Une révision de la politique étrangère israélienne

La visite officielle du président Herzog à Ankara, les récentes rencontres de Naftali Bennet avec Vladimir Poutine à Moscou et avec le chancelier Olaf Scholz à Berlin, ainsi que l’entretien Lapid-Blinken à Riga, offrent à Israël une bonne occasion de réviser sa politique étrangère.

Dans la crise ukrainienne, l’Etat Juif a choisi le camp des Occidentaux, en sauvegardant ses bonnes relations avec la Russie et la Chine.

Pour expliquer et défendre convenablement notre juste cause, il est nécessaire de former un corps diplomatique expérimenté, professionnel et apolitique, de véritables civil servants.

Le gouvernement devra mettre un terme à toutes les nominations politiques. Ces décisions sont prises généralement à la légère pour pouvoir écarter l’enfant terrible du parti ou du ministère, offrir un poste vacant à un proche d’une famille célèbre, ou à un fidèle ami… satisfaire une demande d’un philanthrope, une requête d’un oligarque… Certains ont même osé demander un passeport diplomatique pour leur déplacement, en yacht ou en avion privé…

Dans la majorité des cas, ces nominations ont causé des dégâts inutiles notamment à l’image d’Israël dans le monde. Il parait aussi inconcevable de nommer un ambassadeur ou un consul pour éviter la chute d’une coalition instable. Il est temps d’arrêter ce manège, cette conduite gouvernementale peu honorable car les intérêts de l’Etat prévalent toujours sur les caprices d’un parti politique ou d’un ministre.

Dans le cadre des réformes au Ministère des Affaires étrangères, indispensable aussi de mettre de l’ordre au sein du personnel en séparant également les missions des fonctionnaires chargés des dossiers diplomatiques et politiques avec celles des agents administratifs et techniques. Chacun devra travailler dans son propre domaine, sa spécialité et ses fonctions.

Ministère des Affaires étrangères (Israël)

Pour recruter d’excellents diplomates, le gouvernement devra augmenter les salaires ainsi que le budget du département de l’Information (Hasbara) qui ne représente aujourd’hui que 5% du budget du ministère.

Désormais, l’information circule et se propage également sur les réseaux sociaux. Nous devrions donc apporter des réponses rapides et crédibles, combattre la désinformation, les images tronquées, les nouvelles fallacieuses, les Fakenews.

Gouverner c’est prévoir, planifier des projets, des plans, étudier les dossiers, et se préparer à tous les scénarios possibles.

(GPO/Yossi Punes)

Dans les jours qui viennent, les sanctions contre l’Iran seront probablement levées et les Iraniens se moqueront éperdument des accords signés. Comment réagira l’Amérique ? Ses alliés européens ? Ont-ils un plan B ? Quelles seront leurs réactions devant une agression du Hezbollah ou du Hamas contre Israël ?

Dores et déjà, les Palestiniens profitent de la crise ukrainienne pour relancer des actions terroristes et une campagne internationale contre « les crimes de l’occupation israélienne ».

Nous devrions donc expliquer et défendre notre droit absolu, notre légitime défense, mais en même temps être aussi vigilants, avoir une vision vers l’avenir et surtout sauvegarder les liens privilégiés que nous avons avec les Américains.

Dans les semaines à venir le monde plongera dans une profonde crise économique avec une pénurie de matières premières et denrées alimentaires, ainsi que des millions de réfugiés supplémentaires.

Depuis la Guerre du Yom Kippour, toutes les crises énergétiques et financières mondiales transforment les Etats en des monstres froids. Chacun cherchera brutalement ses propres intérêts en adoptant une politique mercantile.

Pire encore, Israël sera de plus en plus isolé dans l’arène internationale. Les Juifs seront une fois de plus sur la sellette, les antisémites lèveront la tête et accuseront « la juiverie » d’être responsables de la nouvelle crise.

De ce fait, une révision de notre politique étrangère est nécessaire, impérative, vitale.

Adopter une diplomatie classique et cohérente en rejetant tout amalgame avec d’autres conflits armées ou en assimilant les « autres occupations » en Europe et ailleurs.

Consolider nos rapports avec les communautés juives, renforcer les relations diplomatiques avec nos alliés, et élargir le cercle des Accords d’Abraham.

Par Freddy Eytan 

https://jcpa-lecape.org/une-revision-de-la-politique-etrangere-israelienne/