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Margarita Louis-Dreyfus prête à solder l’O.M?

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Qui est Margarita Louis-Dreyfus, la patronne de l’OM insultée par les supporters ?

Actionnaire majoritaire du club de l’Olympique de Marseille, Margarita Louis-Dreyfus a été sommée de « retourner à son vrai métier, femme au foyer » dimanche par des supporters mécontents du club de football.

« Riche héritière incompétente », c’est ainsi qu’ont surnommé dimanche des supporters de l’Olympique de Marseille la propriétaire du club de football, Margarita Louis-Dreyfus. L’actionnaire majoritaire du club a dû faire face à toute une foulée de mots doux au Stade Vélodrome lors du match OM-Bordeaux dimanche 10 avril : « Mets les dollars ou casse-toi », « Retourne à ton vrai métier, femme au foyer » ou encore « La blonde, Labrune et le néant » (en référence au président du club, Vincent Labrune). Le torchon brûle : le club marseillais n’a pas gagné une seule rencontre depuis la mi-septembre. S’ils traitent les joueurs de « chèvres », les supporters tiennent surtout les dirigeants pour responsables, quitte à virer dans les injures sexistes. L’impassible blonde n’a pas commenté ni réagi. Mais qui est cette femme d’affaires qui agace tant les supporteurs de l’OM ?

La fille de Leningrad

Margarita Bogdanova naît dans une famille modeste le 18 juin 1962 à Leningrad. La petite russe perd ses deux parents dans un accident à l’âge de 7 ans. Son grand-père Leonid, ingénieur en électricité et communiste, la récupère et l’élève dans un appartement communautaire de Saint-Pétersbourg. Sa modeste formation en comptabilité la destine à une carrière administrative. La jeune « Rita » voit plus grand. À la fin des années 1970, la vie à l’ouest du Rideau de fer fait rêver. Alors que les contacts avec les étrangers sont rigoureusement interdits, elle se met en tête d’apprendre l’allemand et le finnois (aujourd’hui elle est polyglotte et parle cinq langues). Elle parvient à fréquenter des touristes, rencontre un cadre suisse allemand de passage, plus âgé, qui tombe fou amoureux d’elle et l’épouse sur-le-champ. Margarita quitte son pays sans billet de retour. Elle a 20 ans à peine. Le mariage ne dure pas, et la vie en Suisse n’a alors rien du conte de fées. Mais désormais tout est possible. Margarita a des rêves un peu fous, comme celui de prendre un jour le Concorde. Pendant près de deux ans, elle économise chaque franc gagné. Le sacrifice ne lui coûte pas grand-chose : elle mène une vie austère, préfère thésauriser.

L’épouse d’un géant

Et c’est dans un avion que le destin lui rend visite en 1989. Alors qu’elle s’apprête à rejoindre New York avec un premier trajet entre Zurich et Londres, Margarita Bogdanova se laisse séduire par son voisin de rangée. L’homme a un jean troué et l’air nonchalant. Il s’agit de Robert Louis-Dreyfus, héritier d’un groupe éponyme, numéro trois mondial du négoce des matières premières agricoles, soit l’équivalent d’un bon tas de milliards. La belle russe au regard bleu intrigue cet homme qui a quinze ans de plus qu’elle et qui vient de divorcer. Avec sa voix rauque, elle a quelque chose de rassurant, de solide et d’inaltérable. Il lui raconte qu’il séduit les femmes qui en pincent pour son chien, avant de lui montrer des photos de la bête en question. Trois ans plus tard, en 1992, ils se marient au bord d’un lac suisse. Elle est enceinte d’un premier fils, Eric. Commence alors le véritable conte de fées de Margarita : voyages dans le monde entier en jet privé, multiples maisons extravagantes, fastueuses réceptions, même si Robert les goûte peu. Margarita détonne dans cet univers. Son goût pour les fourrures blanches et les robes léopard la distingue des autres femmes de la famille, qui l’accueillent avec une distance courtoise.

En 1996, le fumeur de cigares et passionné de football s’offre le club de l’Olympique de Marseille. Pendant qu’il mène sa vie d’homme d’affaires, rachetant également Adidas et enfin la maison familiale Louis Dreyfus, elle élève leurs trois garçons (Eric, et les jumeaux Kyril et Maurice, nés en 1998) dans la maison de Zurich, garde des liens serrés avec ses amies d’enfance, semble s’accommoder de cette vie dans l’ombre.

