Le Grand Rabbin Edmond Schwob dans le calendrier « Joseph Bloch « , désormais diffusé par l’Alliance Israélite Universelle, nous remet en mémoire une anecdote propice à la réflexion que je voudrais vous rapporter car elle est riche d’enseignements. Je cite : Rabbi El’azâr, surnommé «Hisma», était un des sages de Yavné, au 2è siècle.

Le Midrach (Vayyiqrâ rabbâh 23,4) raconte que, dans un endroit où il s’était rendu, on lui demanda de dire la prière publique en la synagogue.

Il faut se souvenir qu’en ce temps-là, il n’y avait pas de livres comme aujourd’hui et l’officiant devait connaître par cœur les textes et tout ce qui les concernait.

Rabbi El’azâr avoua humblement qu’il n’était pas à même d’officier.

Il entendit alors des gens ricaner :

« C’est lui Rabbi El’azâr dont on est si fier ?

Bien la peine de l’appeler Rabbi ! »

Rabbi El’azâr éprouva une telle honte qu’il en blêmit.

Le visage encore livide , il alla trouver son maître, Rabbi Aquivâ.

Rabbi El’azâr lui fit part de ce qui s’était passé et sollicita la faveur d’être instruit dans le domaine liturgique aussi.

Ayant appris ce que de nécessaire , Rabbi El’azâr s’en retourna au bout d’un certain temps à l’endroit même où il s’était trouvé dans le désarroi, mais, cette fois, il put accepter l’honneur de dire la prière publique.

Les gens constatèrent alors : «Il a maintenant de la trempe : il s’est affermi comme un métal qu’on trempe pour l’endurcir. »

Il est bon de méditer ce parcours de lucidité et de modestie, à une époque où la plupart des gens sont incapables de connaître leurs limites.

Dans certaines entreprises, de jeunes cadres ambitieux sollicitent des postes qu’ils sont incapables de maîtriser.

Dans certaines associations, on rencontre des personnes briguant des fonctions, hors de leur portée.

C’est du reste ce qui a donné naissance à ce qu’on a appelé « le Principe de Peter» .

Dans certaines communautés, tantôt c’est le rabbin qui se montre incompétent pour prononcer un discours cohérent et tantôt ce sont les membres du Conseil qui n’ont pas les qualités requises pour mener à bien les tâches qu’on leur a confiées .

Il est courant de trouver des hommes politiques qui manifestent le désir de tout embrasser, à savoir, être maire , député et pourquoi pas d’autres responsabilités électives locales, régionales ou nationales.

Le cumul non plus ne connaît pas de limites et c’est la raison pour laquelle le gouvernement souhaite y mettre un terme.

La multiplication des mandats finit par nuire à l’action alors que la juste mesure est gage d’efficacité.

De nos jours, la technologie, notamment par le biais d’Internet, donne l’illusion qu’on est capable de tout connaître et tout de suite.

L’attitude affichée par Rabbi El’azâr est le reflet de sa profonde modestie, car il connaissait ses propres limites .

La conscience de ses imperfections, c’est ce que d’aucuns considèrent comme étant « la tsiniout de l’âme », une vertu qui se fait rare !

Moïse Cohen

Président d’Honneur du Consistoire de Paris

TAGS : Tsiniout Modestie Lucidité Rabbi El’azâr Rabbi Aquivâ

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Principe de Peter Schumpeter Joseph Bloch Midrach

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Claude

Voila une tres bonne initiative pour aider a la diffusion du calendrier Joseph BLOCH qui apporte des renseignements indispensables a la vie liturgique ponctue quotidiennement de citations pleine de sagesse .
Cordial Chalom a Moise COHEN

DANIELLE

Encore faut-il être comme Rabbi Eléazar et avoir honte !

La sagesse est un bien inaccessible lorsque la fierté prend le pas !

A bon entendeur, chalom !