Avec la clôture de Pessah, le cycle de l’année reprend sa brève rotation. Les échos de « nous étions des esclaves et maintenant nous sommes libres » et « l’an prochain à Jérusalem » s’estompent et se confondent dans les tumultes du fond de scène de notre quotidien.

Nous pouvons grimper dans un avion et nous envoler à Jérusalem, certains d’entre nous y sont déjà, mais est-ce que cela fait d’eux des hommes libres ?
Nous étions esclaves en Égypte et avons vécu sous la poigne de fer de tyrans au point d’oublier la signification du mot liberté.

Cela se répète et se perpétuera encore jusqu’à la fin des temps.

Quelle liberté avons-nous donc acquis avec la chute des pharaons et un regard ultime à leurs armées et aux pyramides ?

La liberté comme l’esclavage, est surtout un état d’esprit comme l’est l’état d’être.

Nous pouvons être juridiquement libres, sans avoir aucune liberté d’action.

Il est tout aussi probable d’être juridiquement un esclave, mais libre au mépris de toutes les restrictions.

La coercition externe à elle seule ne fait pas de l’homme un esclave ou un sujet libre, c’est la dégradation de l’esprit qui fait de l’homme un esclave.

Qu’est-ce au juste un esclave ?

Un esclave est le complice de sa propre servitude.

Son esclavage étant devenu son statut naturel, il n’anticipe pas sa libération mais plutôt l’exécution des ordres de son maître.

Si les juifs d’Égypte avaient été assujettis physiquement, cela aurait suffit à briser instantanément le pouvoir de l’état égyptien. Mais leur esclavage était psychique.

Ils ne se plaignaient pas d’être des esclaves, mais d’avoir été réduits à l’extrême.

Quand les surveillants se plaignaient aux pharaons, ce n’étaient pas à cause de l’esclavage mais surtout pour le manque de paille pour leurs briques.

L’esclavage le plus odieux est du genre insidieux.

Il permet à l’esclave de penser et d’agir, mais pas comme un homme libre.

Il est capable d’user la force, mais uniquement pour aligner les autre esclaves.

Sa condition lui semble morale et naturelle, et c’est là l’aspect le plus monstrueux.

Le véritable esclave en vient à aimer le Grand Frère et vénérer jusqu’aux sources le système qui l’oppresse.

C’est cet amour malsain qui doit lui être arraché.

C’est cette idolâtrie du fouet qui le met à genoux, cette oppression de connaître qui sont ses supérieurs et qui sont ses inférieurs, cet amour de l’ordre immense qui lui permet de se perdre dans ses merveilles, à regarder avec effroi l’empire de demain qui lui creuse sa tombe aujourd’hui, et qui aurait dû être démoli.

C’est ses dieux qu’il doit tuer en lui pour s’en libérer.

L’exode n’est pas l’émergence d’hommes libres qui, il fut un temps, avaient été réduits à l’esclavage, mais la lenteur d’un douloureux processus par lequel des esclaves ont appris à devenir des hommes libres – un long périple qui n’a pas encore pris fin.

C’est la raison pour laquelle nous célébrons Pessah, non comme un événement passé, mais comme le long passage de l’esclavage à la délivrance.

Ayant échappé au pharaon, les juifs s’étaient fabriqués tout de suite un veau d’or scintillant.

À leur sortie du désert, ils demandèrent un roi.

Idoles et tyrans ne sont que les symboles de l’esclavage, un désir de coller l’oreille contre l’embrasure et devenir esclave à vie. Les idoles ont changé, mais pas leur signification.

Il y a toujours une quête pour un maitre, maitre de la loi internationale, d’un état global, des dieux et super-états qui règnent sur le présent et le futur, et le destin de la vie des hommes.

Il y a trop de synagogues qui se vouent au parti démocratique, plutôt que de vénérer D.ieu.
Elles s’inclinent devant le fantôme de FDR, des étincelants échos d’Harry, Adlai et John et devant la grande statue dorée de l’espoir et du changement s’étalant grossièrement sur le monde entier.

Beaucoup d’yeux à Jérusalem observent avidement Washington et Bruxelles, les deux villes perchées sur des collines qui offrent l’ordre, la justice et la paix.

Il est très facile de glisser dans ce genre d’esclavage.

Les pyramides sont grandes, les slogans intelligents et l’avenir semble assuré.

Ce n’est seulement que lorsque le messager poussiéreux arrive et chuchote qu’« il se souvient », et que ceux qui n’ont pas oublié se réunissent avec ces quelques uns qui ont oublié, qu’ils réalisent qu’ils sont encore esclaves.

Le système d’État égyptien doit être démoli et pas seulement discrédité.

