POLITIQUE – Ça y est, le grand débat est (presque) lancé. Même s’il en donnera officiellement le coup d’envoi lors d’un déplacement mardi en Normandie, Emmanuel Macron a livré un prologue ce dimanche 13 janvier avec une lettre aux Français, dont il avait parlé lors de ses vœux du 31 décembre (et que vous pouvez lire en intégralité en fin d’article).

On n’y trouve rien de spectaculaire, ni aveu de responsabilité ou véritable annonce.

C’est Édouard Philippe qui est chargé d’en dire plus ce lundi sur les conditions d’organisation de la consultation et notamment le nom des personnalités qui seront chargées de la piloter après le renoncement de Chantal Jouanno.

Dans ces quelques pages, le président de la République explique surtout pourquoi il a proposé une telle initiative et il incite les Français à y participer.

« Je souhaite que le plus grand nombre d’entre vous puisse participer à ce grand débat afin de faire oeuvre utile pour l’avenir de notre pays », conclut-il cette lettre dont on peut retenir cinq éléments principaux.

Une condition: la non-violence

Deux jours après un acte IX qui a consacré un regain de la mobilisation des gilets jaunes, Emmanuel Macron juge indispensable « que les espérances dominent les peurs ».

Partageant « l’impatience » de ceux qui « voudraient un pays plus prospère et une société plus juste », il pose une condition: la non-violence.

« Si tout le monde agresse tout le monde, la société se défait », écrit le chef de l’État qui cite notamment les agressions commises contre les élus, les journalistes et les fonctionnaires.

Quatre thèmes, et plus si affinité…

Comme annoncé depuis plusieurs semaines, et même s’il a été tenté en décembre de faire de l’immigration et de l’identité un sujet à part, Emmanuel Macron confirme que le grand débat portera en priorité sur quatre thématiques: « la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté ».

Mais le chef de l’État -dans la lignée de ce que lui préconisait Chantal Jouanno quand elle devait encore piloter la consultation- ne ferme aucune porte.

A deux reprises, il invite les Français à parler librement. « Pour moi, il n’y a pas de questions interdites », dit-il au début de sa lettre. Puis juste avant de conclure, il ajoute: « Je souhaite aussi que vous puissiez évoquer n’importe quel sujet concret dont vous auriez l’impression qu’il pourrait améliorer votre existence au quotidien. »

Il n’évoque bien sûr ni la peine de mort, le mariage pour tous ou l’IVG mais contrairement à ses ministres qui ne voulaient pas en entendre parler, il semble plus ouvert. Rien n’indique cependant qu’il en tiendra compte au final.

Pas touche à l’ISF

S’il veut un débat libre, y compris sur la question de la fiscalité, Emmanuel Macron n’est pas prêt à tous les revirements.

« Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle », écrit-il dans un préambule général avant d’aborder plus spécifiquement l’ISF que les gilets jaunes aimeraient voir rétablir.

Sur ce point, le chef de l’Etat leur adresse très formellement une fin de non-recevoir.

« Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises afin d’encourager l’investissement », assure le président de la République.

Il confirme seulement que le Parlement évaluera dans les prochains mois l’efficacité de la transformation de l’ISF en IFI, un impôt qui touche uniquement le patrimoine.

Dans le grand débat, il préfère poser les questions suivantes: « Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace? Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ? »

Des débats explosifs sont lancés

Pour chaque thème, Emmanuel Macron propose en effet quelques questions qui lui « semblent au coeur de nos interrogations » même si elles « n’épuisent pas le débat ».

Mais à plusieurs reprises, les sujets qu’il aborde pourraient bien nourrir quelques craintes dans les rangs de l’opposition. « Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité », demande-t-il par exemple laissant planer le doute sur ses intentions.

« Faut-il rendre le vote obligatoire », écrit-il aussi quelques semaines après avoir lancé le débat sur le vote blanc.

Le chef de l’Etat se pose aussi la question du tirage au sort des citoyens pour les associer à la décision publique.

Il évoque aussi indirectement le référendum d’initiative citoyenne (RIC) en demandant s’il « faut-il accroître le recours aux référendums et qui doit en avoir l’initiative ».

Son interrogation autour d’éventuels quotas d’immigration votés chaque année au Parlement rappelle quant à elle une mesure chère à la droite.

Et quand il pose la question du nombre d’échelons de collectivités locales, on se demande s’il ne veut pas rouvrir le dossier de la fusion des départements ou des régions.

Idem quand il parle d’une éventuelle transformation du Sénat et du Cese, on ne peut s’empêcher de penser aux gilets jaunes qui souhaitent la suppression de la chambre haute du Parlement.

Rendez-vous en avril

En guise de conclusion, Emmanuel Macron ne prend aucun engagement sur la manière dont il tiendra compte de ces deux mois de débat même s’il précise que les « propositions permettront de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l’action du gouvernement et du Parlement mais aussi les positions de la France au niveau européen et international ».

Ensuite, le président de la République s’engage seulement à « en rendre compte directement dans le mois qui suivra la fin du débat ». Ce point final est annoncé pour le 15 mars.

La « Lettre aux Français » d’Emmanuel Macron by LeHuffPost01 on Scribd

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Rosa SAHSAN

Evoquer tous les sujets! d’accord
Il ne faut pas parler de l’immigration
Il ne faut pas parler de l’antisémitisme
Donc il ne faut pas parler des sujets qui fâchent
ROSA

marc

Ce président est un incapable
Il a échoué sur tous les plans économique, politique
social, sécuritaire………
Ce n’st pas une lettre pour un grand débat qu’il doit adressé aux Francais
Mais une lettre d’excuses accompagné de sa lettre de démission