Par Philippe CHANSAY WILMOTTE, Avocat au Barreau de BruxellesPlusieurs Etats européens ont des législations prohibant le blasphème, mais cela tombait en désuétude; d’autant que la Convention européenne des Droits de l’Homme, primant sur toute disposition nationale, avait relégué cela au passé. Les exigences de censure manifestées en Europe par des activistes musulmans ont relancé la problématique. Ils sont en première ligne; d’autres obscurantistes attendent leur heure.

Lors de Durban II, les Etats islamiques ont revendiqué la reconnaissance mondiale de la notion de «blasphème de religion». Le Vatican les a soutenus en ce sens.

Le cas de l’Irlande est significatif. Contrairement à ce qui est claironné partout, ce n’est pas depuis une loi récente que le blasphème y est prohibé: c’est largement antérieur. La Constitution irlandaise de 1937 contenait déjà cette interdiction, mais ne visait que le christianisme. Ce qui s’est passé récemment, c’est que l’islam y a été intégré (L’on observera que c’est seulement par une loi que la disposition constitutionnelle a été étendue et non par une modification de la Constitution; ce qui, en soi, laisse le juriste perplexe).

Significatif, car cela confirme l’alliance objective, sinon concertée, d’obscurantistes de diverses obédiences. L’interdiction de blasphémer relevait quasiment du passé en Europe, sauf dans le texte (mais la Convention européenne des Droits de l’Homme avait réglé cela), et l’activisme musulman l’a remis à jour suivi en cela par des fondamentalistes chrétiens.

Sanctionner le blasphème n’est pas seulement une entrave à la liberté inconciliable avec, en particulier, la Convention européenne des Droits de l’Homme: c’est une aberration juridique. S’il s’agit de sanctionner une offense à un dieu, quel qu’il soit, cela conduit le juge à présumer de l’existence de celui-ci. La fonction du Tribunal est-elle de dire pour droit, ne serait-ce qu’implicitement, qu’Allah existe ou non? A l’évidence, sauf dans une société théocratique, la réponse est non. S’il s’agit de sanctionner une offense à la religion, celle-ci n’étant pas un être juridique, c’est attribuer un droit à une chose. Une chaise a-t-elle un droit? En quoi une chose, la religion, pourrait-elle se voir attribuer un droit, alors qu’une autre, la chaise, n’en a aucun?

Viser l’activisme musulman, ce n’est pas seulement tenir en échec la diffusion de la doctrine politique totalitaire que véhicule l’islam, c’est aussi remettre au pas les obscurantistes religieux de tout poil. Ils s’agitent; neutralisons-les!. La Convention européenne des Droits de l’Homme s’applique à tous, en Europe, y compris l’Etat irlandais et les activistes qui prétendent à une telle censure. C’est illicite, et vivement qu’il y ait litige de sorte qu’in fine, la Cour de Strasbourg puisse être saisie et y mettre bon ordre.

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