La candidature de Nicolas Sarkozy affaiblie, les rivalités au PS renforcées, la légitimité de Marine Le Pen confortée… La campagne présidentielle a commencé.
A l’UMP, la candidature de Nicolas Sarkozy affaiblie

L’échec de l’UMP aux cantonales met le président de la République en difficulté pour 2012. La presse souligne ce lundi matin l’ampleur du désaveu et certains éditorialistes n’hésitent pas à pronostiquer une rébellion à l’UMP. Ainsi, Philippe Waucampt écrit dans Le Républicain lorrain. « Il lui faut maintenant redouter une réédition de cet ‘appel de quarante-trois’ qui, dans le camp gaulliste, sabota la candidature Chaban au profit de Giscard ». On n’en est pas encore là, même si un nouveau sondage donne le chef de l’Etat perdant dès le premier tour. Ce dimanche soir, les caciques de l’UMP se sont succédé pour affirmer leur confiance en Nicolas Sarkozy. François Baroin, porte-parole du gouvernement, est celui qui a fait le plus de zèle en affirmant : « Ce serait une pure folie d’avoir un autre candidat ». « Folie » dans laquelle les centristes pourraient basculer plus facilement : l’échec de l’UMP pourrait en effet favoriser les velléités de candidature d’un Jean-Louis Borloo.

Au PS, les rivalités se renforcent

La victoire des socialistes aux cantonales a pour l’opposition un arrière-goût de pharmakôn : c’est un remède en même temps qu’un poison. Un remède à l’incapacité du PS à remporter la présidentielle, car le parti d’opposition est plus que jamais en position de force. Mais aussi un poison car cette victoire renforce les rivalités entre candidats putatifs à la primaire. Martine Aubry, en chef de camp, voit sa légitimité consilidée et ses partisans ne manqueront pas de rappeler qu’il s’agit d’une nouvelle victoire pour la première secrétaire, après les régionales de 2010. François Hollande, qui grimpe dans les sondages, attendait d’être réélu à la tête de la Corrèze pour se déclarer : ce sera chose faite en milieu de semaine. De quoi compliquer le choix de Dominique Strauss-Kahn…

Au FN, le choix de Marine Le Pen conforté

Elue en janvier présidente du Front national avec une bonne longueur d’avance sur Bruno Gollnisch, Marine Le Pen démontrer à ses militants qu’ils ont fait le bon choix. Malgré les défaites de ses espoirs Steeve Briois et Louis Aliot , la « fille de » a fait progresser le FN dans une écrasante majorité des cantons où il présentait un candidat. Surtout, un sondage, publié dimanche soir, où elle est présente au second tour dans tous les cas de figure, donne de plus en plus de corps à son rêve de faire main basse sur la droite.  

Thomas Bronnec

L’Express.fr

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Cantonales : l’abstention aussi forte qu’au premier tour, le FN en embuscade

A 13 mois de la présidentielle, le Front national veut marquer les esprits en faisant une entrée fracassante dans certains conseils généraux au soir du second tour des cantonales, marqué par une abstention record, qui n’a pas baissé par rapport à dimanche dernier.

Vers 17H00, le taux de participation s’élevait en métropole à 36,2%, selon l’Intérieur, en fort recul (-14 points) par rapport à 2004 à la même heure (50,48%). Il est quasiment identique à celui du premier tour (36,38%).

Selon Ipsos et OpinionWay, le taux d’abstention final dimanche devait être de 56%, soit sensiblement le même chiffre qu’au premier tour (55,68%, déjà un record pour ce type d’élection).

La participation, particulièrement faible en Ile-de-France (20% en Seine-Saint-Denis soit moitié moins qu’en 2004), augmente uniquement à Mayotte, où l’UMP était en difficulté au soir du premier tour.

Le nombre de votants progresse toutefois entre les deux tours dans certains départements qui seront scrutés de près dans la soirée, car pouvant basculer : +9 points en Corrèze, le fief de François Hollande (PS), +5 en Côte-d’Or, +3 dans les Pyrénées-Atlantiques, +1 dans la Sarthe. Il est aussi en hausse dans les Bouches-du-Rhône (+3).

Arrivé en tête dans 39 cantons, le FN, dont la poussée a été un des points forts du premier tour, s’est qualifié dans le quart des cantons encore à pourvoir. « C’est très ouvert », selon un responsable du parti de Marine Le Pen. Dans le passé, le FN a déjà eu, ponctuellement, quelques élus aux cantonales (13 en plus de 20 ans). 3.124 candidats se disputent les 1.566 cantons encore à pourvoir dans tous les départements, sauf Paris. 460 conseillers généraux ont été élus dès le premier tour. Actuellement, la gauche est majoritaire dans 58 départements sur 100. Elle espère franchir la barre des 60.

A gauche comme à droite, les états-majors misaient cette semaine sur une hausse de la participation.

« Si elle est forte, nous pouvons gagner le Jura, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Alpes, la Charente-Maritime, la Loire », estimait un expert des questions électorales du PS.