Ce ne peut être un simple challenge pour le pouvoir, mais pour la raison. La guerre entre l’esclavage et la liberté ne finira que lorsque l’esclavage deviendra aux yeux de tous, dérisoire, que le Pharaon ne sera plus qu’un bouffon et son pouvoir une débilité bien organisée.

Néanmoins, pour cette génération affranchie de l’esclavage, ce système majestueux, le seul qu’elle ait connu à jamais et qui reste son modèle, en temps de crise, son instinct immédiat lui dictera de battre en retraite et de se tourner vers lui.

L’esclavage actuel est plus subtil.

Il accapare l’esprit plus étroitement que le corps. Il se souvient encore que c’est l’homme qui s’asservit lui-même le mieux.

Il sait également que le véritable pouvoir nait lorsque tous deviennent les complices de ses crimes, complices aussi de leur propre dégradation. Le système demande seulement que chaque homme se réduise à l’esclavage et assassine ses propres descendants. Une fois qu’il l’a accompli, il se sent en droit d’exiger que tous les autres l’imitent.

C’est aussi et surtout être esclave du système. Il nécessite quelques fouets mais beaucoup de palabres. Il pousse les hommes à devenir leurs propres contrôleurs et à étendre leurs bras pour acclamer le nouveau pharaon dans l’espoir qu’il deviendra leur sauveur.

Cet esclavage si perméable réveille nos instincts à Pessah, s’il n’a pas été déjà perverti en seders de droits civils et éco-matsot, et s’il ne s’est pas transformé en un autre hommage au pharaon d’espoir et changement…

« Nous étions esclaves, » les vieux mots donnent le ton et nous rappellent que nous avons été libérés.

Que ce n’était pas le pharaon qui nous avait réduits à l’esclavage mais que c’était bien nous qui voulions être assujettis.

«Nous sommes maintenant des hommes libres. » Mais qu’est-ce vraiment la liberté ? Est-ce la liberté du système ou la liberté de soi ?

Le système proclame qu’il est unique et pareil, et c’est là le grand mensonge qui ne finit qu’avec la mort.

Comme les esclaves de l’Égypte ancienne, nous sommes sapés, traînés hors de notre routine quotidienne et ordonnés d’être libres.

Mais comment peut-ont commander aux hommes et aux femmes à être libres ? Vous pouvez les guider à travers les habitudes des hommes et femmes libres qui se croient des rois et reines, et qui boivent leur vin en position horizontale, en chantant bruyamment et défiant les oppresseurs qui proclament avec audace « L’an prochain à Jérusalem », tandis que le pharaon de l’espoir et de changement grince ses dents aux Juifs vivant à Jérusalem.

Vous pouvez dérouler le rouleau de l’histoire et leur montrer comment les juifs y ont été écartés, mais toute cette routine est inutile à moins que les juifs ne le comprennent et ne croient d’abord en leur liberté.

Libres pas dans leurs habitudes, mais dans leur esprit. Le rituel est la porte d’entrée à un état d’esprit. Un rituel de liberté ne réussit que lorsqu’il appelle un état de liberté mentale.

Sinon, c’est un rite, une pratique, une habitude dont les codes peuvent mener une future génération à débloquer son sens, sans ne rien signifier aujourd’hui.

Pessah est le début et la fin. C’est le début du voyage et sa fin, et nous sommes toujours au milieu du long chemin hors d’Egypte, découvrant qu’il y a encore plus de chaînes dans notre esprit que nous avions réalisé un an, une centaine ou un millier d’années plus tôt.

Chaque étape que nous prenons vers la liberté nous rappelle aussi combien nous en sommes éloignés.

C’est le rituel qui nous rappelle que nous sommes toujours en voyage, que même si la routine du système nous berce, le piège du présent qui, comme le sentiment paisible d’un nageur qui se noie, le voyage n’est pas fini. Le désert se trouve encore devant nous.

Ce voyage est le voyage humain. C’est l’intersection entre ce que l’homme a perdu lorsqu’il défie D.ieu, quand il a levé l’arme contre l’autre, quand il a construit des tours, créé des systèmes et a essayé de monter au ciel sur le dos des esclaves et des pyramides.

C’est un chemin de transformation qui nous inflige la souffrance, mais aussi nous instruit. Encerclé d’esclaves bénévoles qui prêchent le credo de l’esclavage, nous devons parler la liberté. Bien que peu se rappellent encore de l’exode ou des chaînes, il est de notre devoir de nous rappeler.

Le message de Pessah commence dès la fin des festivités et son expression reportée dans nos vies quotidiennes. Nous étions une fois esclaves, nous sommes maintenant libres.

Thérèse Zrihen-Dvir Article original

Une Pensée de Daniel Greenfield

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