Benoit PEYRUCQ (AFP) Abdelkader Merah devant les assises de Paris le 20 octobre 2017

La complicité a été reconnue, contrairement à la première instance

La cour d’assises spéciale de Paris statuant en appel a condamné jeudi Abdelkader Merah à 30 ans de réclusion criminelle et l’a reconnu coupable, contrairement à la première instance, de « complicité » des sept assassinats perpétrés en mars 2012 par son frère Mohamed.

Un verdict tombé comme une enclume dans le silence de la salle d’audience, bientôt ponctué par les larmes de reconnaissance des familles des victimes. Dans son box, Abdelkader Merah, 36 ans, a à peine courbé les épaules.

L’enjeu principal du procès fut de déterminer le rôle exact joué par Abdelkader Merah avant les tueries exécutées en solo par son frère, au volant d’un puissant scooter volé, entre le 11 et le 19 mars 2012.

Le djihadiste toulousain, passé sous les radars de l’antiterrorisme, a assassiné trois militaires – Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf et Mohamed Legouad -, un professeur et trois enfants juifs – Jonathan Sandler, ses fils Arié et Gabriel, et Myriam Monsonégo – avant d’être abattu par la police.

Des crimes rendus possibles par une « communauté d’esprit, de projet et d’action » entre les deux frères, pour les représentants du ministère public.

Dans un réquisitoire à deux voix, les magistrats ont repris la chronologie du dossier, de la vantardise du jeune Abdelkader se faisant appeler Ben Laden dans son quartier jusqu’à ce dîner autour d’une pizza avec Mohamed, qui vient de tuer deux militaires à Montauban.

Ils ont raconté les voyages initiatiques au Caire où se retrouve toute la mouvance jihadiste toulousaine, de Sabri Essid, réputé mort en Syrie, aux frères Clain, qui allaient revendiquer les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.

Un « petit califat » qui prend ses racines dans l’arrière-pays ariégeois, dans la communauté d’Artigat autour d’Olivier Corel, mi-berger, mi-gourou salafiste.

L’accusation présente les frères Merah comme unis par leur idéologie mortifère et qui vont « ensemble » préparer les crimes: voler un scooter, choisir une cible.

« Une fable » pour la défense, qui en a appelé au « courage des juges » pour « appliquer le droit » et sortir de la « ratatouille malsaine » du récit de l’accusation.

Les avocats ont convoqué témoins et enquêteurs pour dire, comme l’a établi l’arrêt de première instance, que Mohamed Merah a toujours été seul au moment des crimes. Dans ce dossier de 117 tomes, nulle trace ADN d’Abdelkader Merah, nul témoin de sa présence au côté de son frère.

Reste l’idéologie, ce salafisme qu’Abdelkader Merah ne renie pas. Mais, a prévenu Me Dupond-Moretti, « si l’on condamne un homme sans preuve, fut-il un islamiste radical de la pire espèce (…), on oublie ce qui distingue la civilisation de la barbarie » et ce sont « les terroristes qui auront gagné ».

i24news

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