Les Leçons de la Parashat Shoftim : Pouvoir et Limites dans la Politique Contemporaine

Depuis plusieurs mois, Israël est le théâtre de protestations enflammées, une réaction à une initiative du Premier ministre Benjamin Netanyahu visant à réformer la Cour suprême israélienne. Cette réforme propose de réduire considérablement les pouvoirs de surveillance de la Cour et de déplacer l’équilibre du pouvoir en faveur du législatif. Cette proposition a suscité des réactions passionnées : les partisans y voient une mesure corrective pour encadrer une cour qui, à leurs yeux, outrepasse souvent la volonté du Parlement démocratiquement élu, la Knesset. En revanche, les critiques la perçoivent comme une menace pour la démocratie, en supprimant les mécanismes de contrôle caractéristiques des démocraties occidentales et même des principes bibliques.

Cependant, cette controverse récente trouve un écho fascinant dans les écrits anciens de la Parashat Shoftim, une section de la Torah qui contient des instructions légales données par Moïse au peuple d’Israël. Cette portion établit trois piliers de pouvoir distincts : un système judiciaire, un roi et une forme embryonnaire d’assemblée législative.

Moïse énonce le rôle du système judiciaire dans les premières lignes de la Parashat : « Tu établiras des magistrats et des fonctionnaires dans toutes les tribus que ton Dieu te donne, et ils gouverneront le peuple avec justice. »

Ensuite, le pouvoir exécutif est abordé. Le peuple est autorisé à choisir un roi, mais avec la condition qu’il soit  approuvé par D.ieu « dont le seigneur to D.ieu approuve le choix ». Cela n’équivaut pas à une démocratie telle que nous la connaissons, mais cela suggère néanmoins que le peuple devrait avoir un rôle dans cette décision.

Bien que la Parashat n’aborde pas explicitement un pouvoir législatif élu, divers commentateurs suggèrent qu’il est implicitement présent dans la création d’une classe sacerdotale. Les prêtres étaient, en quelque sorte, une forme de législateurs, interprétant les lois anciennes pour en déduire de nouvelles, à l’image des rabbins du Talmud qui déduisaient des lois nouvelles des précédents bibliques.

La Parashat Shoftim met en place ces trois pouvoirs : un système judiciaire indépendant, un roi qui trouve sa légitimité dans une autorité supérieure, et une classe de législateurs. Cette structure est régie par des limites strictes, illustrant la conscience de l’abus potentiel de pouvoir.

Le système judiciaire reçoit l’ordre de juger équitablement, sans partialité ni corruption. Les rois sont interdits de signes de privilèges excessifs, symbolisant ainsi leur lien avec leur peuple. Ils doivent également garder la Torah à portée de main, rappelant que leur autorité découle d’une source supérieure.

Les prêtres, quant à eux, sont maintenus indépendants à travers leur absence de territoire propre et leur financement par le biais de dîmes des autres tribus. Cette structure de contrôle souligne l’importance de la limitation et de la séparation du pouvoir.

Le regretté rabbin Jonathan Sacks a écrit que le judaïsme préconisait la limitation, la sécularisation et la transformation du pouvoir. La Parashat de cette semaine incarne cette philosophie en mettant en garde contre les abus potentiels du pouvoir, en établissant des mécanismes de contrôle et en rappelant que les détenteurs de pouvoir répondent à une autorité supérieure.

Bien qu’il puisse sembler délicat d’appliquer directement les enseignements bibliques à la politique contemporaine, la Parashat Shoftim offre une leçon intemporelle sur les pouvoirs et leurs limites. Peut-être qu’en examinant attentivement ces textes anciens, les sociétés modernes pourraient trouver des façons de façonner des systèmes de gouvernance plus équilibrés et responsables.

Il serait difficilement acceptable aujourd’hui pour beaucoup en Israël et pour les nations que nous prenions directement la Torah comme guide. Mais nous avons déjà un roi, le premier ministre, des législateurs, l’assemblée et un organe juridique, la cour suprême, il ne nous manque plus qu’une constitution qui serait la  »Torah » de notre état.

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Charles DALGER

Remarque erronée de l’auteur. Ce qui doit convenir à Israël, pays du peuple Juif, parce qu’il a été promis par HaKadoch Baroukh Hou, ce n’est bien sûr pas l’application littérale de la Torah, encore que, notamment à propos des envahisseurs nazislamistes, mais une constitution directement inspirée de la Torah, par l’équivalent du Grand Sanhedrin, comportant des érudits en Torah, des juristes et des représentants politiques des principales tendances : dati, hiloni, leoumi.
Jusqu’à présent les idées pernicieuses et suicidaires des smolani sont surreprésentées.