Il faut savoir qu’aussi loin dans le passé qu’il nous soit possible de remonter (Philippe II de Macédoine) jusqu’à nos jours (Boris Nemtsov), l’écrasante majorité des assassinats politiques ont été le fait d’une conspiration et non d’un dément. Jules César, Édouard II d’Angleterre, Henri IV de France, Paul Ier de Russie, l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche, Robert Boulin, Yann Piat, Pim Fortuyn, Anna Lindh, etc., la liste est interminable.

Mon propos, ici, n’est pas de me faire l’avocat de la théorie du complot car aucun élément de l’enquête ne nous permet, à cette heure–ci, de conclure dans ce sens ; mais uniquement de vous exposer pourquoi cette hypothèse est légitime tant du point vue de la statistique (je viens de l’évoquer) que du mobile.

Le vote du 23 juin sera le plus important auquel les Britanniques participeront de leur vivant, dixit les partisans du OUI comme ceux du NON. Le résultat devrait être serré. Chaque camp a été pronostiqué vainqueur alternativement au gré des sondages et, à quelques jours du vote, le nombre des indécis est encore suffisant pour faire basculer le résultat dans un sens ou dans l’autre. Avant le suffrage universel, on assassinait pour empêcher un dirigeant de poursuivre une politique jugée néfaste, pour provoquer sa succession, ou par vengeance. L’irruption du vote populaire a tout changé.

Si l’on veut influencer les électeurs, il faut se poser en victime pour susciter la compassion des indécis. Dans l’affaire Joanne Cox, l’hypothèse d’un complot ourdi par le camp du Brexit n’a donc aucun sens. En revanche, dans l’hypothèse inverse, le fait que Joanne Cox soit à la fois un député de la base et une mère de famille en fait la victime idéale. Les milieux financiers ne s’y sont, d’ailleurs, pas trompés. À peine connue la nouvelle, les Bourses mondiales et la Livre sterling, en chute libre depuis des semaines, se redressaient brusquement.

Le Brexit aurait des conséquences politiques considérables mais aussi financières. S’il est difficile d’estimer les profits qu’un groupe particulier aurait à y gagner, pour d’autres, en revanche, ce qu’ils y perdraient est parfaitement quantifiable. Le dossier de la corruption au sein des institutions européennes est aussi épais que l’annuaire de leurs agents traduit dans les vingt-quatre langues officielles de l’Union. Qu’il existe des lobbys privés pour ne pas dire mafieux, qui tirent grand profit de l’appartenance du Royaume-Uni à l’Europe, est une évidence.

Qu’ils n’hésiteraient pas à tuer pour préserver leurs privilèges l’est certes moins, mais il suffit d’un seul. Après tout, l’argent n’est-il pas le premier mobile du crime. Si le mobile financier est donc possible, le mobile idéologique ne l’est pas moins. Depuis le début de la campagne, les adversaires du Brexit n’ont cessé d’attiser les peurs, prédisant pour les sujets de Sa Majesté les pires des catastrophes et, pour nous autres continentaux, tout bonnement la fin de l’Europe.

Si vraiment catastrophe il y a, n’est-il pas logique qu’ils s’emploient à l’éviter par tous les moyens ? Le meurtre de Joanne Cox rappelle, d’ailleurs, furieusement celui d’Anna Lindh en Suède le 11 septembre 2003. Ce jour-là, celle qui était alors, au Parlement de Stockholm, l’égérie des partisans de l’intégration dans la zone euro devait participer à un débat télé sur le thème de… l’euro. Quatre jours plus tard, les Suédois votaient tout de même contre l’adoption de l’euro à 56 %.

Alors, geste fou d’un militant de l’extrême droite nationaliste ou complot ? C’est à chacun de se faire son opinion mais, au moins, voilà la question posée.

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André

« Qu’il existe des lobbys privés pour ne pas dire mafieux, qui tirent grand profit de l’appartenance du Royaume-Uni à l’Europe, est une évidence. »

Qui et comment ? Car si c’est de commerce qu’il s’agit, les échanges entre le Royaume-Unis et le continent européen existent depuis des siècles et n’ont jamais eu besoin d’U.E. ni d’euro pour être fructueux.