L’Iran met en garde Israël contre « toute aventure militaire ».

L’Iran a averti Israël de ne pas tenter d' »aventure militaire » contre son « programme nucléaire », dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité de l’ONU, après que l’Etat hébreu a affirmé mercredi « se réserver le droit » de recourir à la force contre Téhéran.

« Nous mettons en garde contre toute erreur de calcul et toute aventure militaire du régime israélien contre l’Iran et son programme nucléaire », peut-on lire dans un texte de l’ambassadeur d’Iran auprès de l’ONU Majid Takhtarvanchi, publié jeudi par l’agence de presse Tasnim. « Ces derniers mois, le nombre et l’intensité des menaces provocatrices et aventureuses du régime israélien n’ont cessé d’augmenter pour atteindre des niveaux alarmants », selon M. Takhtarvanchi, qui appelle à « réagir » contre Israël pour « mettre fin à ses menaces ».

Israël voit d’un très mauvais œil un possible nouvel accord sur le programme nucléaire iranien, bien que la République islamique nie vouloir se doter de l’arme atomique. Conclu en 2015, l’accord sur le nucléaire offrait à l’Iran la levée d’une partie des sanctions occidentales et onusiennes en échange de son engagement à ne jamais se doter de l’arme atomique et d’une réduction drastique de son programme nucléaire, placé sous le strict contrôle de l’ONU. Mais après le retrait unilatéral des Américains de l’accord en 2018, sous la présidence de Donald Trump, et le rétablissement de leurs sanctions, Téhéran s’est de plus en plus affranchi des restrictions nucléaires.

Les pourparlers pour sauver cet accord avaient repris en avril à Vienne, avant d’être suspendus depuis juin et l’élection du président ultraconservateur Ebrahim Raïssi.

Jeudi, le négociateur de l’Union européenne chargé des pourparlers sur le nucléaire iranien Enrique Mora a entamé des entretiens à Téhéran avec le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Ali Bagheri chargé de ce dossier.

Mercredi, le chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid avait indiqué lors d’une conférence de presse à Washington avec son homologue américain Antony Blinken qu’Israël se « réservait le droit d’agir à tout moment et quels que soient les moyens » pour empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire. Regrettant le « manque de volonté » iranien pour « dialoguer », le secrétaire d’Etat Blinken avait également déclaré que les Washington était « prêt à se tourner vers d’autres options si l’Iran ne change pas de direction ».

Les États-Unis font planer la menace militaire contre l’Iran.

 

(Washington) Les États-Unis de Joe Biden ont fait planer mercredi la menace d’un recours à l’option militaire contre l’Iran en cas d’échec de la diplomatie pour empêcher Téhéran de se doter de l’arme atomique, faisant pour la première fois clairement écho aux avertissements israéliens.

À la veille d’une visite cruciale du négociateur de l’Union européenne jeudi à Téhéran, l’impatience monte côté américain, mais aussi européen, et le changement de ton est manifeste. Washington pense « qu’une solution diplomatique est la meilleure manière » d’éviter que la République islamique devienne une puissance nucléaire, a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken lors d’une conférence de presse avec son homologue israélien Yaïr Lapid dans la capitale américaine.

Mais il a jugé peu « encourageants » les signaux émanant de Téhéran, qui n’a toujours pas fixé de date pour la reprise des négociations visant à sauver l’accord international de 2015 sur le nucléaire iranien, à l’arrêt depuis juin. « Il faut être deux pour dialoguer et nous n’avons pas constaté, à ce stade, de volonté d’en faire autant de la part de l’Iran », a déploré le secrétaire d’État, estimant une nouvelle fois que la « fenêtre de tir » se refermait à grands pas.

« Nous sommes prêts à nous tourner vers d’autres options si l’Iran ne change pas de direction », a-t-il prévenu alors qu’il était interrogé sur la possibilité du recours à la force. « Nous envisagerons toutes les options. » À ses côtés, le ministre israélien a enfoncé le clou, sans être contredit. « En disant “d’autres options”, je pense que tout le monde comprend », a-t-il lancé, dans une allusion claire à l’option militaire.

Yaïr Lapid a d’ailleurs été encore plus explicite au nom de l’État hébreu, opposé de longue date à l’accord de 2015 qu’il juge insuffisant.

