Yves Duteil est le petit-neveu du capitaine Dreyfus, à qui il a consacré une chanson (Dreyfus) sur l’album Touché.

 

 

Extrait de l’album »Touché »Avec les paroles de la chanson

Yves Duteil:Le poète troubadour de la chanson française;Respect Playlist Yves Duteil:https://www.youtube.com/watch?v=SaQrE…

 

 

LE VRAI HEROS : ALFRED DREYFUS par Francois Heilbronn

Je vous encourage à aller voir le très beau film de Polanski : J’ACCUSE.

La reconstitution historique y est splendide, les décors, les costumes sont saisissants de vérité.

Comme toujours avec ce très grand metteur en scène, la photographie est parfaite et vous transporte 120 ans en arrière. Vous assistez à la dégradation de l’innocent capitaine Dreyfus comme si vous étiez avec cette foule haineuse derrière les grilles de l’Ecole militaire.

Jean Dujardin à ma grande surprise est crédible en officier d’Etat major de 1894, en Picquart.

Les seconds rôles militaires sont parfaits notamment le commandant Henry et la brochette de généraux falots ou antisémites ou les deux. A l’exception de Seigner qui joue de plus en plus mal, le casting est parfait.

Le parti pris de Polanski de ne traiter que de Picquart est intéressant mais il est réducteur. Polanski a cherché à comprendre comment un officier d’Etat major antisémite acceptait de risquer sa carrière pour sauver un officier juif innocent.

Il montre assez bien que ce n’était pas par humanisme mais pour arrêter le vrai traitre le commandant Esterhazy. Il montre aussi qu’en bon politique, il veut sauver l’honneur de l’Armée française avant qu’il ne soit trop tard. Il avait raison.

Mais ce qui m’a gêné dans ce film est qu’il se complaît dans la vision inexacte de qui était vraiment Alfred Dreyfus. Il ne montre ni son intelligence, ni sa détermination, ni son courage et encore moins sa très grande humanité.

Ce film reprend les clichés colportés par certains dont quelques défenseurs comme Labori, Clemenceau ou Picquart qui n’ont pas supporté que Dreyfus ne les écoute pas et demande la grâce présidentielle plutôt que d’aller une 3ème fois devant un Conseil de guerre.

Mais Dreyfus avait raison contre eux. Libre, il pouvait mieux préparer sa défense, retrouver ses forces après 5 ans de captivité inhumaines sur l’île du Diable et préparer son appel devant un tribunal civil devant la cour de Cassation. Il gagnera en 1906.

Dreyfus dès le début avait compris la nature du procès politique et antisémite dont il était victime. Il savait que les généraux et ministres voulant sa chute ne reculeraient devant rien pour le maintenir au bagne.

Ce que ce film ne montre pas, c’est cette vision, cette intelligence, ce courage.

Il ne montre pas non plus, un autre vrai héros visionnaire de cette affaire qui aux côtés de Mathieu Dreyfus, le frère héroïque lance l’affaire sur le plan médiatique et politique, Bernard Lazare. Péguy ne s’y est pas trompé, c’est à lui qu’il rend hommage comme, le « prophète » de l’Affaire, dans son sublime « Notre jeunesse ».

Dreyfus était aussi reconnaissant, fidèle et tendre. Là où le film, le montre froid et compassé, comme ingrat.

Lisez cet envoi de Dreyfus à Zola, dans l’exemplaire qu’il lui adresse de ses mémoires « cinq années de ma vie » (voir photo ci-jointe). Est-ce le ton d’un ingrat, d’un homme sans cœur ?

Tout le contraire.

Et lisez ci-dessous, la lettre que lui adresse Zola en réponse à cet envoi.

« Le 8 mai 1901.

Cher monsieur Dreyfus,

J’achève la lecture de « Cinq années de ma vie », et je ne sais rien de plus poignant, de plus éloquent, dans la simplicité et la concision. Je suis de ceux qui vous approuvent beaucoup de ne pas avoir tardé plus longtemps à nous donner ces pages.

Il était nécessaire qu’on les connût, elles auraient manqué au dossier qui achève de se faire chaque jour.
C’est un peu plus de lumière qu’elles apportent, elles vont font connaître définitivement.

Elles dissent quel homme vous êtes et quel martyr vous avez été. Maintenant, la figure est complète, et d’une grande beauté d’innocence et de souffrance.

La victoire de demain est certaine, ces pages l’annoncent encore.

Avec toute mon admiration et mon affection.

Emile Zola »

Le vrai héros de l’Affaire n’a qu’un seul nom, ALFRED DREYFUS.

J’attends donc, encore, un film qui rende à ce héros toute sa grandeur, son courage et son humanisme.

En attendant donc, je vous invite à lire les mémoires de Dreyfus, sa correspondance et l’excellent livre de Laurent Greisalmer « La tragédie du Capitaine Dreyfus ».

 

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