L’Irak a peu d’espoir d’un soutien irano-turc effectif contre l’Indépendance kurde -même à travers une guerre de boycott économique

 

Au beau milieu des démonstrations de muscles et du battage des tambours de guerre, l’Irak, la Turquie et l’Iran réfléchissent à deux fois avant de partir en guerre contre la République Kurde du Nord de l’Irak (GRK).

Jusqu’à présent, ils pensent en termes de sanctions économiques, à l’issue du référendum pour l’Indépendance de lundi dernier.

Sur le plan militaire, Bagdad en a très peu fait : samedi 30 septembre, les troupes irakiennes ont été envoyées en Iran et en Turquie pour se poster à leurs frontières avec le Kurdistan.

Vendredi, un blocus aérien irakien a été imposé sur les vols internationaux à destination d’Erbil, la capitale du GRK, à la suite des menaces que l’aviation irakienne abattrait tout avion de ligne transport de passagers tentant d’atterrir surles aéroports d’Erbil ou de Soulaymaniyeh.

Cette seule menace a, effectivement concouru à éclaircir les cieux et aéroports kurdes de tout trafic commercial.

Les Commandants militaires locaux, dont les Kurdes sur place, ont rapporté que les forces irakiennes sont sur le point d’installer des barrages frontaliers tout autour de la République Kurde, parallèles aux postes frontières du GRK, dans l’attente d’une autorisation de Téhéran et Ankara. Les agents des douanes irakiennes imposeraient alors de lourdes taxtes à tout véhicule entrant au Kurdistan.

Des troupes irakiennes prennent position le long des frontières irako-turco-iraniennes afin d’encercler le  Kurdistan et de racketter toute forme de commerce et d’échange avec la république kurde.

Le Premier Ministre irakien Haydar al-Abadi a préparé ce train de mesures, dans un effort afin de contraindre le Président Massoud Barzani du GRK à annuler les résultats de ce référendum, qui lui a donné mandat pour déclarer l’Indépendance du Kurdistan. Et pour faire Sécession à l’égard de l’Irak.

Ses chances de parvenir à réaliser son plan sont maigres, selon les analystes de Debkafile. Barzani est inébranlable. Et même pour réaliser un blocus économique du Kurdistan à grande échelle, Bagdad dépendrait complètement de la pleine collaboration militaire et économique d’Ankara et de Téhéran.

Si al-Abadi décidait de se lancer dans l’option militaire, il exposerait l’Irak à s’enliser dans un conflit ouvert, dans lequel son armée à majorité chiite serait contrainte de faire face aux redoutables forces Peshmergas sunnites. Et pire que cela, ce conflit contiendrait un risque élevé que la milice des YPG kurdes de Syrie ne se joigne à la mêlée en grands nombres. L’armée irakienne ne pourrait alors même pas espérer tenir face à ces forces conjuguées.

Peshmerga kurde. A priori, l’armée irakienne devrait éviter de s’y frotter… 

Tout comme pour une guerre économique lancée à plein régime,là encore l’Irak devrait compter sur l’accord de l’Iran et de la Turquie qu’ils verrouillent entièrement leurs frontières avec le Kurdistan d’Irak et suspendent toute opération d’importation comme d’exportation à l’égard de la république rebelle. La fermeture, par la Turquie, du pipeline pétrolier de Kirkouk, contrôlé par les Kurdes vers sa côte méditerranéenne aurait un haut degré d’efficacité : cela priverait le GRK de 17 milliards de $ de revenu annuel.

D’un autre côté, Ankara serait pris en flagrant-délit de manquant à sa parole, quant au contrat de 50 ans qu’il a signé avec Erbil en 2014 (en pleine opposition frontale contre de Bagdad), au prix élevé de la crédibilité internationale de la Turquie en tant que partenaire commercial, en particulier dans le domaine des énergies. Il est périlleux d’imaginer le Président Recep Tayyip Erdogan prendre un tel risque.

En outre, les enjeux de la participation d’Ankara dans l’industrie de la république kurde et dans d’autres domaines sont prohibitifs. Plus de 4.000 entreprises turques opèrent au GRK, dont beaucoup dans la construction, le ciment et les usines d’aciérie, comptant pour un chiffre d’affaires d’environ 9 milliards de $, qu’Ankara ne peut pas se permettre de sacrifier.

La dépendance de l’Iran à l’égard du Kurdistan irakien est, de la même façon, considérable : de nombreuses entreprises de l’ouest de l’Iran dépendent lourdement des marchés de Soulaymaniyeh dans l’Est du Kurdistan pour leurs exportations, alors que la région achète de nombreux produits à des fournisseurs kurdes.

Pour toutes ces raisons, le front ad hoc mis sur pied par Bagdad, Ankara et Téhéran afin de vaincre la volonté de Barzani et qu’il renonce à son plan d’un Etat du Kurdistan indépendant marche sur des jambes flagellantes (est très précaire). En outre, autant les Etats-Unis que la Russie soutiennent officieusement le GRK et ne vont probablement pas rester les bras croisés, face à des mesures extrémistes contre Erbil. Peu de temps avant le Référendum, le géant énergétique russe Rosneft a signé un contrat de développement des champs pétroliers et gaziers du Kurdistan à Kirkuk, à hauteur d’1 milliard de $.

Il ne tient, à présent, qu’à Barzani de décider comment il veut jouer son atout majeur qu’il a remporté en refusant de se laisser intimider au point d’annuler son référendum. Il peut s’en sortir, s’il la joue posément (en douceur) et s’assoit avec Bagdad, Téhéran et Ankara pour entreprendre des négociations dépassionnées sur l’avenir de la proche région. Mais s’il y va à fond ou monte « sur ses grands chevaux » et déclare l’Indépendance du Kurdistan tout en se séparant brutalement de l’Irak, alors que l’humeur générale est à la colère, le GRK peut se trouver confronté à de sévères sanctions dommageables de la part de ses voisins enragés.

  

Adaptation : Marc Brzustowski

Iraq has slim hope of Iranian-Turkish backing against Kurds – even economic warfare

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