PARASHAT TEROUMA 5783

L’IMPORTANCE DES ORDONNANCES

Le premier mot de cette section hebdomadaire de Torah « terouma » que l’on traduit généralement par offrande cache en lui-même une notion d’élévation mystique. En effet la racine de ce mot resh-mem-mem (leromem) ou leharim qui signifie soulever ou élever et que l’on emploie pour désigner quelque chose que l’on élève. Ou, si vous préférez, en faisant une offrande, un don quel qu’il soit grand ou petit, qu’il soit précieux ou non, nous élevons notre âme vers les Cieux.

Dès après l’énumération des différentes sortes de dons nécessaires à la construction du Tabernacle en provenance des règnes végétaux, minéraux, animaux…. La nature tout entière prend part à cette création et c’est au cours de la suite de la description que nous pouvons comprendre l’importance de cette énumération et de la description.

En effet, dans les versets qui suivent (versets 10 à 22) le mot ARON (alef-resh-vav-noun)  est cité 8 fois, le mot kaporeth (kaf-pe-vav-resh-tav) est cité 7 fois et le mot kérouvim/kérouv  (kaf-resh-vav-beyth)  au singulier est également évoqué 47 fois. Nous savons pertinemment que rien n’est fait au hasard dans la Torah

Dans des commentaires précédents nous avons pu relever le fait que dans la symbolique juive les nombres 7 et 8 indiquent, respectivement, le naturel et le supra naturel.  C’est alors que nous pouvons, en effet, remarquer que, si l’armoire du témoignage dont la fonction fut de contenir les tables de pierre, le premier  sefer Torah, un pot contenant de la manne….. et cette conservation devait se faire à tout jamais… C’est donc bien que ce tabernacle était « supra-naturelle » d’où le chiffre 8 et ce tabernacle devait être la Résidence divine d’où  NORA (redoutable)  anagramme du mot ARON car, dans ce tabernacle du « souvenir » se trouvent ces « cadeaux » dont HaShem nous a fait don tout au long de notre séjour dans le désert y compris la Loi.

Et, si le mot kaporeth (kaf-peh-vav-resh-tav) qui désigne une tenture (tout comme parokheth, mot composé des mêmes lettres, il décrit un rideau ou une tenture sur lequel/laquelle le Cohen Gadol avait pour usage de procéder à l’aspersion du sang des bêtes immolées en sacrifice en Kapara pour le peuple d’Israël ! Ceci faisait donc partie du rite quotidien des sacrifices et des kapparoth ou rachat des fautes.

Un autre mot se répète à 7 reprises au cours de ces versets (10 à 22) : Kerouv désignant les chérubins placés dans le Tabernacle, sur le propitiatoire. Ces deux chérubins gracieux sont animés : ils peuvent mouvoir leurs ailes. Kerouvim sont nommés 7 fois et, l’anagramme de kerouv est baroukh soit béni et même au pluriel, ils transmettent la bénédiction car kerouvim se transforme en « beroukhim »…. Simples indications de ce qui appartient aux hommes et qui est apprécié d’HaShem et nous allons encore trouver d’autres indications de la volonté de l’Eternel de bénir Ses enfants s’ils observent Ses Paroles.

Par la suite, le Créateur dicte à Moïse Ses Instructions pour construire une table sur laquelle deux fois par jour (le matin et l’après-midi). Cette table est donc une « shoulhan » shine-lamed-heth-noune. Ces lettres sont les initiales de quatre sortes d’épices ou aromates utilisées lors du brûlage de l’encens qui sont : la shaheleth (d’après certains c’est la girofle), la lévona ou oliban, la helbana ou galbanum et le nataf ou parfum provenant de l’arbre de la plaquemine en français. Ces quatre aromates sont cités dans le traité talmudique de Kritout parmi les onze parfums composant l’encens que le grand prêtre faisait fumer deux fois par jour au Temple. Et, ces quatre parfums sont les quatre qui sont mêlés à raison de 70 portions chacun. Le chiffre 70 est le summum de la perfection soit 7 comme le 7 de tout ce qui est naturel que multiplient 10. Le macrocosme de la société est composé de multiples microcosmes et, lorsque tout est bien amalgame et que chacun trouve sa place le macrocosme est parfait et s’enrichit de sa diversité. Les quatre premières espèces des aromates utilisés dans l’encens sont trois dont le parfum est délicieux alors que le quatrième est loin de l’être autant. Et pourtant les qualités des trois premiers effacent le caractère négatif du quatrième car ainsi va la vie : pris séparément chacun a ses qualités et ses défauts mais nous sommes tous une entité et en tant qu’entité les uns prêtent aux autres ce qui leur fait défaut !!!