Onze ans plus tard, en 2007, Robert Louis-Dreyfus reprend les rennes du groupe familial et organise sa succession. Il sait le temps compté : atteint depuis la fin des années 90 d’une leucémie, sa santé se dégrade. Margarita, discrète jusqu’ici, sort les griffes, défiant les médecins qui ont déjà à moitié enterré son époux. Selon Paris Match, l’homme d’affaires aurait glissé à sa vaillante avant de mourir : « Si tu t’occupes aussi bien de mes affaires que tu as essayé de me soigner, je peux mourir tranquille. » « RLD » s’éteint juillet 2009, à l’âge de 63 ans. Les enfants sont trop jeunes pour monter sur le trône, et Margarita, prête à assumer le pouvoir.

« MLD », la femme d’affaires coriace

Margarita Louis-Dreyfus au Vélodrome aux côtés du maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, et de l’ancien ministre de l’Education Luc Chatel.

Robert Louis-Dreyfus laisse derrière lui les manettes du groupe Louis Dreyfus, 30 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Avec deux des fidèles destriers de l’homme d’affaires, Margarita Louis-Dreyfus veille à l’entretien du patrimoine de ses enfants, sans jamais lâcher une miette. Actionnaire majoritaire de l’OM, elle n’hésite pas à multiplier les preuves, coûteuses, de son attachement au club de football tant chéri par son défunt. «L’OM a de la chance d’avoir Margarita. L’avenir du club est garanti. Avec ses enfants, elle souhaite perpétuer l’amour de Robert Louis-Dreyfus pour le club. Marseille peut compter sur un actionnaire familial », expliquait Jean-Claude Dassier, le président olympien de l’époque, au Figaro.fr.

Margarita garde la tête froide. « Je n’ai pas voulu vendre pour honorer la mémoire de Robert. Tant qu’on sera à l’équilibre, il n’y aura pas de problème. Robert était prêt à perdre de l’argent avec Marseille. Moi, non. J’ai des obligations vis-à-vis de mes enfants », confiait-elle à La Provence. Mais en 2010, tout va bien. L’heure est au consensus. Dirigeants, entraîneur, joueurs et supporters sont sur la même longueur d’onde. « C’est incontestablement une femme de caractère. Ses enfants se montrent très attachés au club. Mme Louis-Dreyfus est la seule personne qui peut redonner à l’OM son lustre d’antan », avait alors affirmé Lionel Tonini le président des Yankees, un des principaux groupes de supporters de l’OM, au Figaro.fr. Cette même année, le club remporte la Coupe de la Ligue, le Trophée des champions en plus d’être sacré champion de France.

Puis le vent tourne. Celle qui était perçue comme la veuve bienveillante un peu potiche chasse ses rivaux un à un. En avril 2011, Jacques Veyrat, l’un des dauphins du trio héritier du groupe Louis-Dreyfus, quitte le navire. En juin, Margarita Louis-Dreyfus congédie le président de l’OM Jean-Claude Dassier pour y placer le fidèle et stratégique Vincent Labrune. La situation économique de l’OM se dégrade et Margarita en a assez de combler des déficits. Dans une interview au Monde,elle déclare qu’elle est « libre de vendre demain » le club. Parallèlement, elle reçoit le prix du Capitaliste de l’année du Nouvel Économiste. Margarita devient « MLD », l’outsideuse à la tête d’un empire. Quand son fils Kyril, 16 ans, s’exprime spontanément dans France Football en septembre 2014, elle repasse tout de suite derrière dans un communiqué, déclarant : « En tant que seule propriétaire de l’Olympique de Marseille, elle se sent pleinement responsable des décisions stratégiques du club et des déclarations afférentes ».

La deuxième femme la plus riche de France

Celle que les supporters moqueurs appellent « la blonde » est la deuxième femme la plus riche de France, à la tête d’une fortune de 5 700 millions d’euros d’après le classement des plus grosses fortunes françaises de Challenges. Pourtant, les supporters lui reprochent de ne pas assez investir dans le club. « Elle s’en fout de nous » s’est indigné au micro de RTL le 10 avril 2016 Michel Tonini, le même président des Yankees qui chantait ses louanges en 2010. Prudente, MLD se refuse à la folie des grandeurs qui lui permettrait de rivaliser avec les Qataris.

Pour le moment, la « tsarine » du Vélodrome a d’autres choses à penser : à 53 ans, elle a donné naissance à des jumelles, Isabella et Arina, fin mars 2016. Le père n’est autre que son compagnon depuis 2013 : Philipp Hildebrand, ancien président de la Banque nationale suisse, et vice-président actuellement de Black Rock, un géant américain de la finance. La femme d’affaires avait fait savoir qu’elle prendrait « une courte pause, pour reprendre ensuite ses fonctions fin avril ». L’occasion d’une courte trêve pour la propriétaire du club en pleine crise après sept mois sans victoire. Reste à savoir si, à son retour, le club symbolique qu’elle s’entête à conserver en mémoire de Robert Louis-Dreyfus fera toujours partie de son présent.

madame.lefigaro.fr

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