Après la fermeture administrative de trois hôtels de Lille, sur fond d’enquête sur un réseau de prostitution, des policiers sont dans le collimateur des enquêteurs. Dominique Strauss-Kahn, dont le nom a été cité comme possible client, veut faire taire les « insinuations malveillantes ».L’enquête sur une affaire de proxénétisme à Lille, qui a déjà entraîné la fermeture administrative pour trois mois de trois hôtels, et la mise en examen de cinq personnes, devrait se développer cette semaine avec l’audition attendue de plusieurs policiers pour déterminer leur rôle éventuel dans un présumé réseau.

Trois dirigeants de l’hôtel de luxe Carlton et un entrepreneur sont déjà écroués pour « proxénétisme aggravé », et l’avocat Emmanuel Riglaire est également poursuivi pour les mêmes faits et placé sous contrôle judiciaire. Si l’enquête va s’efforcer d’établir si les suspects avaient des liens dans la police ou ailleurs pour l’organisation de ce commerce, expliquent des sources proches du dossier, l’implication supposée de personnalités politiques comme clients éventuels des prostituées ne constitue pas en revanche un objectif de la procédure. Avoir une relation avec une prostituée n’est pas illégal en droit français, à moins qu’il soit démontré que la prostituée était mineure et que le client le savait.

Un nom, parmi ces possibles « clients », a toutefois été publiquement cité, notamment dans un long article du Journal du Dimanche : celui de Dominique Strauss-Kahn. Et l’intéressé entend se démarquer de cette affaire au plus vite. Voilà pourquoi l’ancien patron du FMI a demandé dimanche dans une déclaration à l’AFP à être « entendu le plus rapidement possible par les juges » en charge de l’enquête, afin de mettre fin aux « insinuations malveillantes » et aux « extrapolations hasardeuses ».

« Je sens des pressions dans ce dossier »

Des avocats impliqués dans le dossier laissent entendre pour leur part qu’on tenterait d’étouffer l’affaire. « Les juges poursuivent leur travail, maintenant des policiers sont concernés par ces auditions. Il ne serait pas acceptable que le dossier quitte Lille pour tenter d’enterrer l’affaire », a prévenu l’avocat du directeur du Carlton, Me Frank Berton vendredi. « Je sens des pressions dans ce dossier, il y a des fonctionnaires de police qui doivent être entendus » a-t-il ajouté. Un des policiers, un commissaire en activité, est soupçonné d’avoir mis en relation à Paris des prostituées avec des personnalités.

L’affaire a commencé en Belgique où plusieurs personnes, gérants de bars de nuit et de salons de massage, ont été interpellées pour avoir organisé un réseau de prostitution employant de jeunes adultes et quelques mineures. Les enquêteurs belges ont passé le relais à ceux de Lille car les prostituées ont expliqué franchir régulièrement la frontière pour aller dans le Carlton de Lille. Le responsable du service de relations publiques de l’hôtel Carlton, connu du milieu de la nuit à Lille et en contact avec des policiers, a été le premier interpellé, avant le directeur de l’hôtel, qui a en partie reconnu les faits, son propriétaire et un chef d’entreprise de travaux publics.

La prostitution dans les hôtels français, en particulier dans les palaces, ainsi que dans des bars où des « hôtesses » sont susceptibles de proposer des services sexuels est un tabou en France mais de nombreux dossiers judiciaires ont déjà mis en évidence qu’il s’agissait d’une pratique répandue. Ainsi, en 2003 à Paris, la Britannique Margaret MacDonald avait été jugée pour avoir mis en contact des prostituées occasionnelles et volontaires avec de riches clients, pour des rencontres qui se déroulaient dans des grands hôtels de Paris. La Britannique avait dénoncé devant le tribunal « l’hypocrisie » supposée des autorités françaises, qui toléraient, selon elle, l’existence de nombreux réseaux de prostitution. Elle faisait remarquer que son commerce s’effectuait souvent par des petites annonces très explicites publiées dans de grands quotidiens.

le 16 octobre 2011 à 15:38

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