé son rasoir. Et l’ami de répondre : « D’abord ce n’est pas moi qui l’ai cassé, il était déjà cassé quand tu me l’as prêté et puis je ne t’ai jamais emprunté ton rasoir ».

Le caractère drolatique de cette blague provient de ce que l’homme, se contredisant lui-même, ruine les différents mensonges, plausibles lorsqu’ils sont pris séparément mais auto-réfutants lorsqu’on les met côte à côte.

Le démenti du Rav Y.I Pevzner emprunte exactement la même structure que cette blague.

D’abord, le déni.

Ensuite, la réécriture de l’histoire en inversant les responsabilités.

Enfin, la mauvaise foi pure et simple.

Après les usuelles menaces de plainte pour « calomnie mensongère » (tiens d’ailleurs une calomnie étant par nature mensongère, pourquoi ce besoin d’insister sur le mensonge de la calomnie ?), les traditionnels cris d’orfraie du gamin pris en faute : « C’est pas moi M’sieur, j’ai rien à voir là-dedans, chu pas concerné », ainsi que le reproche moral voilé genre NSA à Snowden, « Comment toi, quelqu’un de si bien, oses-tu tremper là-dedans, dans le scandale, le racolage ? C’est pas bien », le Rav Pevzner nous raconte sa version des faits.

Il aurait été subitement contacté, tel l’homme providentiel, le matin du Guet, par un éminent responsable du Consistoire (on reconnaît le Rav Gugenheim, ce n’est pas sympa Monsieur Pevzner de balancer les copains), pour y assister et jouer le rôle de « facilitateur » (chez nous, on appelle comme ça les laxatifs, je ferme cette parenthèse digressive). La famille de la femme, aurait décidé d’elle-même, très spontanément, de proposer un « accord amiable », notamment concernant le « dédommagement financier réclamé par le mari » et l’idée leur serait évidemment descendue comme le Saint-Esprit sur la Vierge, de faire un don aux institutions Sinaï de 90000 euros, sans que personne ne leur glisse le nom, rien, comme ça, par amour des Loubavitch, ou peut-être parce que le Rabbi serait apparu en rêve à l’un d’eux. La beauté de l’acte gratuit.

Arrêtons-nous sur les termes car ces quelques lignes sont une très belle leçon d’euphémisme :

1) L’ « accord amiable » pour le guet. Amiable par opposition à quoi ? Contentieux ? Judiciaire ? Serait-il question ici de la procédure au civil pour préjudice moral dont parlent les journaux ? Il semblerait, selon ce qu’en disent les journaux, que la femme avait une procédure devant les juridictions civiles pour non-remise de guet comme volonté de nuire. Et la famille, d’un coup d’un seul, et alors même qu’elle n’avait aucune raison de proposer « un accord amiable » (quel odieux terme pour désigner la soumission à un chantage), « accord » qu’elle avait refusé pendant cinq longues années et alors que la procédure arrivait à son terme, se serait bénévolement proposée ? Il y aurait vraiment des gens très très bêtes…

2) Un « dédommagement financier » réclamé par le mari ? Un dédommagement présuppose un dommage. Le Rav Pevzner suppose donc que le mari a été lésé par son épouse et que la juste réparation de ce dommage (mais alors pourquoi en échange du guet ? Quel rapport avec le prétendu dommage?) est une compensation financière. Pourquoi pas. Nous ne connaissons pas les protagonistes personnellement et peut-être la femme a-t-elle réellement blessé son époux par je ne sais quel outrage (hallot ratées, pas de massages de pieds le vendredi soir? L’histoire reste silencieuse sur ce sujet) Mais alors un dédommagement financier pour quoi ? Pour la douleur égotique de devoir donner le guet à son épouse alors qu’on l’a fait traîner depuis cinq années ? Pour le Guet lui-même ? Pour avoir été quitté ? Et puis, le rabbin Pevzner applique-t-il la même règle du dédommagement financier aux épouses dont il estime qu’elles ont été lésées par leurs époux ? je demande à voir.