A droite, Alain Marleix, chargé des élections à l’UMP, jugeait que gauche et droite pouvaient « faire jeu égal » en reprenant « le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne ». En Corrèze, François Hollande a fait du maintien à gauche de son département une condition de sa candidature à la primaire socialiste pour 2012.

PS, Europe Ecologie-Les Verts et PCF ont affiché leur unité contre la droite et le Front national, même si les écologistes se sont maintenus dans 37 cantons face à la gauche.

A droite, la consigne « ni Front national, ni front républicain » avec la gauche, élaborée de concert par l’Elysée et la direction de l’UMP, a provoqué le trouble alors que quelque 200 duels opposent dimanche FN à PS. Elle a aussi donné aux centristes de la majorité l’occasion de se démarquer dans la perspective de 2012. Jusqu’à présent les conseils généraux étaient renouvelés par moitié tous les trois ans dans tous les départements, sauf Paris. Mais ce scrutin pourrait être le dernier de ce genre, le conseiller général devant être remplacé en 2014 par le conseiller territorial qui siégera à la fois à la région et au département. La gauche entend toutefois revenir sur cette réforme si elle gagne en 2012.

L’élection des nouveaux présidents de conseils généraux aura lieu jeudi. Si à l’issue de trois tours de scrutin aucune majorité ne s’est dégagée, ce sera au doyen d’âge de présider l’assemblée départementale.

Jean-Louis PREVOST et Frédéric DUMOULIN (AFP)

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Beaucoup de voix se sont reportées sur le FN entre les deux tours

Le Front national a-t-il remporté une victoire ce dimanche 27 mars, lors du second tour des cantonales ? Une partie de la réponse tient dans sa progression en voix. Elle est réelle, malgré le faible nombre d’élus finalement obtenus par le parti de Marine Le Pen. Cette progression en voix montre que désormais, le Front national peut bénéficier de réserves de voix entre les deux tours d’une élection.

Peu d’élus mais plus de 45 % des voix dans les cantons où il est présent. Le score national annoncé pour le FN dimanche est trompeur… Ces 11,73 % des suffrages exprimées semblent montrer qu’il a reculé. Mais c’est le contraire qui s’est produit, comme s’en est félicitée Marine Le Pen dimanche soir. En effet, si l’on ne prend en compte que les 403 cantons dans lesquels le Front national était présent au second tour, il réalise une moyenne de 45,1 % des suffrages, selon Le Figaro.

Une forte progression en nombre de voix là où le FN s’est maintenu. Le Front national a totalisé dimanche 915 506 voix. Certes, il avait atteint 1,38 million de voix au premier tour , mais sur un total bien plus important de 1 440 cantons.

Si l’on regarde ces chiffres sur les 403 cantons où le FN était présent au second tour, on mesure la progression du Front national : il est passé de 620 000 voix au premier tour à 915 000, soit près de 50 % de progression.

Une capacité nouvelle à mobiliser entre les deux tours. « Si le FN progresse en voix, cela montre clairement qu’il a bénéficié de reports de voix, explique au Monde.fr Frédéric Dabi, de l’IFOP. Or le FN est un parti sans alliés, qui, traditionnellement, ne réussissait pas à créer de dynamique d’entre-deux-tours. On voyait généralement le score du FN être contenu, voire reculer. » « Cette capacité à s’attirer des voix est nouvelle mais ne vient pas de nulle part : on l’avait déjà constatée lors des régionales 2010. La progression était moins importante, mais on avait vu des poussées du FN en PACA, dans le Pas-de-Calais ou en Picardie, entre les deux tours de scrutin », décrypte le politologue et sondeur.

La « porosité » avec l’électorat UMP, une tendance qui se confirme. Ces « nouveaux » électeurs qui ont rejoint le FN pour le second tour viennent de l’abstention, des autres partis mais aussi clairement de l’UMP, analyse Frédéric Dabi. « Il y a une porosité avec une partie de l’électorat de l’UMP. Pour beaucoup de ces derniers, comme le montre un sondage IFOP récent pour France-Soir, le FN est devenu un parti comme les autres. » Cette « porosité » a été soulignée par les études d’opinion depuis l’automne : environ un quart des sondés qui affirment avoir voté Sarkozy à la présidentielle de 2007 confient actuellement qu’ils voteraient aujourd’hui pour Marine Le Pen, soit plus de 7 % de l’électorat total.

Malgré un échec relatif sur le nombre d’élus, Marine Le Pen a vu dans ses scores du second tour des cantonales le signe d’ »un vote d’adhésion » pour son parti et plus seulement d’un vote de protestation. Cela reste à prouver. Elle a aussi estimé que le « front républicain » avait volé en éclats. Après une semaine de polémiques entre le « ni FN-ni PS » et le « tout sauf le FN » pour le second tour, Frédéric Dabi confirme : « Il est clair que le front républicain ne fonctionne plus. Avant , il noyait le FN. Ce n’est plus le cas. »

Alexandre Piquard

Le Monde.fr

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