Opposant à Kabila, l’ex-gouverneur du Katanga annonce ce jeudi son entrée en piste pour le scrutin normalement prévu en novembre 2016.

L’annonce était attendue depuis plusieurs mois. L’opposant congolais Moïse Katumbi a confirmé, mercredi 4 mai, sa candidature à la présidentielle, prévue d’ici la fin de l’année. « Trois mouvements de l’opposition congolaise […] m’ont fait l’honneur de me choisir comme leur candidat à la prochaine élection présidentielle » en République démocratique du Congo (RDC), a-t-il indiqué dans un communiqué publié sur Twitter. Et d’ajouter : « J’accepte avec humilité cette lourde responsabilité.

Moïse Katumbi a annoncé être candidat à la présidentielle prévue d’ici fin 2016 en RD Congo. L’ex-gouverneur du Katanga et président du club de football, le Tout Puissant Mazembe, est accusé par Kinshasa de recruter des mercenaires.
Moïse Katumbi, 51 ans, ex-gouverneur de l’ancienne province du Katanga, dans le sud-est du pays, jouit d’une grande notoriété en RDC, notamment en tant que président du Tout Puissant Mazembe, « l’un des clubs de foot favoris des Congolais » comme le rappelle RFI.

En septembre 2015, son départ du parti présidentiel et sa démission au poste de gouverneur avaient alimenté les rumeurs sur ses ambitions pour accéder à la magistrature suprême.
« Harcèlement policier et judiciaire »
Depuis, l’homme d’affaires affirme être victime d’un « harcèlement policier et judiciaire » de la part du pouvoir. Le ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, l’a soupçonné publiquement de recruter des mercenaires étrangers dans son fief politique du Katanga. Selon lui, d’anciens militaires américains spécialisés dans « la formation, le maniement des armes, comme agent de sécurité ou garde du corps » sont actuellement « au service » de Moïse Katumbi. Ce dernier a rejeté ces allégations, les qualifiant de « mensonge grotesque ». « C’est une extravagance que de croire qu’il aurait des armées américaines de mercenaires, a pour sa part déclaré à France 24 Olivier Kamitatu, un proche de l’homme d’affaires.
Il y a effectivement un Américain qui est venu pour donner des conseils comme garde rapprochée pour que des Congolais puissent assurer la sécurité de Moïse Katumbi mais il n’est en aucun cas question de mercenariat. » »Les basses manœuvres du pouvoir n’entravent pas mon combat pacifique. Je serai le candidat de l’État de droit », a affirmé Moïse Katumbi dans son communiqué, alors que les autorités ont annoncé, mercredi, l’ouverture d’un « dossier judiciaire » à son encontre.L’ancien gouverneur a également fait savoir qu’il allait entamer, « dans les prochains jours, une tournée nationale à travers tout le territoire du Congo ».

Trois différentes alliances de partis d'opposition ont demandé à Moïse Katumbi (ici à Lubumbashi, en 2015)  d'être leur candidat à la présidentielle.

Qui est Moïse (Moshé)  Katumbi Chapwe

Moïse Katumbi Chapwe, né le à Kashobwe au sein de l’ethnie bemba, est un riche homme d’affaires et un homme politique Congolais. Il a été gouverneur de la province du Katanga, en République démocratique du Congo, de février 2007 au 29 septembre 2015, date à laquelle il démissionne du gouvernorat et du PPRD. Depuis 1997, il est le président du TP Mazembe, club de football congolais, sacré 5 fois champion d’Afrique et finaliste de la Coupe du monde des clubs en 2010.

En 2015, Moïse Katumbi est décrit comme « probablement le deuxième homme le plus puissant en République démocratique du Congo après le président Joseph Kabila » et « personnalité de l’année 2015 » selon un sondage mené par le magazine Jeune Afrique auprès de ses lecteurs. Le 3 janvier 2016, Moïse Katumbi Chapwe rejoint les rangs de l’opposition et le Front Citoyen 2016. Ce dernier est désigné candidat à la présidence par les opposants du G7 en mars 2016, et par les opposants d’Alternance pour la République en mai 2016.

Né le à Kashobwe au sein de l’ethnie bemba, Moïse Katumbi est né d’une mère congolaise et d’un père juif séfarade, Nissim Soriano, qui avait fui entre les deux guerres mondiales l’île de Rhodes alors contrôlée par l’Italie fasciste, pour s’établir au Katanga, près du Lac Moero et proche de la frontière zambienne. Son père y développa un commerce de poissonnerie repris ensuite par son frère aîné.Moise  Katumbi Chapwe est marié à Carine Katumbi.

Moïse Katumbi fait ses études primaires au lycée Kiwele de Lubumbashi. Il a poursuivi sa 5e et 6e primaire à l’école primaire Kabukwikwi et ses études secondaires à la mission de Kapolowe pour y obtenir un diplôme d’état, option pédagogie.

Moïse Katumbi devient ensuite gérant des établissements de son frère aîné, Raphaël Katebe Katoto, un homme d’affaires actif dans la politique. Katumbi travaille aussi en Zambie où il apprend l’anglais et suit une formation en gestion.