La Menora ou le chandelier à 7 branches. MENORA mem-noune-vav-resh-hé. On peut aussi disséquer ce terme ainsi : « mi ner HaShem » c’est-à-dire que la lumière vient de HaShem.. on peut aussi faire un petit calcul et ajouter toutes les lettres du mot : mem-noune-vav-resh-hé nous atteignons le total de 301 soit esh = feu. Nous en revendrons toujours au même concept de lumière et le feu est celui-là même qui nous a protégés depuis la sortie d’Egypte et qui est toujours présent dans le Beith HaMikdash. Le feu peut être considéré comme purificateur mais aussi comme destructeur ou vengeur. Après qu’Eve, eût donné le fruit de l’arbre défendu à manger à Adam, D a annoncé à Eve qu’elle avait éteint l’une des lumières du monde et qu’ainsi elle devrait rallumer en souvenir des lumières de shabbat. Nous reprendrons cette idée plus loin.

On ne disserte pas assez sur ce chandelier à 7 branches. C’est pourquoi aujourd’hui nous allons tenter de le définir, de voir ses dimensions et quelle est cette centralité qui fait que la Menorah est le symbole du peuple Juif tout autant que le Maguen David.

La Menorah a été faite d’une seule pièce dans un bloc d’or pur. Les dimensions de la menora sont les suivantes : 18 tefahim   soit pratiquement 1,73 m pour la hauteur ; la largeur d’une extrémité à l’autre est de 12 tefahim soit 1,15m ; et la branche centrale est d’une hauteur de 15 tefahim soit 1,44 cette branche se rattachant au socle.

Les commentaires, très nombreux, sur ce thème, mettent en relief l’importance de cet ustensile du Beith HaMikdash dans le judaïsme. En effet, chacun voit dans ce symbole de 7 branches une implication différente : ainsi, étant donné que les six lumières des branches latérales se tournent vers la branche centrale, certains y voient le symbole des six jours de la semaine qui se tournent avec déférence vers la centralité du shabbat. 

D’autres commentateurs évoquent le parallèle existant entre les 7 branches de la menorah et les 7 planètes toujours dans la même idée de six planètes tournant autour du soleil, mais aussi aux shéva ânaney kavod dont il sera question plus bas.

Certains exégètes pensent que les 7 séphiroth inférieures [les 3 séphiroth supérieures appartenant à D : Kéter (couronne כתר) Hokhma (Sagesse חכמה) et Bina (Intelligence ( בינה], les autres séphiroth correspondent au corps humain :   Connaissance (daâth דעת), Grâce/Vertu (hessed חסד), Guevoura (force/puissance גבורה), Tif’éreth (magnificence תפארת ), Netsah (victoire נצח),  ‘Hod  (Gloire הוד), Yessod (Fondement יסוד ), Malkhout (royauté מלכות).

Shimshon Rephaël Hirsch quant à lui pense que les sept branches font allusion aux 7 sciences indispensables pour que l’esprit humain se développe et il cite : חכמה, עצה, דעת, יראה (יראת ה’), גבורה ובינה  c’est-à-dire : la sagesse, le conseil, la connaissance, la crainte du ciel, la puissance et l’intelligence.

Mais au rang des 7 sciences, ce sont d’autres matières qui sont rappelées dans d’autres sources comme les Mathématiques (y compris la géométrie et l’algèbre) la Médecine et la botanique, la Musique, l’Astronomie, la Théologie, la Philosophie, et l’ésotérisme.

Enfin, d’autres encore voient dans ces sept branches un rappel des 7 peuples qui ont été combattus lors de l’entrée en Eretz Israël : les Cananéens, les Emoréens, les Pherézéens, les Hétéens, les Hévéens et les Jébuséens (Exode chap. III, verset 8) et les Guirgashéens. Pourtant, ces derniers ne figurent pas dans le verset pré cité alors que doit-on y comprendre ? C’est que, nous dit la Guemara de Sheviîth du Yéroushalmi au chapitre 6 les Guirgashéens ont été les seuls de ces sept peuples à partir du pays lorsque le peuple d’Israël est arrivé dans le pays. Le peuple a dû combattre les six premiers peuples mais pas les Guirgashéens !….. 

Il est à remarquer que la menorah devait être placée du côté occidental, face au Saint des Saints. Un miracle constant se produisait : la quantité d’huile qui était versée dans les gobelets du candélabre devait suffire pour quelques heures à peine or, la lumière de la branche centrale était perpétuelle : elle ne s’éteignait pas……….. Il est à remarquer que la mitsva d’allumer et d’entretenir la Menorah a échu à Aharon au lendemain de la mort de Nadav et Avihou. Et, jamais Aharon ne se serait dessaisi de cette tâche dès lors, HaShem a tenu à ce que cette lumière centrale devienne perpétuelle.

