Quel Bloc sera le plus large?

 

9ème semaine de campagne électorale

Quel Bloc sera le plus impressionnant?

Par Manfred Gerstenfeld

Le 21 février, tous les listes de candidats pour la Knesset ont été envoyées au Comité Cntral des Elections. On a assisté à des développements majeurs dans les jours précédents. Le premier ministre Binyamin Netanyahu est intervenu pour convaincre l’alignement entre le Foyer Juif et l’Union Sioniste d’inclure dans sa liste deux représentants du groupe d’extrême-droite Otzma Yehudit (Pouvoir Juif).

Cette liste conjointe se séparerait à nouveau en ses deux composantes, à l’issue du scrutin. Otzma Yehudit avait probablement très peu de chances de franchir par lui-même le seuil électoral de 3, 25%. Cela aurait signifié la perte de dizaines de milliers de voix d’extrême-droite en faveur du bloc que Netanyahu cherche à créer. Compensation à l’accord mentionné ci-dessus, le Likoud a intégré un candidat du Foyer Juif à la 28ème position de la liste, qui rejoindra, s’il est élu, la faction d’Israël Beitenu.

Cet accord a provoqué un tollé parmi les organisations pro-Israéliennes à l’étranger, comme au Comité Juif Américain et à la Commission des Affaires publiques Américano-Israéliennes (AIPAC)[1]. L’accord a encore été une nouvelle raison  pour le New York Times anti-israélien de critiquer Netanyahu dans un article bourré d’un grand nombre d’erreurs factuelles[2]. Jusqu’à présent, le journal n’a pris soin de n’en corriger qu’une seule[3].

La coalition pour les Valeurs Juives, qui regroupe plus de 1.000 Rabbins traditionalistes aux Etats-Unis, a rejeté cette ingérence des organisations juives américaines dans les affaires internes israéliennes. Elle a affirmé que les positions d’Otzma Yehudit sont modérées, par rapport aux déclarations, positions et au soutien inconditionnel au terrorisme affiché par plusieurs membres arabes de la Knesset[4].

Le Président du Comité Central des élections, le Juge à la Cour Suprême Hanan Melcer, a déclaré qu’il n’existe pas de précédent d’un parti plaçant un candidat sur la liste d’un autre parti qui retournerait après coup à son parti d’origine. Il a déclaré que les aspects juridiques de cet arrangement devait faire l’objet d’une enquête[5]. =

Au soir du 20 février, Benny Gantz, dirigeant d’Israël Résilience, et Yair Lapid, chef de Yesh Atid (Il y a un Avenir) ont passé un accord pour que leurs partis se lancent ensemble dans la campagne. Cet accord a pu être atteint grâce à la médiation de l’ancien chef d’Etat-Majord Gabi Ashkenazi, qui a accepté de devenir le n° 4 de cette liste conjointe. Cette nouvelle liste s’est choisie le nom de « Bleu et Blanc ».

Gantz est n° 1 de la liste, suivi par Lapid. Moshe Ya’alon est e troisième position. Ainsi, 3 des 4 premiers candidats de la liste seront d’anciens chefs d’Etat-Major. Il y a encore deux autres Généraux-Majors parmi les vingt premiers candidats de Bleu et Blanc, Orna Babiraiet Yaïr Stern. Si Bleu et Blanc est capable de de former un gouvernement, les partis se sont mis d’accord pour que Gantz occupe le poste de premier ministre durant les deux premières années et demies et qu’il cède ensuite la place à Lapid.

Jusqu’au dernier moment, il y a eu des spéculations laissant entendre que le nouveau parti Gesher dirigé par Orly Levy-Abekasis allait se joindre à Israël Résilience. Cela n’a pas eu lieu et plusieurs sondages démontre que Gesher risque de ne pas franchir le seuil électoral.

Lors des derniers sondages, Bleu et Blanc emporte plus de sièges que le Likoud. Cela ne signifie pas nécessairement qu’il sera en mesure de former le futur gouvernement. Il est improbable qu’ensemble avec ses partenaires potentiels, le parti Travailliste et le Meretz, il puisse atteindre les 61 sièges nécessaires pour gouverner. Il est, cependant, possible qu’avec le soutien des deux listes arabes, il puisse construire un bloc pour empêcher le Likoud et les autres partis du centre-droit d’être en capacité de former un gouvernement. Pour que cela puisse arriver, il faudrait que la liste arabe de Ra’am- Balad puisse franchir le seuil. Selon certains sondage, ce n’est pas le cas.

De nombreux scénarios sont possibles. L’un d’eux est que du fait de la rivalité entre Bleu et Blanc et le Likoud, ces partis aspireront les suffrages normalement attribués à leurs partenaires potentiels de gouvernement. Cela pourrait être particulièrement dommageable pour le Likoud, puisqu’il pourrait repousser le parti Israël Beitenu d’Avigdor Lieberman et Kulanu de Moshe Kahlon en-dessous du seuil électoral.

Lapid a déclaré que dès qu’il aura remporté les élections, Bleu et Blanc se tournera d’abord vers le Likoud pour former un gouvernement d’Unité Nationale. Il a fait remarqué que Netanyahu ne resterait pas s’il perd. Lapid a ajouté que le Likoud est un parti sioniste important qui comporte des personnalités de premier plan.

Cela a débouché sur des réactions provenant de plusieurs côtés. Le Likud a réagi en disant que Lapid et Gantz formeront un gouvernement avec le soutien des partis arabes parce qu’ils n’ont pas d’autres choix. Une autre réaction du Likoud a été que Lapid appèlera d’abord Tamar Zandberg, la dirigeante du Meretz. Elle a déclaré qu’elle était toute prête à céder les Hauteurs du Golan.

Zandberg a mis en garde du fait que Gantz et Lapid formeront un gouvernement de droite. Le dirigeant du Gouvernement, Avi Gabbaï a affirmé qu’un vote pour Gantz est un vote pour Netanyahu, ajoutant que seul un vote pour le parti travailliste est un vote qui mènerait à un réel bouleversement politique. Une autre députée travailliste Shelly Yacimovich, qui est la dirigeante actuelle de l’opposition, a déclaré qu’il est évident que Lapid et Gantz projettent d’occuper des postes de ministres dans un gouvernement dirigé par Netanyahu.

La situation actuelle promet une campagne électorale extrêmement chaude. Cela découle à la fois de la lutte pour la première place et du fait que pour certains des petits partis, c’est une question existentielle, être ou ne pas être. Il est clair que la fusion entre Gantz et Lapid sur la liste Bleu et Blanc, a grandement accru l’incertitude autour de cette campagne électorale.

Par Manfred Gerstenfeld

Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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[1] www.jpost.com/Israel-News/Benjamin-Netanyahu/Netanyahu-confirmed-for-AIPAC-conference-on-heels-of-extremist-rebuke-581602; https://www.jns.org/amid-american-jewish-criticism-over-otzma-yehudit-concern-arises-over-language/

[2] www.nytimes.com/2019/02/24/world/middleeast/benjamin-netanyahu-otzma-yehudit-jewish-power.html

[3]  https://www.algemeiner.com/2019/02/25/new-york-times-issues-correction-to-front-page-attack-on-netanyahu/

[4] www.israelnationalnews.com/News/News.aspx/259611

[5] www.timesofisrael.com/pms-plan-to-run-jewish-home-candidate-on-likud-slate-faces-appeals/