Moïse Katumbi a prospéré dans la pêche, s’approvisionnant dans le Lac Moero et faisant la plus grande partie de son commerce avec la Gécamines, une des principales entreprises minières de la région. Son commerce s’étend également au Zambie et se diversifie : transport, commerce, approvisionnement alimentaire. Il créé en 1987 la société Établissement Katumbi qui regroupe ses activités.

En 1997, Moïse Katumbi crée la société MCK (Mining Company Katanga) qui récupère 80% des activités d’exploitation du cuivre et du cobalt de la Gécamines.

En novembre 2015 il vend sa principale société MCK à la société française Necotrans

Depuis 1997, Moïse Katumbi est aussi le président du TP Mazembe. Le TP Mazembe est un club de football congolais qui à remporté 5 fois la Ligue des champions africaine (1967, 1968, 2009, 2010 et 2015) dont 3 fois sous sa présidence et à atteint la finale de la Coupe du Monde des Clubs à Abou Dabi en 2010.

Le TP Mazembe est le premier club africain à accéder à la finale du mondial des Clubs.

En 2011, Moise Katumbi Chapwe inaugure un stade flambant neuf avec une capacité de 19 083 places assises. Ce dernier est le premier stade privé du pays appartenant à un club. La même année, un centre de formation appelé la Katumbi Football Académie ouvre ses portes. En janvier 2012, il est élu membre de la commission stratégique de la FIFA.

Carrière politique

En 2006 et en 2011, Moïse Katumbi soutient la campagne électorale de Joseph Kabila. En 2013, conformément à la constitution de son pays, Moïse Katumbi annonce ne pas se représenter pour un deuxième mandat de gouverneur. Il démissionne du PPRD et du gouvernorat le 29 septembre 2015 dénonçant par une déclaration publique les dérives anticonstitutionnelles des dirigeants et le recul de l’État de droit et des libertés individuelles en République Démocratique du Congo. Il appelle par la même occasion à un large rassemblement républicain et démocratique dans le pays.

Le 6 janvier 2016, Moise Katumbi Chapwe prend la parole pour annoncer que « 2016 sera l’année où il y aura la première alternance » en RDC.

Député à l’assemblée nationale

Aux élections législatives de 2006, Moïse Katumbi est élu député du Katanga avec plus de 100 000 voix en sa faveur. Il travaille à l’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo et à l’Assemblée provinciale du Katanga, puis est élu en janvier 2007 gouverneur de la province du Katanga avec 94 voix sur 102.

Gouverneur du Katanga

Dès son arrivée à la tête du Katanga, Moïse Katumbi met en place l’interdiction d’exporter les minerais bruts, forçant ainsi les industriels à construire leurs unités de transformation au Katanga, source d’emplois pour les katangais. En 2010, à la suite de la chute du prix du cuivre et du départ précipité des entreprises minières (principalement chinoises) de la région du Katanga, Moïse Katumbi demande à toutes les entreprises concernées de payer les indemnités de loyer et les taxes dues à la province, sous peine de mettre leurs biens aux enchères. De 2008 à 2013, la production de cuivre du Katanga passe de 800 tonnes à 1 millions de tonnes par an.

Les revenus générés avec l’industrie minière permettent le développement rapide de la province : les principaux axes de Lubumbashi sont bitumés, et plusieurs axes routiers sont réhabilités et asphaltés. La construction d’une centrale hydro-électrique sur la rivière Luapula est lancée en mai 2013. Plusieurs hôpitaux sont également construits. Des écoles et universités sont rénovées. De 2007 à fin 2012, la part de la population alimentée en eau potable passe de 48% à 70%. Sur la même période, la tonne de farine de maïs passe de 2200 dollars à 500 dollars. Sur le plan agricole, depuis 2008, un arrêté oblige toute entreprise minière implantée dans la province à aménager 500 hectares de terre cultivables afin de répondre aux ambitions d’autosuffisance alimentairede la région. En 2007, les employeurs de la province se voient par ailleurs obligés de verser un salaire minimum de 100 dollars à tous leurs employés.

Front citoyen 2016

Il démissionne le 29 septembre 2015 de son poste de gouverneur et du PPRD en dénonçant le non-respect de la constitution par le gouvernement : « tout est mis en œuvre pour ne pas respecter la Constitution ». Dans une déclaration politique rendue publique, il fustige aussi les « dérives inacceptables » du régime, notamment les arrestations arbitraires et intimidations. Il annonce dans la même déclaration l’organisation de larges concertations citoyennes afin de créer un mouvement républicain et démocratique dans le pays. Le 19 décembre, Moïse Katumbi est signataire de la déclaration du « Front citoyen 2016 », une coalition entre l’opposition et la société civile congolaises engagée pour protéger la Constitution et le respect d’un calendrier électoral en 2016. En mars 2016, ce dernier est désigné candidat à la présidence par les opposants du G7.

Prix et distinctions

Le 15 décembre 2012, la Millenium Excellence Foundation décerna à Katumbi la récompense « Black Star d’Afrique 2012 » à Nairobi, au Kenya. La distinction récompense ses réalisations et son rôle modèle de la bonne gouvernance en Afrique.

En janvier 2015, Moïse Katumbi reçut également la récompense de « Leader de football de l’année » décernée par la Confédération africaine de football.

Le 22 décembre, 2015, Moïse Katumbi a été nommé « Personnalité africaine de l’année 2015 » par Jeune Afrique, un important magazine panafricain.

 

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