L’Occident a tendance à l’oublier, à la reléguer au folklore effrayant du Moyen Age. La peste, pourtant, n’a jamais totalement disparu. Certes, elle n’est plus en mesure de ravager 30 % de la population, comme la terrible peste noire qui balaya l’Europe au XIVe siècle, mais elle est aujourd’hui endémique dans certaines régions du monde, comme en république démocratique du Congo ou à Madagascar.

Sur la Grande Ile, chaque année, entre 300 et 600 cas sont recensés pendant la saison épidémique, de septembre à avril. Mais depuis cet été, 2 348 Malgaches ont été infectés par la bactérie Yersinia pestis, transportée par les rongeurs et transmise à l’homme par les puces. Parmi eux, 202 ont succombé à la maladie. Contrairement aux années précédentes, les trois quarts étaient atteints de peste pulmonaire, une version plus mortelle (car plus foudroyante, entre vingt-quatre et soixante-douze heures) que la forme bubonique.

Autre nouveauté, l’épidémie a touché les grands centres urbains, notamment la capitale, Antananarivo, alors qu’elle restait jusqu’ici cantonnée aux zones rurales. Dix-huit régions sur vingt-deux ont été contaminées. Cette propagation inhabituelle a fait souffler un vent de panique dans les villes. Des milliers de Malgaches ont pris d’assaut les pharmacies pour acheter des «cache-bouche», la peste pulmonaire se transmettant par la toux. L’Organisation mondiale de la santé a rapidement livré 1,2 million de doses d’antibiotiques.

«On est dans une guerre», a annoncé le Président, Hery Rajaonarimampianina, tout en précisant : «Je crois qu’on a les armes et les munitions pour combattre cette épidémie.» Le gouvernement a fait fermer les écoles et les universités pour désinfection, a mis en place un numéro d’appel gratuit, des barrages sanitaires (avec contrôle de la température) sur les principaux axes du pays et à l’entrée des lieux de rassemblement, et a fait diffuser des messages de prévention. L’expérience d’Ebola (2013-2015) a aidé l’OMS à adapter sa stratégie, en faisant appel à des anthropologues pour identifier les mesures qui pourraient heurter les pratiques culturelles des Malgaches ou ostraciser les familles des victimes.

La réponse sanitaire a été efficace. Le 27 novembre, le ministère de la Santé a officiellement décrété «la fin de cette épidémie de peste pulmonaire urbaine». «Le plus fort de la flambée est derrière nous, a confirmé le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Mais nous devons pouvoir continuer à détecter les cas et à intervenir jusqu’à la fin de la saison.»

Centre hospitalier de Befelatanana soutenu notamment par Action Contre la Faim Malade atteint de la peste pulmonaire Guillaume Binet / MYOP

Au CHU Befelatanana, à Antananarivo. Les malades sont placés en quarantaine immédiatement après le diagnostic. Leur traitement dure en moyenne dix jours. Tout l’entourage d’une personne contaminée reçoit également un traitement préventif. Le patient au centre de l’image a accepté la prise de vues, mais il ne souhaitait pas que son visage soit reconnaissable.

 

 Guillaume Binet / MYOP canal, dit des sans-abris Tananarive Madagascar Guillaume Binet / MYOP

A la «Réunion Kely», l’un des bidonvilles les plus pauvres de la capitale. Le revenu moyen journalier dans ces quartiers de fortune est de 3 000 ariarys (moins de 1 euro). La peste est considérée comme une «maladie de la misère», véhiculée par les rats et se propageant plus facilement dans les zones de grande promiscuité. Les trois quarts des Malgaches vivent sous le seuil de pauvreté. 

 Guillaume Binet / MYOP Veronique a 5 enfants. Sans eau ils se lavent aux douches publiques payantes, et utilisent les toilettes publiques payants aussi. Guillaume Binet / MYOP Tananarive Madagascar Guillaume Binet / MYOP

Dans le «bas quartier» d’Antohomadinika, au cœur de la capitale, le risque de la peste vient s’ajouter à celui des fièvres qui accompagnent la saison des pluies. L’Organisation mondiale de la santé estime que le paludisme a fait environ 4 000 victimes à Madagascar en 2016.

 

Photos Guillaume Binet. myop

Célian Macé

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Bucamp jj

Posez vous la question de savoir ou est passe l’argent envoye pour combattre cette maladie et vous vous ferez une toute autre opinion de la situation !