Il y a des années, j’étais à Khartoum, la capitale du Soudan, où le Nil Blanc rencontre le Nil Bleu, mais je dois avouer que l’idée de rencontrer une communauté juive là-bas n’était nulle part sur mon radar. Mais il s’avère qu’il y avait une petite communauté juive à Khartoum, et il y a longtemps – environ 3 500 avant notre ère -, Moïse lui-même a été un juif soudanais pendant un certain temps. Comment?

Le Soudan a été une colonie ottomane à partir de 1583. Une double colonisation par les Turcs et les Britanniques s’est mise en place à la fin des années 1870. Juifs, chrétiens et arméniens s’y sont installés. En 1881, Mohammed Ahmed El-Mahdi s’est déclaré le «Mahdi», c’est-à-dire le Messie musulman, et a mené un «Jihad» contre la domination turco-ottomane. Il a battu les Égyptiens envoyés pour l’arrêter, ainsi que le général britannique Gordon, décapité lors de la bataille de Khartoum (26 janvier 1885). À l’époque, les non-musulmans qui vivaient dans la capitale depuis environ 300 ans ont été convertis de force à l’islam. Aujourd’hui, à Khartoum, il y a encore des descendants vivants de ces Juifs convertis de force.

Le dernier des Juifs a quitté Khartoum dans les années 1970. Bien qu’il fût un monument bien connu, le cimetière juif a été profané, devenant un dépotoir et des toilettes publiques.

L’ironie est que, selon des sources juives (Yalkut Me’am Loez sur Shemot 2:15), lorsque Moïse a fui l’Égypte avant l’Exode biblique, il n’est pas allé directement dans le désert du Sinaï. Il s’est plutôt enfui à Kush (ancien Soudan), où il est devenu général puis roi. En d’autres termes – et cela n’est pas connu de la majorité des gens, y compris les Juifs – selon la tradition juive, Moïse a été un roi africain pendant près de 40 ans. Après avoir quitté le Soudan, il est allé dans le Sinaï, a épousé Zipporah, fille d’un ancien prêtre madianite, puis est retourné en Égypte pour diriger l’Exode et gravir le mont Sinaï pour recevoir les dix commandements. Mais attention, avant tout cela, pendant des décennies, il était roi au Soudan.

Historiquement, la tradition juive a un sens. Au moins, il est logique qu’un fugitif de Pharaon fuirait vers le sud en territoire nubien-koushite. Les Koushites étaient à jamais en guerre avec les Égyptiens et, en fait, à une époque, l’Égypte était dirigée par un pharaon koushite nommé Taharqa qui, des siècles après Moïse, s’est présenté comme la cavalerie pour sauver Jérusalem des Assyriens (Ésaïe, chapitre 37, verset 10-11, ch.687 BCE). De son côté, Moïse était marié à une Koushite (Nombres 12: 1). Bien que ce passage dans la Torah, soit souvent considéré comme faisant référence à la deuxième femme de Moïse, Zipporah, il fait probablement référence à sa première femme, la reine du Soudan.

L’histoire du Soudan, avec l’Éthiopie, l’ancienne Koush, a été largement oubliée. Les grandes villes de Napata et Méroé ne sont connues que d’une poignée d’universitaires et les Soudanais menacent désormais d’inonder des milliers de sites archéologiques en construisant un barrage hydroélectrique géant soutenu par la Chine au cœur de l’ancienne Kush.

Alors d’abord, ils se sont débarrassés des Juifs. Maintenant, ils détruisent leur propre histoire, y compris les villes que Moïse dirigeait autrefois.

Pour l’archéologie de l’Exode biblique, voir mon film « L’exode: décodé »