La première victime des attentats du 11 septembre était un vétéran d’une unité d’élite de Tsahal, devenu un entrepreneur pionnier d’Internet, particulièrement innovant.Selon le recoupement de la plupart des récits, Danny Lewin a été la première victime des attentats du 11 septembre (2001).

Assis dans le fauteuil 9B, à bord du vol 11 d’American Airlines, il a vu Mohamed Atta et Abdulaziz al-Omari, assis juste en face de lui, se lever et prendre la direction du cockpit. D’après l’enregistrement des appels des stewards aux responsables du trafic aérien, qui ont ensuite été consignés dans le rapport de la Commission sur le 09/11, Lewin n’a pas perdu de temps pour agir. Ayant servi comme officier dans les « Sayeret Matkal », la meilleure unité des Forces de Défense d’Israël, il s’est, immédiatement, élancé pour maîtriser les terroristes. L’homme situé en place 10-B, Satam al-Suqami, s’est jeté sur lui, par derrière, en brandissant un couteau et a tranché la gorge de Lewin. Moins de 30 minutes plus tard, à 8h 46, l’avion s’écrasait sur la tour Nord du World Trade Center.

Partout, en Amérique et à travers le monde entier, des gens désespérément en quête d’informations exactes se sont tournés vers internet pour comprendre ce qui se passait. Sous la pression gigantesque d’une demande de dizaines de millions de requêtes simultanées, les plus grands sites d’actualité menaçaient de craquer. Très peu l’ont fait, en réalité, en grande partie grâce à la technologie que Lewin lui-même avait développée, quelques années plus tôt : seulement âgé de 31 ans au moment de son assassinat, c’était le cofondateur d’Akamai, une entreprise pionnière dans le domaine des nouvelles technologies, qui fournissaient des solutions de routage, permettant le flux sans interruption de près de 20% du trafic sur la toile.

Comme le démontre une nouvelle biographie terrifiante de Lewin – No Better Time Article original Pas de meilleur moment. La vie aussi brève que remarquable de Danny Lewin, le Génie qui a transformé Internet« >Article original, réalisée par Molly Knight Raskin, qui paraît cette semaine, la ténacité dont a fait preuve le jeune entrepreneur, aux derniers instants de sa vie, était de la même intensité et de la même force que celle qui l’a propulsée au sommet, parmi les géants du High Tech. Né à Denver, il a fait son Alya à 14 ans, avec ses parents et a, très rapidement, trouvé que le lycée n’était pas assez stimulant. Frappant fréquemment à la porte du responsable des absences scolaires, il manquait les cours pour aller travailler dans une salle de gym locale, remportant, finalement, le titre très convoité de M. Junior Israël, dans une compétition de bodybuilding. Quand le temps est venu de rejoindre l’armée, Lewin n’a eu aucun doute sur le groupe auquel il appartenait : il devait être le meilleur.

Même au sein du Sayeret Matkal – le commando légendaire qui a façonné tous les dirigeants des temps modernes en Israël, d’Ehud Barak à Binyamin Netanyahou – Lewin se distinguait. Durant l’évocation du défunt, marquant les 7 jours de deuil après le meurtre de Lewin, un compagnon d’armes rappelait avoir observé Lewin, au cours d’un exercice particulièrement exténuant et être surpris de remarquer ce coureur à pied chevronné traîner un peu à l’arrière. Quand cet ami a demandé à Lewin si tout allait bien, ce dernier a souri et dit qu’il trouvait l’entraînement de l’unité pas assez rigoureux et qu’il avait donc, décidé de se lancer un défi en chargeant son sac de deux fois plus que le poids requis.

Au bout de 4 ans dans Tsahal, Lewin, alors marié et père d’un enfant, s’est enrôlé au Technion, souvent décrit comme le MIT d’Israël ; il était assez brillant pour, finalement, obtenir son admission, accompagnée d’une bourse complète, afin de déménager sa famille à Cambridge et commencer ses études doctorales en sciences informatiques. Après avoir remporté une récompense attribuée aux meilleures thèses, il s’est associé avec un de ses professeurs, Tom Leighton et a décidé de se lancer dans un vaste concours entre les start-ups naissantes. Ses algorithmes, pensait-il, avait le potentiel suffisant pour révolutionner l’internet, puisqu’ils pouvaient générer les trafics de données de façon considérablement plus rapide et plus efficace que tout ce qui était disponible à l’époque. Mais d’autres n’en étaient pas aussi convaincus : Lewin et Leighton n’ont réussi à remporter aucune des premières places de ce concours. Leurs idées, prétendait un collègue universitaire, n’auraient aucune application pratique.

