Polémique autour d’un document qui laisse entendre que le Liban a reconnu Israël.

  • Un militant a affirmé à Arab News : «Le document de l’ONU est indéniablement clair ; le Liban a reconnu l’État d’Israël, et le rôle du Hezbollah est limité à la protection des frontières communes »
  • Aoun et l’ancien Premier ministre israélien Yair Lapid ont signé deux lettres distinctes approuvant le texte de l’accord

Une controverse est apparue au Liban vendredi après qu’un document sur la démarcation des frontières maritimes laissait entendre que le pays avait reconnu l’État voisin d’Israël. Des pourparlers sont en cours entre le Liban et Israël depuis un certain temps, dans un contexte de tensions politiques plus élargies, les deux pays étant techniquement en état de guerre.

Les possibilités d’un dégel des relations ont également été entravées par l’influence de factions fortement anti-israéliennes dans la politique libanaise, en particulier celle du Hezbollah affilié à l’Iran.

Le document en question, enregistré sous le n°71836 et publié sur le site officiel de l’ONU, indique que « le secrétaire général des Nations unies certifie par la présente que l’accord international suivant a été enregistré auprès du secrétariat conformément à l’article 102 de la charte des Nations unies […] constituant un accord maritime entre l’État d’Israël et la République libanaise (avec les lettres, 18 oct. 2020) Jérusalem, 27 oct. 2020 et Baabda 27 oct. 2022».

De nombreux Libanais ont critiqué sur les réseaux sociaux l’ancien président libanais Michel Aoun et le Hezbollah après la publication du document, affirmant qu’il prouvait que l’accord maritime équivalait à un traité de reconnaissance de l’État israélien.

Un militant a affirmé à Arab News sous couvert d’anonymat : « Le document de l’ONU est indéniablement clair ; le Liban a reconnu l’État d’Israël et le rôle du Hezbollah est limité à la protection des frontières communes. » La frontière maritime entre les deux pays a été décrite comme « historique » par certains, nécessitant de longues négociations, avec la médiation des États-Unis.

Sa signature a été hâtée par la crise politique et économique qui a submergé ces dernières années le Liban, ce qui a accru le besoin de Beyrouth d’accélérer l’exploration pétrolière et gazière dans ses eaux territoriales, tout comme Israël a commencé à extraire du pétrole et du gaz du champ contesté de Karish qui se trouve entre les deux pays.

Aoun et l’ancien Premier ministre israélien Yair Lapid ont signé deux lettres distinctes approuvant le texte de l’accord. Au siège de l’ONU à Naqoura, à la frontière libano-israélienne, les lettres ont été remises au médiateur américain, Amos Hochstein, sans poignée de main entre les représentants des deux parties.

L’accord accordait au Liban le champ de Qana, qui est partagé en partie avec Israël, à condition que l’entreprise énergétique française TotalEnergie, étant donné les droits de forage, verse une partie des revenus qui en résultent à Israël. Israël a obtenu le champ de Karish dans son intégralité.

À cette époque, Lapid avait déclaré que l’accord de démarcation des frontières était un succès diplomatique et économique, mentionnant spécifiquement la reconnaissance d’Israël par le Liban. « C’est un succès politique, car ce n’est pas tous les jours qu’un pays ennemi reconnaît l’État d’Israël, par un accord écrit et devant l’ensemble de la communauté internationale », a-t-il déclaré.

Toute reconnaissance d’Israël avait alors été niée par le Liban, mais cette affirmation est désormais remise en question.

« Le Liban, à travers l’accord de démarcation de la frontière maritime, a reconnu l’existence de l’État d’Israël », a déclaré à Arab News Muhannad Haj Ali, chercheur au Carnegie Middle East Center.

« Le Liban a échangé la carte de la reconnaissance contre la stabilité à la frontière sud, et la possibilité de bénéficier de la richesse gazière. Cette carte particulière était auparavant cruciale dans les négociations arabo-israéliennes », a-t-il ajouté.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé que l’accord était une grande victoire pour le Liban, l’État, le peuple et la résistance. « Les circonstances dans lesquelles l’accord a été signé sont la preuve qu’aucune normalisation n’est possible », a-t-il indiqué.

Lors des négociations avec Israël, Nasrallah avait menacé d’utiliser la force contre l’exploration israélienne du champ de Karish. Après avoir signé l’accord, il a précisé : « En ce qui concerne la résistance, sa mission est terminée. Toutes les mesures exceptionnelles que la résistance avait prises sont désormais terminées. »

JForum.fr AFP

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