Daesh frappe aux portes du Royaume, alors que le Roi se meurt.

Il tend les rênes du gouvernement de la plus grande nation exportatrice de pétrole à deux successeurs potentiels. Pleinement conscient de sa santé défaillante, Abdallah a passé l’année dernière à tenter d’organiser une succession en bon ordre, afin de maintenir la stabilité du régime. Il avait préparé son demi-frère, le Prince héritier Salman, 78 ans, à s’assoir sur le trône. Cependant, parce qu’on pense qu’il souffre de démennce, c’est, en réalité, le prince héritier suivant, Muqirin, 69-70 ans, qui dirigera en pratique le royaume. L’annonce de son abdication risque encore d’être reportée à cause de disputes princières, qui provoquent une crise politique que le roi malade a tout fait pour éviter.

Coïncidant avec les nouvelles d’un changement imminent, trois garde-frontières saoudiens, y compris le Général Odah al-Balawi, Commandant les régiments des Gardes-Frontières du Nord du royaume, ont été tués lundi 5 janvier par des terroristes de l’Etat Islamique, dont deux étaient munis de ceintures d’explosifs, et qui ont tenté de s’infiltrer dans le royaume. Les assaillants, apparemment dûment renseignés par des informations précises sur les mouvements du Général, l’ont piégé dans une embuscade. Quatre attaquants de l’EI ont été tués au cours de ces heurts, dont deux par attentat-suicide.

Cet incident souligne l’un des dangers qui assaille le royaume pétrolier, à savoir l’Etat Islamique doté d’un avantage en matière de renseignements tactiques locaux.

Selon des sources émanant du Golfe, le Roi est gravement atteint d’un cancer des poumons. Deux spécialistes américains se sont précipités à son chevet pour tenter de le soigner.

En mars 2014, il s’est arrangé pour promouvoir le Prince Muqrin à la troisième place des prétendants au trône, face aux factions rivales de la Maison Royale. Mais, plus tôt, en mai 2013, il a élevé son propre fils, Muteb bin Abdullah, 62 ans, au rang de Ministre de la puissante Garde Nationale. Le Roi a aussi bloqué le chemin au fils du Prince Salman, Mohammad, qui voulait accéder au rang de Vice-Ministre de la Défense, ce qui aurait constitué un tremplin vers le sommet, dès que son père aurait accédé au trône.

En mars dernier, lorsque le Président américain Barack Obama s’est rendu en visite à Riyad, il a été fait allusion à la santé défaillante d’Abdallah par une photo le montrant relié à un tube d’oxygène. Dans les autres diffusions de la même photo, ce tube a été flouté.

En matière de sécurité, cette crise s’empare du Royaume d’Arabie Saoudite au beau milieu de l’une de ses périodes les plus périlleuses de sa courte histoire. Riyad observe l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran avec une inquiétude extrême et n’a aucune confiance dans la diplomatie dominée par les Etats-Unis pour déjouer ce plan.

Les Saoudiens perçoivent Téhéran comme une menace régionale qui piétine ses voisins les plus proches, par tous les moyens en se servant d’alliés et de supplétifs : le dictateur syrien Bachar al Assad au Nord ; le Hezbollag au Liban et les Houtis du Yémen par le Sud.

L’Etat Islamique et son Calife Abu Bakr al Baghdadi ne se sont pas contentés d’envahir l’Irak et la Syrie, mais lorgnent aussi vers l’Arabie Saoudite. Vu de Riyad, le royaume pétrolier est assiégé de toutes parts.

A l’intérieur, également, les Saoudiens partagent les inquiétudes des Occidentaux que les Jihadistes revenant à domicile après avoir combattu dans les rangs de Daesh, puissent déclencher des cycles de violence afin de renverser la Maison Royale.

Depuis le soi-disant « Printemps Arabe », les Saoudiens ont commencé à considérer les Frères Musulmans et leur filiale terroriste palestinienne, le Hamas, comme des ennemis atrabilaires.

L’une des innovations majeures, en plus des mesurettes qu’il a introduites pour tenter d’améliorer un tant soit peu le statut des femmes, concerne la transparence au sujet de l’état de santé du monarque. Cette ouverture est inédite, en comparaison des règnes précédents. Son abdication, lorsqu’elle aura lieu, rompra également avec les traditions. Les précédents rois n’ont abandonné le trône qu’à leur mort.

[DEBKAfileArticle original Reportage exclusif 5 janvier 2015, 7:49 PM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski.