LILY PASTRÉ : UNE JUSTE DES NATIONS OUBLIÉE ?

Lily Pastré, de son vrai nom Marie-Louise Double de Saint-Lambert (1891-1974) , comtesse Pastré, était une mécène marseillaise, protectrice des arts et des artistes.

Elle extrêmement riche car elle était l’héritière de la fortune du vermouth Noilly Prat. Elle grandit à Marseille, élevée dans le culte catholique2. Enfant, elle pratiqua le tennis et la natation, et apprend à jouer du piano.

Elle fut une immense philanthrope et, pendant l’Occupation, permit à de nombreux artistes de donner presque quotidiennement des représentations dans son château de Montredon à côté de Marseille où elle abrita de nombreux musiciens juifs comme la harpiste Lily Laskine, et les immenses pianistes Youra Guller, Monique Haas, Nathalie Grunberg et surtout Clara Haskil.

Parmi les musiciens qui avaient trouvé refuge au château de Montredon il y eut aussi Norbert Glanzberg qui fut l’auteur des plus grands succès d’Édith Piaf (Pa-dam,P-dam, Mon manège à moi..) et de musiques de films à Hollywood.

Pour la sauvegarde de Clara Haskil qui connut à Marseille de graves difficultés de santé, sa promptitude et l’ampleur de ses moyens financiers furent déterminants. En avril 1942, la pianiste se plaignait de violents maux de tête ; elle avait le sentiment de perdre la vue. Lily Pastré se met en quête d’un spécialiste.

La chance veut qu’elle rencontre un médecin de grand talent, Jean Hamburger (futur membre de l’Académie française et futur père du chanteur Michel Berger) qui faisait partie du réseau des résistants du musée de l’Homme et qui était venu se cacher à Marseille. Le jeune réfugié diagnostique chez Clara une tumeur de l’hypophyse qui coince son nerf optique et peut la rendre aveugle.

Une opération d’urgence est nécessaire, la comtesse Pastré accepte immédiatement d’en assumer la totalité des frais. Jean Hamburger demande qu’un chirurgien vienne de Paris. Clara Haskil subit une anesthésie locale, trente piqures de cocaïne sont nécessaires : la musicienne restera consciente pendant toute sa trépanation à l’Hôtel-Dieu, le 29 mai. Après quoi, en pleine convalescence, elle participe en juillet à un festival Mozart programmé à Montredon.

L’orchestre est dirigé par Félix Raugel. Ses auditeurs se souviennent de l’apparition d’une personne pâle et voûtée qui s’avance lentement devant les projecteurs : elle a 50 ans, son visage est entouré de pansements qui dissimulent ses plaies et son crâne rasé.

Laure Kressmann rapporte que « lorsque ses doigts touchent le clavier, malgré son apparence chétive et fragile, elle dégage une énergie et un rayonnement insoupçonnables ».

Soit dit en passant, nombre de musiciens ont affirmé que le toucher arachnéen de Clara Haskil rappelait celui de Chopin (dont la main avait une morphologie très particulière) ce qui lui permettait de faire merveille lorsqu’elle jouait Mozart.

Quelques semaines plus tard, Lily Pastré obtint pour elle un visa qui lui permet de rejoindre la Suisse ; elle reprendra des forces dans la maison de son ami Charlie Chaplin.

Juste après-guerre, elle fut une des instigatrices et mécènes du Festival d’Aix-en-Provence, dont la première édition a lieu en 1948. Elle loue pour un montant symbolique une parcelle de sa propriété à l’abbé Pierre au bénéfice des compagnons d’Emmaüs qui y résident encore à ce jour.

On a régulièrement donné de grands concerts de variétés et de musique classique dans le château de Montredon.

Une exposition, « Le salon de Lily », s’est tenu à l’été 2013 à Aix-en-Provence en hommage à Lily Pastré et aux artistes qu’elle a hébergés. On peut y voir entre autres de nombreux dessins et tableaux du peintre tchèque exilé Rudolf Kundera, qui a été son hôte, des dessins de Christian Bérard pour les costumes du Songe d’une nuit d’été et des portraits de Boris Kochno, qui a échangé avec elle une longue correspondance.

Il est vraiment étonnant que le mémorial de Yad Vashem n’ait pas décerné à cette grande dame le titre de Juste des nations.

Par JForum (Facebook)

Lily Pastré

 


Le château de Montredon

 

 


Georges Auric et les pianistes Youra Guller et Clara Haskil au châteu de Montredon.  

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