« Un jour, un destin », l’émission de Laurent Delahousse sur France 2, brosse un portrait très émouvant de l’ancien garde des sceaux, à qui l’on doit l’abolition de la peine de mort. À 90 ans, cet homme secret se livre sur les moments marquants de sa vie.

Il cite volontiers un proverbe arabe auquel il est attaché : « Ce que tu n’as pas dit t’appartient. Ce que tu as dit appartient à tes ennemis ». C’est peu de dire que Robert Badinter est secret, discret, rare. Ce portrait que lui consacre Alexis de la Fontaine sur France 2 en est d’autant plus précieux. Diffusé dimanche 7 octobre dans l’émission « Un jour, un destin » de Laurent Delahousse, il s’appuie sur les témoignages de ses amis, de ses enfants et de sa femme, Elisabeth Badinter : une femme publique qu’on entend souvent, mais jamais pour parler de son mari.

L’abolition, le combat d’une vie

Badinter est et restera celui qui a fait abolir la peine de mort en France. Son discours à l’Assemblée Nationale, en septembre 1981, est de ceux qui sont entrés dans l’histoire. « Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées ». Ce combat fut celui de sa vie, et il fut très rude : ne faut pas oublier combien cet homme a été détesté, méprisé, haï dans la France des années 70. Robert Badinter était l’avocat qui défendait les assassins, qui leur évitait la guillotine. Il arrivait au tribunal sous les insultes et les crachats, recevait des lettres de menace d’une rare violence. Mais il n’a jamais douté, jamais flanché, car il savait que sa cause était juste. Si, comme moi, vous êtes sensible à la beauté des grandes plaidoiries, vous serez bouleversé par les archives sonores des procès de Robert Badinter. Ceux de Roger Bontems et de Patrick Henry. Quand l’éloquence le dispute à l’émotion vive.

Le principe de cette émission, « Un jour un destin », est de s’arrêter sur les moments décisifs de la vie d’une personnalité. La date de 1983 renvoie à un épisode à couper le souffle : Badinter reçoit un coup de fil pour lui apprendre que Klaus Barbie vient d’être arrêté. Le criminel nazi va être conduit en France pour être jugé. Le ministre de la justice n’en laisse rien paraître mais le choc est énorme… parce que Klaus Barbie est responsable de l’arrestation du père de Robert Badinter, juif, mort dans un camp d’extermination.

« Vous m’avez fait honte ! »

Parmi les images qui donnent la chair de poule, il y a aussi un discours en 1992, pendant la commémoration de la Rafle du Vél d’Hiv’. Ce jour-là, le président François Mitterrand a été sifflé par la foule parce qu’il refusait de reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des juifs. Le garde des sceaux perçoit les sifflets comme une insulte aux victimes. Il est révulsé. « Vous m’avez fait honte ! Vous m’avez fait honte ! (…) Je ne demande que le silence que ces morts appellent. » 

Dans l’interview diffusée après le portrait, Laurent Delahousse essaie de le conduire sur un terrain plus personnel. Robert Badinter reste fidèle à lui-même, très discret, mais il se livre par toutes petites touches. On est émue et soudain frappée par une évidence : cet homme de 90 ans, cette icône républicaine dont l’intégrité morale est difficilement contestable, livre là son testament télévisé. Autant vous dire que c’est à ne pas manquer.

« Un jour un destin »: dimanche 7 octobre à 23h10 sur France 2.

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Robert Badinter fut avocat, garde des sceaux et président du Conseil Constitutionnel. A 90 ans, il revient sur les grands moments de sa vie avec Laurent Delahousse. © Benjamin Decoin

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AmiedeSion

S’il n’avait pas fait abolir la peine de mort, en France, l’assassin d’Ilan Halimi, Youssouf Fofana aurait peut-être été guillotiné ! Et comme il a également supprimé la perpétuité réelle, cet immonde tueur sera libéré un jour, tout comme l’a été, après seulement 20 ans de prison, un des terroristes qui a participé aux attentats du GIA à Paris en 1995…