Le plan iranien : isoler le maillon faible US, au sein du P5+1 pour en tirer le maximum d’avantages.

Un document du Ministère des affaires étrangères iranien expose la stratégie probable adoptée pour les discussions à venir à Genève. Rouhani veut que ces pourparlers durent le plus longtemps possible.


Le Président Hasan Rouhani, à droite, rencontre le Président français Francois Hollande au cours de la 68ème session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, mardi 24 Sept.2013 (photo credit: AP/Craig Ruttle)

A la veille des négociations à Genève sur le nucléaire, un document iranien a fait surface, qui met en lumière la stratégie probable de Téhéran, lors des pourparlers : il s’agit de séparer et d’isoler les Etats-Unis, conçus comme le « maillon faible », de ses alliés européens du P5 +1, dans le but de briser l’échine du consensus international, qui applique des sanctions strictes contre l’Iran.

Ce document, intitulé : “Progamme du Ministère des Affaires étrangères à l’intention du gouvernement Rouhani”, a été publié par le Ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, le 7 août, quatre jours après l’investiture du Président Hassan Rouhani, dans un rôle taillé sur mesure. Distribué, à l’origine à quelques agences de presse iraniennes, ce manuel diplomatique a ensuite été posté sur le site internet du Ministère des Affaires étrangères.


Une poupée-Barbie idéale entre les mains de Rouhani?

L’expert de l’Iran Steve Ditto Article original, affilié à l’Institut de Washington des politiques au Proche-Orient a traduit le document à l’intention des auditoires anglophones, et il affirme que la stratégie consistant à isoler les Etats-Unis de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Allemagne, de la Russie et de la Chine –les autres membres du club P5+1 – « est parfaitement dans la ligne des nombreux écrits de Rouhani », personnage qu’on peut lire « comme un livre ouvert« .

Le document décrit “ la stratégie opérationnelle de court et moyen terme”, à adopter lors des discussions sur le nucléaire et affirme que, faisant partie de cette stratégie, l’Iran “changera définitivement la donne de son environnement sécuritaire global”, en “brisant la coordination entre les puissances les plus importantes et en neutralisant les efforts des Sionistes et des Américains, visant à construire un consensus international contre l’Iran”. Cette stratégie espère, plus spécifiquement, « neutraliser les leviers de l’Amérique et du régime sioniste, à l’égard des pays et institutions multilatérales, concernant l’Iran ».

Depuis 2006, la communauté international – menée par les initiatives des Etats-Unis – a travaillé par le biais de l’Agence Internationale à l’Energie Atomique (AIEA) et le Conseil de Sécurité de l’ONU, afin d’atteindre un consensus sur les sanctions internationales, afin de répliquer au programme nucléaire iranien.

Ditto, qui a récemment publié une étude au Washington Institute, examinant les précédentes positions politiques de Rouhani, ses publications et sa rhétorique, pense qu’une telle stratégie est cohérente avec les positions qu’a tenues le dirigeant iranien par le passé. Déjà, en décembre 2003, a écrit qu’un « principe fondateur » des relations extérieures iraniennes consiste à « empêcher la compatibilité et le consensus entre l’Amérique et les autres puissances – particulièrement l’Europe, la Russie et la Chine- concernant l’Iran ».

Il fait, également, remarqué que, dans un mémoire de Rouhani, en 2011, l’ancien négociateur nucléaire a décrit cette stratégie comme “susceptible de créer des écarts et dissensions dans le front occidental ». Ditto écrit que cette stratégie était « originellement conçue pour empêcher l’Europe de faire référence au dossier nucléaire iranien devant le Conseil de Sécurité de l’ONU ». Bien qu’il a, finalement, été fait mention du cas de l’Iran devant le CSONU, il semble plus que probable que la même stratégie va être employée, au moment où les discussions débutent à Genève.

Cet érudit indépendant note que, depuis août, Rouhani a rencontré quatre dirigeants, parmi les six membres du P5+1, ne manquant de rencontrer que le Premier Ministre britannique David Cameron et le Président américain Barack Obama sans doute pour se le garder pour la bonne bouche »>Article original. Il pense que « l’influence grandissante de Rouhani s’est, particulièrement, manifestée, lors de ses échanges avec le Premier Ministre italien, Enrico Letta, qui a publiquement déploré que l’Italie n’avait pas de rôle particulier au sein du P5+1, malgré le fait qu’elle constitue « un pont entre l’Iran et l’Occident », mais qu’il a, très vite, été rassuré par Rouhani, souhaitant le coopter , en mentionnant « la possibilité d’un P5+2 ».
“Tous ces pays qui ont une certaine influence sur le programme nucléaire devraient prendre part aux négociations, avec l’Italie au sommet de la liste… Certaines personnalités ne veulent surtout pas d’un groupe P5+2”, avait dit, Rouhani, flatteur, lors d’une conférence de presse du 28 septembre.

Letta, en retour, avait déclaré que, quand l’Italie assurera la présidence tournante de l’UE, en 2014, « elle tentera de faire tout son possible pour renforcer encore plus les liens entre Rome et Téhéran ».

Ditto pense qu’aussi bien “ le document stratégique de Zarif, en août, que la rhétorique passée et présente de Rouhani suggèrent que toutes les prochaines négociations américano-iraniennes seront difficiles, puisque l’Iran se focalisera sur la façon de tirer avantage de la situation, plutôt que trouver des points d’intérêt commun ». Les observateurs, dit-il, devraient prêter attention aux tentatives de l’Iran pour diviser le P5+1 et isoler les Américains » pour obtenir de nouvelles concessions.

PAR REBECCA SHIMONI STOIL 15 octobre 2013, 6:06 am

timesofisrael.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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michel boissonneault

pour une fois que je suis d’accord avec le gouvernement iranien , surtout avec la stratégie de prendre
son temp comme rouhani , mon opinion est que les sanctions économique font très mal au peuple d’iran
car leur monnaie se dévalue a une vitesse folle et il y a une influation sur le prix de tout leurs produits

pour moi ces pourparlers pourraient durer des années et j’en serais très fière comme ça l’état d’israel
aura pas a attaquer l’iran parce que leur propre gouvernement fait déja le travail de destruction de l’intérieur