3) Et là, la blague, le lapsus, la plume qui flanche, qui trahit : « D’un commun accord ils ont proposé que cette somme soit offerte comme don à une de nos associations ». Quand je propose quelque chose, ce qui est présupposé par la proposition, c’est qu’elle vienne de moi, que l’initiative soit attribué au « je » qui parle. Quand nous faisons quelque chose « d’un commun accord » il est entendu que la décision a été prise suite à une discussion à deux, un compromis. Je me vois mal proposer à mon épouse « une sortie d’un commun accord », ou encore proposer un café à mes invités d’un commun accord. Quelque chose cloche dans la formulation, et ce quelque chose qui cloche est signifiant.

On revient à nos moutons barbus : Qui alors a « proposé d’un commun accord » que l’argent soit versé comme don à une association de Monsieur le Rav Pevzner, qui rappelons le, n’était à ce moment-là pas du tout impliqué dans l’histoire, cf. les lignes d’avant (et son nom aurait été sorti du chapeau comme par magie) ? La famille ? Le rabbin en charge de la négociation ? Pourquoi, lui, parmi les centaines associations existantes ? Pour sa proximité avec le mari, qu’il admet lui-même connaître ?

4) Et puis, la question qui fâche : si l’argent était finalement destiné à être un don à une association, quid du « dédommagement financier demandé par l’époux » dont parle Pevzner quelques lignes plus haut? Le malheureux époux récalcitrant en attente de dédommagement aurait-il été prêt à se démunir et à se retrouver, telle la cigale de La Fontaine, « fort dépourvu » une fois le pactole cashérisé dans une association ? Deux hypothèses:

a) Ou bien le monsieur en question est un grand tzadik, et aurait été prêt à renoncer à l’argent pour les bonnes œuvres (mais tout de même, cinq ans pour se voir passer sous le nez le butin, ça fait mal, non?)

b) Ou bien le fameux don était une façon de cacher le chantage (tout de même, 90000 euros d’un coup, le banquier se pose des questions, non?) et l’argent n’aurait fait que transiter en partie par l’association pour être, osons le mot, blanchi. Attention, nous ne portons ici aucune accusation, hein, nous poussons simplement un texte dans ses retranchements logiques.

Ensuite, le sieur Pevzner explique son rôle de grand juge magnanime. Il aurait décidé que les choses avaient « assez duré ». N’aurait-il pas pu décider cela un peu plus tôt, avant que la femme ne perde objectivement cinq années de sa vie sans pouvoir se marier ni avoir de relation amoureuse ? Cinq ans c’est trop, mais quatre, c’est bien ?

Il suggère donc que s’il l’avait décidé plus tôt, il aurait pu aider au dénouement de la situation plus tôt. Quel a été le moteur de sa décision ? La compassion, ou le chèque ?

Il aurait, toujours selon ses dires, eu un rôle essentiel dans la libération de la jeune femme. (On verse sa larme devant tant de bonté)

Enfin, apothéose suprême, lapsus magnifique, il affirme ceci : « Dès que j’ai constaté à la fin de la cérémonie de l’énorme machination et piège qui nous a été tendu, j’ai refusé catégoriquement de prendre le chèque et il a été devant moi restitué à la famille ».

Traduisons : Sitôt qu’il a constaté que les personnes s’étaient prémunies en prévenant la police et en s’équipant de caméras, il aurait refusé de prendre le chèque. Ce qui présuppose là aussi, qu’en l’absence d’une telle prise de conscience, il l’aurait accepté !!!!!

