Deux institutions dédiées à la mémoire de la jeune victime de la Shoah s’étripent.

Le fonds suisse compare les agissements de la fondation néerlandaise à ceux des nazis!Lorsque l’on parle d’une victime emblématique de l’Holocauste, la phrase a de quoi faire sursauter: le Fonds Anne Frank accuse la Fondation Anne Frank d’«agir comme les nazis»!

Voilà le titre d’un article du journal britannique «The Independent», qui attribue cette terrible image au Suisse Yves Kugelmann, du conseil de fondation du fonds.

Qu’est-ce qui lui a pris?

«Je n’ai jamais utilisé le terme nazi, c’est un raccourci qui ne m’appartient pas», nous répond-il.

Et de renvoyer à sa déclaration originale, lâchée mercredi dans le quotidien néerlandais de Volkskrant:

«Dans les années 1940, la famille Frank a vu ses biens saisis par les Allemands et leurs complices. Maintenant, une institution hollandaise tente à nouveau d’effectuer une saisie.»

Une phrase dans laquelle on trouve tout de même un parallèle avec des agissements allemands lors du Ille Reich.

Choquant?

«Ce n’est pas une comparaison, ce sont des faits.

Moi, je suis choqué que la famille Frank soit obligée de passer par la justice pour que ses biens lui soient rendus!» explique M. Kugelmann,

Ces propos musclés révèlent en effet une guerre féroce autour de la gestion et de la mémoire d’Anne Frank, morte en 1945, à 15 ans, dans le camp de Bergen-Belsen.

D’un côté, la Fondation, à Amsterdam, qui gère la Maison – Musée dans laquelle Anne Frank a écrit son Journal.

De l’autre, le Fonds, créé à Bâle par Otto Frank, le père de la jeune victime de la Shoah.

En 2007, le Fonds a prêté 25 000 lettres, photos et documents à la Fondation.

Il veut aujourd’hui récupérer ces documents pour qu’ils soient réunis au Musée juif de Francfort, où la famille Frank a ses racines.

Or la fondation s’y oppose et le conflit a été porté devant la justice.

«La justice hollandaise devrait bientôt trancher et je suis optimiste, note Yves Kugelmann.

Je ne vois aucune raison pour que ces biens ne soient pas rendus à leur propriétaire et le testament d’Otto Frank était clair: ces biens sont gérés par le fonds à Bâle.»

La confiance a disparu

Du côté de la fondation, on souligne qu’il y a un doute sur le propriétaire de certaines pièces.

Et surtout que les termes du prêt – censé durer au moins 10 ans, clame-t-elle – doivent être respectés.

«L’endroit où Anne Frank s’est cachée et a écrit son journal est à notre avis l’en- droit le plus approprié pour l’administration, l’accès et la présentation de son héritage»’ écrit la fondation.

Mais là aussi, le désaccord est total.

«Otto Frank ne voulait pas d’une sorte de lieu de pèlerinage autour de sa fille et encore moins d’une institution destinée à faire de l’argent.

Or c’est le cas de la Maison à Amsterdam.

Le problème c’est qu’on n’y trouve aucun contexte politique ou historique.

Et on n’y parle pas de toutes les autres victimes», lance Yves Kugelmann.

Tandis que la fondation, elle, «regrette» que la confiance entre les deux parties «semble avoir dis- paru».

C’est le moins que l’on puisse dire.

Source : Le Matin, 11 mai 2013

CICAD Article original

TAGS : Anne Frank Huis Amsterdam Shoah Otto Frank Bale

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