Cette semaine, une délégation du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et du camp des Milles a été reçue en Pologne afin de sceller un partenariat pluriel avec le camp d’Auschwitz.

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Mettre l’action internationale au service du territoire, tel était l’enjeu de cette délégation diversifiée en déplacement à Cracovie. Le Département a fait de ses coopérations décentralisées un axe fort de son action.

L’occasion également de marquer la volonté de développer des relations bilatérales comme cela a déjà été le cas en Arménie ou encore récemment à Miami. Élus, acteurs locaux, représentants du monde économique (club des masters, notamment), hommes de foi (Diocèse et Rabbinat), représentants du dense tissu associatif local, ont échangé sur les trois thématiques phares.

Actions mémorielles et éducatives, promotion touristique de la Provence, francophonie ont rythmé des moments singuliers où les deux pays ont fait preuve d’un destin commun.

À l’heure où la Pologne a adopté une loi controversée sur la Shoah, il était toutefois nécessaire de rappeler la nécessité du devoir, voire du travail de mémoire, pour ne pas réécrire l’Histoire ou éviter qu’elle ne bégaie. Nonobstant le fait que les relations avec l’Union européenne, face aux prises de position du gouvernement polonais (Loi anti-IVG, réforme sur la justice…) soient en train de se tendre, il était de bon ton de tenir subtilement un discours démocrate.

Une fois occulté cet aspect politique, durant trois jours, l’institution départementale et les différents acteurs présents ont misé sur le destin commun qui unissait les deux pays. Un travail de collaboration se fera notamment au niveau de la francophonie. Élément phare de la coopération qui vient de s’engager, notamment avec l’Institut culturel français.

Devoir de mémoire : « Le premier objectif aujourd’hui encore est d’arriver à mettre un visage sur un nom »

Paschej Birenbaum, nº176695. Une gravure ancrée sur la peau qui permet de retracer un destin de vie. Le camp des Milles, fer de lance local du devoir de mémoire, s’inscrit aujourd’hui dans une démarche historique.

Au-delà de la nécessité de transmettre, l’institution aixoise fait du travail de mémoire une de ses priorités. Grâce aux recherches effectuées par Magdalena Wolak, responsable de production, chargée du partenariat avec le musée national d’Auschwitz-Birkenau, il est désormais possible de retracer le parcours de déportés du Camp des Milles vers la « Solution finale ».

Un premier pas dans le partenariat qui lie désormais les deux camps de l’horreur. Cette semaine, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, le camp des Milles et le camp d’Auschwitz ont signé un accord qui fera date. Une façon de sceller un échange déjà bien établi depuis la signature d’un accord-cadre de partenariat signé en 2015.

Cette convention tripartite, symboliquement signée au sein du bloc 8 du camp polonais, permettra notamment l’accès très limité aux archives soigneusement référencées et quasiment inaccessibles à Auschwitz. « Il y a une liaison très forte entre nous et le Camp des Milles, précise Piotr Cywinski, directeur du camp d’Auschwitz. Une liaison donc entre le point de départ de déportés et le triste point d’arrivée. »

Selon le responsable, le Pavillon français inauguré en 2005 par Jacques Chirac témoigne de la volonté de poursuivre un travail commun. « Ce sera bon d’un point de vue mémoriel et pédagogique pour les visiteurs qui ne peuvent venir ici ».

Dans les faits, le travail de mémoire sur ce pan de l’Histoire est titanesque. « Il existe différentes sources, en hébreu, en italien, en yiddish. C’est un travail difficile, pour les Historiens, qui semblent avoir intégré cette donnée. D’où la nécessité de cette réflexion commune. La coopération et les échanges sont incroyablement importants ».

Un concept novateur… à Aix

Le concept est novateur. « Le premier objectif est de mettre un visage sur un nom », précise Cyprien Fonvielle, dynamique directeur du camp des Milles, « un travail sera effectué à partir des archives qui retracent des parcours de vie. » Puis, d’y annexer « si nous en avons la possibilité » des objets « du quotidien » de façon « à ce que le visiteur puisse s’identifier ». Car « on a tendance à se mettre à distance, face à l’Histoire ».

Piotr Cywinski, directeur du camp d'Auschwitz, Martine Vassal, et Cyprien Fonvielle, directeur du Camp des Milles, s'unissent pour un projet dévoilé en janvier 2019.
Piotr Cywinski, directeur du camp d’Auschwitz, Martine Vassal, et Cyprien Fonvielle, directeur du Camp des Milles, s’unissent pour un projet dévoilé en janvier 2019.

En optant pour cette démarche, c’est une façon de rendre plus réaliste « et de se projeter » dans ces parcours de vie. Car, « nous sommes des passeurs de mémoire de cette horreur absolue ». Avant d’enchérir : « On a longtemps pensé que tous les déportés du camp des Milles étaient arrivés à Auschwitz. Pourtant, certaines personnes ne vont pas survivre.

Certaines n’apparaîtront pas sur les fichiers d’Auschwitz ». Comme des femmes et des enfants assassinés dès leur arrivée sur le site polonais. Le travail s’effectuera sur une liste de 2000 noms. Magdalena Wolak, doctorante d’origine polonaise, a en ce sens passé quinze jours au sein des archives du camp polonais.

« Un travail passionnant et utile », que la doctorante tend à poursuivre. Fiche par fiche, catalogue après catalogue, elle a pu, grâce au soutien des équipes scientifiques locales, procéder au recoupement des sources. La collaboration avec le camp d’Auschwitz viendra parfaire le volet réflexif développé par le Camp des Milles.

Le Conseil département, également propriétaire d’archives, s’impose comme un acteur majeur. « Cet accord est une première pour le camp d’Auschwitz, qui s’associe pour la première fois avec une collectivité territoriale. C’est une convention à la fois porteuse d’espoir et un immense symbole. Ici, nous pouvons toucher du doigt la barbarie nazie. L’apprentissage ne fait pas ressortir ce que nous avons ressenti ici. Le devoir de mémoire est impérieux. Les idées nauséabondes ne doivent pas retomber aux oubliettes. Nous devons rester dans une vigilance permanente ».

Les visites organisées par le Départemental permettaient à 80 collégiens chaque année de découvrir l’ignominie nazie. Aujourd’hui, grâce la pédagogie du personnel du camp des Milles, ce sont plus de 11 000 collégiens qui sont sensibilisés par année scolaire.

Un travail essentiel qui permet également de rappeler au bon souvenir les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité.
Des notions que l’on retrouve dès l’entame de la visite du Camp des Milles…

Et aussi Flessel est venue s’inspirer du travail réalisé au camp des Milles

Par Rislène Achour

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