Donc, conclusion 1, il comptait bien accepter le chèque. Conclusion 2, il a rendu le chèque dès qu’il a compris qu’il était en danger et que tout cela risquait d’être dévoilé. Le « refus catégorique » est également très drôle, comme si on l’avait supplié d’accepter le chèque et qu’il aurait, tel un parent sévère face à la demande d’un enfant, catégoriquement refusé. Je n’ai pas souvenir d’avoir lu que le chèque avait été gardé ou encaissé, j’ai entendu parler de « tentative d’extorsion de fonds ». En cherchant à s’excuser par ce fait hypothétique que le chèque aurait été rendu, le Rav Pevzner démontre qu’il est impossible qu’il l’ait rendu de son plein gré.

Et tout cela est contenu dans ses propres propos ! Les tours que la langue nous joue me laisseront toujours sans voix.

Je dois avouer, que, si j’ai tendance à être du côté des sceptiques dans un scandale et que je doute de tout, même de moi-même, ce démenti a réussi à faire ce qu’aucun article sur le sujet n’avait réussi à faire : me convaincre de la véracité des faits évoqués.

Sans rancune, Monsieur le rédacteur de ce démenti (qui n’est peut-être pas le vrai Rav Pevzner, espérons-le pour lui), vous avez illustré à la perfection une très belle expression française : « scier la branche sur laquelle on est assis ».

Par Tony Assayag

7 mai 2014

http://www.objectivite.org/droit-reponse-rav-pevzner Article original

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Kreuzer

« drôle si ce n’était tragique »;
J’ai adoré votre histoire juive! J’en ris encore. Tartuffe, pas mort.

barmoha andr

Les Rabbins sont les garants de la morale Juive, cela devrait être le cas, mais qu’il commence par être clair et précis sans jouer sur les mots et faire le ménage entres eux.

Et d’Arrêtez de pratiquer le double langage ou l’ambiguïté et la division sur des sujets très important :

Au sujet des lois de la Hala’ha, en précisant s’il s’agit des lois de la Hala’ha Rabbinique ou de la Hala’ha Torahique.
Comme dans l’exemple de la transmission du judaïsme ( père (Hala’ha Torahique) ou mère ( Hala’ha Rabbinique ) ou les deux ailleurs qu’en France, au USA, GB…)

Avec les divergences d’un pays à l’autre sur ce sujet….

S’ils sont Sioniste ou antisioniste ou même simplement « pro Alya ou non », comme de nombreux Rabbins à travers les divers mouvements orthodoxes.
Comme ceux qui organisent le Jour de Yom Hasmaout, en France et ailleurs, des conférences sans aucun rapport ou le moindre mot pour cet événement, voir même pour certains des activités antisionistes diverses.

D’arrêter de créer la discorde et la division par leurs nombreux mouvements indépendants, des communautés ayant chacun « sont système »…

Sur la cacherout et ses divergences, de règles, de lois, de plus en plus les lois venant d’Israël font la règle commune, gommant les mitnagim des uns et des autres…. Qui de plus en plus disparaîtront avec les années…

Dans ce dossier cité dans l’Article, il manque des noms, comme un certain rav Assous, sur les conversions et autres faits discutables qui sont sous sa coupe…… Encore un Allergique à Israël et à ses lois, préférant visiblement les siennes….

De la division, que de la division, et ce sont les rabbins, puis les orthodoxes, les premiers responsables de ces faits, les guides spirituels, les donneurs de leçons des communautés.

Et après certains s’étonnent que des Juifs deviennent laïcs, allergique au fait religieux, avec ce type d’attitude à rendre « antisémite » un Juif.

Preuve selon moi, qu’il manque un Grand Rabbinat Mondiale siégeant en Israël réglant tout les aspects du judaïsme pour tous.
Cela bien sur n’arrangera pas les ptits combinards de chaque pays et communautés, mais cela devrait rallier les intègres.

CQFD. André BARMO’HA.

Jonathan

Pas d’accord. Il ne s’agit pas de condamner. Il s’agit de regarder les choses en face. Je suis de trop près les affaires de guet pour être de votre avis. Oui, c’est bien beau de se draper dans des principes pour en fin de compte ne rien faire. Mais la politique de l’autruche a assez duré. Un divorce est déjà assez pénible en soi. Alors l’institution consistoriale doit être au-dessus de tout reproche. Et ne parlons même pas d’un homme comme Pevzner.