Les Sages, et surtout ceux de la guemara dans divers traités, se penchent davantage sur le fait qu’Aharon ait reçu le privilège d’allumer la menora.  Si nombreuses sont les explications des exégètes ?  je citerai l’une d’elles : la faute originelle de la consommation du fruit interdit a été rachetée par l’allumage des bougies de shabbat. Que vient racheter l’allumage de la menora ? Celle du veau d’or………. En effet, l’on peut lire dans le midrash Tanhouma que lorsque le veau est sorti du feu les 7 nuages divins qui protégeaient Israël pendant leurs pérégrinations (4 au-dessus de leurs têtes, un avant, un après et un dessous qui tuait et écartait les serpents et les scorpions) se sont éloignés ce qui fait que HaShem a fait allumer la menora par Aharon.  Cependant, Aharon s’est plaint à D : pourquoi as-Tu accepté de tous les nessiim leurs sacrifices mais de moi Tu n’as rien accepté ?  Ni moi, ni les Léviim en général n’ont offert de sacrifices ! Le Maître du Monde lui répondit : « car toi tu n’as pas fait sortir le veau ! C’est Mikha qui a jeté un parchemin dans le feu et le veau s’est dressé ! En revanche, si eux les nessiim ont présenté des sacrifices et des offrandes à caractère unique, toi, Aharon tu offriras des sacrifices et de l’encens de manière perpétuelle mais surtout, tu devras chaque jour allumer la menora, offrir l’encens et transmettre la birkat cohanim  et tu seras le seul avec tes descendants à pouvoir le faire ! »

Le ARI zal, a écrit pour sa part quel est le secret qui se cache derrière la menora en ces termes : La menora a 7 branches qui correspondent aux 7 mots du premier verset de Bereshit, puis, elle a 11 « boutons » qui correspondent aux 11 mots du premier verset de Shemot, puis, il y a 9 « fleurs » qui correspondent aux 9 mots du premier verset de Vayikra, la hauteur de la menora est de 18 tefahim qui correspondent au premier verset de Bamidbar et enfin on dénombre 22 coupelles qui correspondent aux 22 mots de Devarim. La Menora est donc intimement mêlée à la Torah.

En allumant la Menora, Aharon contribue seul à faire réapparaître les sept nuées disparues.

Pour sa part, Rabbi Shimshon Rephaël Hirsch pose la question de savoir quelle est la véritable et puissante symbolique de la Menora et pourquoi l’accent est-il mis sur le fait qu’elle ait été faite en un seul bloc ? La réponse est celle-ci : de même que l’intelligence est symbolisée par la lumière, la menora est construite pour porter cette lumière, ou intelligence. La Menora représente ISRAEL et, elle est faite d’une seule pièce pour prouver qu’aucun autre peuple ne s’y est joint à un stade quelconque pour permettre à l’intelligence d’Israël de luire dans le monde et d’éclairer le monde sans qu’il n’y ait de nécessité d’un apport quelconque provenant du monde extérieur. Ainsi, de par le matériau avec lequel elle est faite : l’or, et de par la lumière qu’elle fait resplendir sur le monde, la menora est précieuse.  

 Il existait une possibilité de la voir s’éteindre et cela eût été dans le cas où les Bné Israël se seraient mal conduits et n’eussent pas fait la volonté du Créateur. Ce qui fait encore allusion à la Terre qui « vomit » ses habitants pour la raison suivante : Terre, pays se dit eretz en hébreu ארץ  mot qui vient de la racine ר-צ-ה  vouloir ou de רצון  volonté ce qui nous permet de comprendre ceci : si nous ne faisons pas la volonté du Tout Puissant, ce pays nous rejettera et nous en serons exilés.

Lorsque Titus détruisit le deuxième Temple de Jérusalem, il fit construire un arc de triomphe à Rome sur lequel il commanda aux sculpteurs de l’époque de reproduire fidèlement ce trophée car il pensait qu’en déportant les objets de culte du Temple il plongerait le peuple dans des ténèbres. Ceci n’était erroné qu’en partie car, en continuant à étudier la Torah, la LUMIERE régnait dans les cœurs des Juifs mais il était vrai que le peuple s’enfoncerait dans les ténèbres de l’histoire du monde pour n’avoir pas su se préserver des fautes qui sont insupportables au Créateur.

Caroline Elishéva REBOUH

 

 

 

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