La journée de commémoration de la Shoah et de l’héroïsme juif nous invite à nous interroger sur l’actualité de l’antisémitisme et les nouveaux visages qu’il adopte ces dernières années. La haine d’Israël a toujours été un phénomène de nature polymorphe, qui permet de rassembler des personnes de différents horizons autour d’un même sujet de détestation, ce qui lui octroie une force de persuasion supplémentaire et un caractère souvent inexplicable.

Comment expliquer autrement la collusion entre des personnes que tout devrait opposer et qui se retrouvent ensemble pour nier la Shoah, la légitimité de l’Etat d’Israël, ou l’existence du peuple juif ?

Qu’y-a-t-il de commun entre les valeurs républicaines et le soutien à un islam qui rejette la démocratie et l’égalité entre hommes et femmes ?

Au nom de quelle alliance retrouve-t-on les descendants de Jaurès avec les héritiers des Frères musulmans dans une même volonté d’effacer le nom d’Israël de la face de la terre ?

La Grande-Bretagne, source à la fois de la démocratie moderne et de l’impérialisme colonial, pays de la Magna Carta Libertatum et de Rudyard Kipling, grand édile du racisme colonial, est aujourd’hui le théâtre privilégié d’un déferlement de haine antisémite sans précédent. La particularité de cette nouvelle forme de haine d’Israël, dont on constate déjà depuis la fin du siècle précédent les effets pervers, est l’alliance entre une gauche progressiste travailliste et un islam qui n’avance plus masqué ni voilé, mais que réunit en premier chef la haine d’Israël.

Les propos antisémites de l’ancien maire de Londres Ken Livingstone et ceux d’une députée musulmane ont été tellement outranciers que le parti du Labor a dû les exclure pour ne pas gêner l’élection du candidat musulman d’origine pakistanaise aux élections municipales de la capitale britannique.  Certes, il y a déjà eu des maires musulmans dans certains pays européens, comme à Rotterdam,  mais pas à ce jour dans une capitale, et surtout aucun de ces élus ne débutaient leurs discours en saluant l’assemblée par un « Salam Aleikum ». 

Cela ressemble à un scénario à la Houellebecq, même si un auteur britannique, Chesterton, avait déjà eu une vision prémonitoire d’une telle situation  dans un livre écrit en 1914 et traduit en français en 1990 par Pierre Boutang, sous le titre « L’auberge volante ». Ironie  du sort ou de la politique, face au candidat musulman, l’avocat fils d’immigrés Sadiq Kahn, le parti conservateur a choisi un candidat d’origine juive Zac Goldsmith, issu d’une famille aisée et marié à une catholique, qui n’a jamais caché ni ses racines, ni son soutien à l’Etat d’Israël.

Sadiq Kahn ne cesse depuis quelques semaines de condamner l’antisémitisme et essaie de se forger une image de musulman tolérant, mais peu de gens savent qu’il fut l’avocat de Louis Farrakhan, cet activiste surnommé le Hitler noir, ami de Kadhafi, qui se targue d’être le chef de la nation de l’islam, et qui accusa les Juifs d’avoir fomenté les attentats du 11 septembre. Dites-moi qui sont vos amis, je vous dirai qui sont mes ennemis !

Michaël Bar-Zvi – Chronique du 5 mai 2016 – Kaf Zain be Nissan 5776

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