Et aussi réfléchissez: ces histoires sordides de guet, voyez-vous, cela peut arriver à tout le monde, même chez les plus sages et dans les meilleures familles.

Jonathan

Je dois reconnaître que l’explication de Pevzner — si elle s’avère authentique — est pathétique. L’affaire est très troublante et son rôle semble plus que douteux. Sordide. Inutile de se voiler « religieusement » la face.

BIBI 01

Ignoble institution du Get, a vous degouter de la religion, et pourtant qui n’a rien a voir avec la « Loi » mais repose sur une stupide tradition machique, a jeter aux orties. Le male n’a t’il pas honte de lui-meme de ce pouvoir regalien qu’il s’arroge sur son ex? Les « Sages » acceptent-ils [et profitent] de cette situation cree par eux-meme? S’accomodent-ils de cette ambiance maffieuse? Quelle hypocrisie; que dire de l’escroquerie de reclamer dans 1 premier temps 30000euros [seulement !] puis de faire l’honnete homme en en demandant le triple pour leur association [c’est plus propre, c’est pas pour moi…] car les 2/3 seront deduits des impots [outre l’escroquerie legale aux finances publiques] et ca revient au tarif initial pour la victime….
Quel monde !
Mon avis: peu importe de qui sont les torts du divorce; admettons qu’ils soient partages, mais le mari qui a des exigences de cet ordre se mets a dos 100% des torts et ce serait a lui de payer l’amende dans un monde mieux fait.
Le Get d’office, oui, [gratuit, obligatoire et immediat, impose par le Crif], mais pas le « Gelt ».

DANIELLE

Rien à ajouter sur le texte de Toni Assayag, à part tristesse et toujours tristesse sur cette histoire.

De toutes les façons tous les détails de l’affaire devront être dévoilés.
Je n’arrive pas à comprendre : pourquoi une femme doit payer une somme à son époux pour le quitter, n’est-il pas écrit : Une femme se marie pour être heureuse, si elle ne l’est plus elle doit quitter son mari.

Voyez-vous finalement il vaut mieux être pauvre, ainsi vous n’avez pas les moyens de divorcer alors vous restez à vie avec un homme qui s’appelle « mari »!

Chabbat chalom !

MarcBRZ

Il faudrait savoir ce qu’on veut : il n’appartient pas à l’auteur (T. A) de porter un jugement sentencieux ni de « condamner ». Ce serait sortir de son rôle. Par contre, assez finement, il met à jour les fils blancs de cette « explication » qui est pire que ne rien dire, et même « d’avouer ». Même sans connaître le fond de l’affaire, ce démenti parle tout seul.

Et qui pourrait « condamner », si ce n’est un Beth Din des Beth Din, une « police des polices »?

Au bout du compte, est-ce que, même la Justice civile, ne dira pas qu’on ne peut enregistrer à son insu des gens impliqués dans une affaire… ?

Quoi qu’il en soit, l’omerta ne marche pas. (à suivre).

david c

@ tony assayag : « ….Juste pour le plaisir de l’exercice de décryptage ….» ! ! ! votre « texte » est simplement merdique ! parce que ces faits consternants doivent être condamnés , ainsi que leurs auteurs , et ce n’est pas un jeu …. »juste pour votre plaisir » !

Azoulay

pauvre de nous pour la punition divine qui nous attend.
apparemment, quelqu’un cherche à enfoncer des concurrents pour un poste important, dans la communauté.
les lois du guet sont notre tradition.
les affaires de couple sont douloureuses et compliquées, guet ou pas guet.
le ben din a certainement voulu aider de bonne foi une femme à obtenir son guet.
les transactions financières dans une séparation sont courantes, le plus souvent au profit de la femme. pourquoi serait-ce choquant au profit du mari ?
qui connait vraiment cette histoire, peut-être le Grand Patron, et encore.