Clint Eastwood est un sale type: il va voter pour Donald Trump. Pas étonnant de la part de celui qui interpréta à cinq reprises ce gros facho violent, raciste, misogyne et renfrogné de Dirty Harry, brandissant sous le nez des racailles de San Francisco son inoxydable 44 Magnum, «le plus puissant soufflant qu’il y ait au monde, un calibre à vous arracher toute la cervelle». Les délinquants, qui le croyaient volontiers sur parole, n’en menaient pas large à l’écran, tandis que les bobos cinéphiles vautrés dans leur fauteuil poussaient des cris d’orfraie épouvantée par cette apologie décomplexée des méthodes policières expéditives et de l’autodéfense. Lâchez un zig pareil au milieu des Nuit Debout, et au bout de cinq minutes, ils vous récureront les graffitis de la statue de la République à la brosse de chiendent et à la lessive Saint-Marc, avant de rentrer bien sagement au bercail.
Il y a quelques jours, la presse française se gargarisait d’annoncer qu’Hollywood avait résolument «choisi son camp» et faisait «bloc contre Donald Trump». Mais l’inspecteur ne renonce jamais. Seul contre tous, telle une facétieuse bille de plomb qui vient enrayer des rotatives trop bien huilées, il tire à bout portant sur le «politiquement correct», fruit d’une «génération de lèche-cul et de couilles molles, qui vous rabâchent qu’on n’a pas le droit de faire ceci ou de dire cela». Et vlan. «Tout le monde marche sur des œufs, on voit des gens se faire traiter de racistes et de toute sorte de trucs. Des choses qui n’étaient pas taxées de racistes lorsque j’étais jeune. Quand j’ai fait Gran Torino, même mon associé m’a dit: ‘C’est un très bon scénario, mais c’est politiquement incorrect’. Alors j’ai répondu: ‘Bien, je vais le lire dès ce soir’. Le lendemain, je le lui ai balancé sur son bureau en lui disant: ‘Nous commençons le tournage immédiatement’», confie-t-il au magazine Esquire, dans une longue interview croisée avec son fils Scott.
Déjà que l’ami Clint est un méchant Républicain, crime difficilement pardonnable aux yeux des médias français s’il n’était un des plus grands cinéastes actuels, mais il aggrave considérablement son cas en saluant le franc parler de Donald Trump, même s’il émet aussi de sérieuses réserves: «Il exprime ses points de vue. Et parfois, ce n’est pas judicieux. Je veux dire, je peux comprendre où il veut en venir, mais je ne suis pas toujours d’accord avec lui. (…) Maintenant, il est considéré comme raciste à cause de ses propos sur un juge: se forger une opinion sur le fait que ce mec est né de parents mexicains, c’était stupide. Il a dit beaucoup d’idioties, comme tous les candidats, des deux côtés. Mais les médias en font tout un pataquès, putain, passez à autre chose».
Le coup de grâce est asséné à Hillary Clinton: «Elle s’est fait beaucoup de fric en devenant femme politique. Moi j’ai laissé tomber le fric pour faire de la politique» (il fut maire de Carmel en Californie de 1986 à 1988). Et si, entre elle et Trump, le choix s’avère cornélien, il n’optera pas pour celle qui a déclaré vouloir «suivre la ligne d’Obama».
C’en est trop pour une certaine presse hexagonale – et pour la twittosphère moralisatrice -, qui insinue que l’acteur est un «vieux réac» ou que «la vieillesse est un naufrage», met en doute la «logique de ses raisonnements» et diagnostique que «les années commencent à faire leur effet», entre autres crises de gérontophobie rance. C’est tout juste si on ne le dit pas sénile, alors que l’interviewer d’Esquire, à l’inverse, vante sa «vitalité» et lui demande comment il fait pour rester «si jeune et créatif à 86 ans». Cherchez l’erreur. Dans leur ensemble, les revues étrangères ne fustigent pas les positions d’Eastwood. En France, bien évidemment, son soutien par défaut à Trump et son rejet d’Obama sont mis en exergue et implicitement critiqués.
S’il avait été Démocrate, probablement aurions-nous eu l’honneur du passage où il raconte qu’il nourrit un écureuil en déposant des noix sur le pas de sa porte (en plus, ça fait écolo), mais là, on zappe direct, des fois que ça nous rendrait le personnage un chouia sympathique. Il en résulte un détournement caricatural voire manichéen d’un entretien qui, pris dans sa globalité, évoque avec justesse les maux de notre époque et rappelle des principes simples trop souvent dédaignés: la nécessité d’inculquer le goût du travail ; l’idée qu’on n’a rien sans rien ; le respect des autres: «Au lieu d’insulter tout le monde, commencer par être un peu plus compréhensif».
Quoi qu’on pense de Donald Trump, quelle que soit la sidération que puissent inspirer certains de ses discours, les railleries sur la prétendue «vieillesse» de Clint Eastwood sont parfaitement odieuses et ne font que confirmer ce qu’il dénonce. On souhaite à ses détracteurs d’être animés du même talent et du même panache, à 86 ans, que celui qui signa tant de chefs-d’œuvre scrutant toute la complexité des hommes, tels Mystic River, Impitoyable, Honky Tonk Man, Bird, Un monde parfait, ou plus récemment American Sniper, étiqueté «ode à la guerre» ou «propagande militaire» par les rabat-joie de service. Mais comme il le dit si bien: «the people that think they know the most know the least.»*
* Ce sont ceux qui croient en savoir le plus qui en savent le moins.
Eloïse Lenesley
comme les elephants ca trump pas au moins il sera pas a la botte des donateurs comme les obama ou hollande and co hilary sera soumise au coups tordus de la gauche americaine qui ne vaut pas mieux que les hollandiens et melanchoniens de bas accabits
L education aujourd hui , c est la tele et autres merdias , l ecole est atteinte par une ideologie du renoncement
l’art de dire une belle phrase dans un lyrisme a la francaise pour ne rien dire bel exercice de style Mr jean coince du genou
Parce qu’il y en a qui s’intéressent encore à ce qu’écrivent les lêche-cul de Libé ou les couilles molles de Télérama ? Incroyable…