Tromper avec les images, Michèle Mazel©

Tromper avec les images

Par Michèle Mazel

Il fallait s’y attendre : après les fausses nouvelles, voici les fausses images. Le coup de poing à la figure du lecteur ou du spectateur. La touchante petite immigrante arrachée à sa maman et sanglotant face à un président américain diabolisé qui fait la couverture de Time Magazine, l’un des hebdomadaires les plus influents des Etats Unis. Un cliché qui a fait le tour du monde et provoqué la vertueuse indignation des bien-pensants.

Qu’importe les démentis qui ont suivi : il s’agissait d’une toute autre situation et l’enfant n’a jamais été séparée de sa mère.  Israël est hélas le plus souvent la victime de ce genre de procédés. Le bébé de Gaza soi-disant asphyxié par une armée au cœur de pierre et qui est mort en fait d’une malformation cardiaque.

La longue rangée de corps allongés au sol « victimes innocentes tuées par la barbarie israélienne. ». En y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’ici est là, un pied ou une tête émerge du linceul blanc pour s’y replonger aussitôt. Qu’importe. Là encore c’est la première impression qui va rester dans l’esprit. Mais à côté de ces exemples d’une volonté délibérée de fraude, il y en a d’autres, qui sous leur apparence ridicule sont plus inquiétantes encore. Ainsi Le Congrès des Syndicats Sud-Africains, qui compte près de deux millions d’adhérents et qui soutient vigoureusement le mouvement BDS, a choisi de marquer la Journée Mondiale des Réfugiés en mettant en ligne un cliché représentant, selon ses dires « des Palestiniens, le plus ancien groupe de réfugiés au monde et celui qui a le plus souffert. » Il s’agissait en fait de réfugiés juifs chassés des pays arabes qui se trouvaient en 1950 dans un camp d’accueil en Israël.

Camp d’accueil israélien dans les années 1950

On ajoutera que ce camp n’existe plus depuis bien longtemps et que tous les réfugiés ont été intégrés dans le pays tandis que les réfugiés palestiniens sont toujours parqués dans des camps par leurs frères arabes qui refusent de les intégrer.

Dimanche dernier, c’est l’homme politique et ancien député George Galloway qui s’est ridiculisé en postant une vidéo prouvant, selon ses dires, qu’il y avait une équipe de football palestinienne bien avant la création de l’Etat d’Israël. En y regardant de plus près, il aurait pourtant dû remarquer les étoiles de David ornant les maillots des joueurs. Il s’agissait en effet de l’équipe de Maccabi Tel Aviv (déjà !)  Ce qui est dramatique dans ces deux exemples c’est que leur parti-pris contre Israël a aveuglé tant les Sud-Africains que Georges Galloway et les a empêchés d’effectuer les vérifications les plus élémentaires. D’ailleurs leurs partisans n’y regarderont pas de si près et ne tiendront pas compte des démentis. Comment ne pas penser à cette réflexion effroyable attribuée à Charles Maurras : « que Dreyfus ait trahi je le tiens de sa race. »

Comment ne pas penser aussi à ces images que la presse occidentale ne diffuse pas. Les flammes qui dévorent moissons et forêts. Un apiculteur en larmes devant les quelques abeilles rescapées tournant autour de ses ruches carbonisées par un incendie déclenché par un si pacifique cerf-volant de Gaza.  Les petits israéliens courant vers les abris durant une nouvelle alerte.  Sans doute les montrer humaniserait par trop les Juifs et nuirait à l’entreprise de diabolisation en cours.

Par ©Michèle Mazel