« Protéger le monde »

« Le secrétaire d’État Blinken et moi sommes des enfants de survivants de l’Holocauste. Nous savons qu’il y a des moments où les nations doivent avoir recours à la force pour protéger le monde du Mal », a-t-il déclaré. « Israël se réserve le droit d’agir à tout moment, et quels que soient les moyens », a-t-il martelé.

L’ex-président américain Donald Trump a claqué la porte en 2018 de cet accord conclu entre l’Iran et les grandes puissances, et a rétabli les sanctions américaines qu’il avait permis de lever. En retour, Téhéran s’est de plus en plus affranchi des restrictions censées empêcher que son programme nucléaire aboutisse à la fabrication de la bombe.

Le président Biden s’est lui dit prêt à revenir dans l’accord à condition que l’Iran renoue parallèlement avec ses engagements.

Des négociations indirectes entre Washington et Téhéran, par l’intermédiaire des autres signataires, ont démarré en avril à Vienne pour sauver cette entente, mais sont suspendues depuis l’élection en juin d’un nouveau président iranien.

Le négociateur européen Enrique Mora, coordonnateur du texte de 2015, est attendu jeudi à Téhéran.

« Je vais insister sur l’urgence de reprendre les négociations », a-t-il tweeté mercredi.

Le président iranien Ebrahim Raïssi (à gauche) accompagné du chef de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran Mohammed Eslami, visitant la centrale nucléaire de Bushehr, en Iran. La photo a été diffusée par la présidence iranienne le 8 octobre 2021.

Même frustration côté français, où l’on regrette l’absence de « clarté » iranienne, un « refus de négocier » et les « faits accomplis sur le terrain qui compliquent encore plus le retour » à l’accord.

Dans ce contexte où le pessimisme semble s’imposer, Yaïr Lapid était venu à Washington pour réclamer au gouvernement Biden un « plan B alternatif ».

Et les Américains, longtemps réticents à évoquer autre chose qu’un retour à l’accord, ont changé de stratégie en évoquant eux-mêmes ouvertement l’hypothèse d’un échec. « Nous sommes réalistes. Nous savons qu’il existe au moins une forte possibilité que l’Iran choisisse une autre voie » qu’un rétablissement de l’accord, a aussi déclaré mercredi l’émissaire américain pour l’Iran, Rob Malley.

Le négociateur américain a annoncé qu’il se rendrait dans les prochains jours en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar pour évoquer notamment les « options » pour « contrôler le programme nucléaire iranien » si les négociations n’aboutissent pas.

« Accords d’Abraham »

Antony Blinken et Yaïr Lapid ont aussi tenu mercredi une réunion à trois avec leur homologue émirati, Cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyane, pour tenter de relancer la dynamique du processus de reconnaissance d’Israël par les pays arabes.

« Nous sommes déterminés à continuer de faire fructifier les efforts du précédent gouvernement pour élargir, au cours des prochaines années, le cercle des pays aux relations normalisées avec Israël », a dit le secrétaire d’État américain.

Ces « accords d’Abraham » de reconnaissance d’Israël avaient été signés en septembre 2020 par les Émirats et Bahreïn, sous l’égide de Donald Trump qui en a fait l’une de ses principales réussites diplomatiques.

Le Maroc avait suivi cet exemple, ainsi que le Soudan.

AFP

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nul n’est plus âne que l’âne lui même

Asher Cohen

La guerre est déjà en cours depuis de nombreuses années entre Israël et l’Iran. Manifestement Israël n’a pas réussi à bloquer ce programme nucléaire et l’Iran continue donc sa progression. On s’achemine vers une guerre totale entre les 2 pays et leurs alliés. Il semble qu’Israël n’attende plus que le feu vert de Washington pour attaquer franchement. L’Iran semble bien soutenue par la Chine et la Russie. On va donc vers une nouvelle confrontation Est-Ouest comme en Juin 1967, avec le retour de la guerre froide entre les grandes puissances. Nous n’avons pas le dessous des cartes ici. Je ne comprends pas pourquoi les Américains ont autant traîné sur le plan diplomatique, autrement que pour gagner du temps, et dans ce cas pourquoi?