Lewin, cependant, ne s’est pas laissé impressionner. Faisant le tour des nombreuses sociétés de capital-risque de Boston, il a, en définitive, soulevé suffisamment d’intérêt et d’argent pour lancer sa propre entreprise. Se promenant un jour, avec Leighton près de leurs bureaux de Cambridge, Lewin avait dit à son ancien professeur qu’il n’avait aucun doute qu’Akamai – tel qu’ils avaient désigné leur entreprise- serait une réussite : ce n’était pas seulement qu’ils disposaient de la meilleure technologie, disait-il, ou qu’ils seraient les meilleurs d’entre tous, mais parce qu’ils ne renonceraient jamais.

Mais si le fait de s’y consacrer avec obstination a joué un grand rôle dans le succès d’Akamai, comme cela se passe parfois, la chance était aussi au rendez-vous. Le 11 mars 1999, deux évènements ont coïncidé pour gonfler exagérément la pression du trafic en ligne : d’une part, l’ouverture du tournoi NCAA de basket- ball et, de l’autre, la diffusion officielle de la bande-annonce tant attendue de la dernière partie de la saga Star Wars. Alors qu’internet était encore en bas-âge, peu de sites disposaient de l’infrastructure pour gérer un tel Tsunami de clics, et les fans de tout le pays maugréaient, à cause de leur incapacité à suivre leur équipe favorite ou à jeter ne serait-ce qu’un coup d’œil aux nouvelles aventures du Jedi. Au beau milieu du mécontentement général, cela dit, une poignée de journalistes ont remarqué que les seuls sites qui ne se sont pas écroulés étaient ceux qui étaient desservis par la technologie d’Akamai. Le jour suivant, l’entreprise était inondée de demandes de nouveaux clients de la tranche supérieure des sociétés dominant le marché.

Ce qui a suivi relève d’une histoire, désormais, bien connue des flux et reflux du marché internet : une introduction en bourse tutoyant les étoiles, qui a fait de Lewin, Leighton et de leurs cofondateurs des milliardaires sur le papier ; la chute libre à la suite de l’éclatement de la bulle spéculative d’Internet ; et la restructuration, dans la perspective d’un redressement. Le 10 septembre 2001, Leighton et Lewin se sont rencontrés jusqu’à très tard dans la nuit, à s’angoisser autour de la nécessité de licencier des centaines d’employés, mais certains que leur nouvelle stratégie permettrait à Akamai de continuer et de s’épanouir à nouveau.

C’est ce qui s’est, effectivement, produit, mais Lewin, tragiquement, n’était plus là pour le voir. En lisant sa nouvelle biographie et en réfléchissant à sa vie, on ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il aurait pu advenir de lui, s’il ne s’était jamais assis à cette maudite place 9B, alors qu’il parlait encore au téléphone avec l’un des avocats d’Akamai et que les membres du personnel de bord, lui demandait de couper son appareil.

Aurait-il rejoint les rangs des meilleurs parmi les Sayeret Matkal qui se sont hissés jusqu’au poste de Premier Ministre ? Aurait-il rejoint Jobs, Zuckerberg et Gates au Panthéon des innovateurs aussitôt reconnus ? Lewin lui-même, semble t-il, aurait détesté ce genre d’acrobaties imaginaires et de réflexion parfaitement futile. A lieu de cela, il nous a laissé, non seulement une technologie singulièrement importante, mais aussi un héritage qui nous exhorte, comme il l’exigeait de lui-même, à nous élever, à travailler plus dur, à exiger plus, et à croire que tout est possible pour peu qu’on le veuille vraiment. Alors que nous nous éloignons de plus en plus des évènements historiques du 11 septembre 2001, c’est cet état d’esprit –l’esprit qui était celui, unique, de Lewin, mais qui représente aussi tout ce qui est grand et éternel, indéniablement américain – qui doit rester vivace.

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Liel Leibovitz est un des principaux rédacteurs de Tablet Magazine.

Par Liel Leibovitz |11 septembre 2013 12:00 AM

tabletmag.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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Benabenja

Waouw, on voit la-meme la Main d’Hashem! Meme l’heroisme d’un ben Israel de valeur n’a pas pu empecher le 1er crash du 11 Septembre… Parti pour arreter les 2 mamzerim, il a fallu qu’un troisieme arrive en traitre par derriere pour l’en empecher.